Moussa Mariko dit Balla, lauréat du prix de «la nuit du mérite à Bruxelles» : «La jeunesse malienne à le devoir de redresser ce pays»

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Notre compatriote Moussa Mariko dit Balla est l’un des lauréats de la première édition de «La Nuit du Mérite, Bruxelles 2014», organisée par YAMBI Développement. Il a reçu sa distinction le 11 octobre denier dans la capitale Belge. Pour les observateurs, il s’agit là de la juste récompense de son engagement, de 1990 à nos jours, à défendre la cause du Mali, la démocratie, la justice et l’égalité dans ce pays. Jeune entrepreneur évoluant entre le Mali et l’Europe, Moussa dit Balla Mariko s’est confié à nous pour évoquer cette distinction, ses craintes et espoir par rapport à l’avenir du Mali. Interview !

Que peut-on ressentir à recevant une telle distinction ?

Balla : Ce fut une grande émotion et une grande fierté pour moi de recevoir cette distinction.

Qu’est-ce que cette distinction représente pour un jeune leader comme vous ?

C’est un véritable challenge pour moi. Maintenant que je passe de l’ombre à la lumière, je dois persévérer et m’imposer plus de rigueur dans le travail. J’ai foi en avenir !

Comment avez-vous été sélectionné pour ce prix ?

C’est courant septembre dernier, lorsque j’étais à Bamako, que j’ai été contacté par un membre de l’organisation. Il m’a demandé de leur envoyer par mail mon parcours associatif. C’est à mon retour à Bruxelles que j’ai été informé de la bonne nouvelle.

D’après vous, qu’est-ce qui a finalement influencé le choix du jury ?

Je pense que les deux dons que j’ai faits à la pouponnière à Bamako ont pesé dans la balance. D’ailleurs, je dédie ce trophée à la Pouponnière de Bamako, à l’Association Solidaris223 et à tous ceux et toutes celles qui sont à mes côtés pour venir en aide aux enfants démunis de notre pays.

En tant qu’activiste de la paix, quelles sont vos attentes au sujet des pourparlers d’Alger ?

Je n’attends pas grand-chose de ces pourparlers étant donné que nous y allons en position de faiblesse après les événements de Kidal en mai dernier. Une déroute militaire qui, malheureusement, a versé une douche froide sur les Maliens.

Pensez-vous que ces pourparlers peuvent réellement ramener la paix au Mali ?

La paix au Mali passe d’abord par la paix entre les pères de la nation malienne… Nous avons la chance d’avoir encore en vie tous nos anciens chefs d’Etat (à l’exception de Modibo Kéita, le père de l’indépendance décédé le 16 mai 1977, NDLR) et mon souhait est qu’ils se donnent la main et laissent leurs différents de côté pour l’intérêt du Mali… Je souhaite que les leaders religieux et les griots, les maîtres de la parole, redoublent d’effort pour les réconcilier.

Est-ce qu’un accord avec les groupes armés peut réellement ramener la paix au Mali ?

De toute façon nous ne savons plus qui est qui dans cette histoire… Est-ce que ceux qui sont à Ouagadougou -côté rebelle- sont les vrais représentants des groupes armés. En tout cas, les récentes attaques contre la Minusma laissent perplexe et m’amènent à intimement croire que la solution à la crise du nord est exclusivement militaire comme nous l’avons vu au Congo (République Démocratique du Congo) avec le M23.

En dehors de ces pourparlers, quelle doit être la contribution de la jeunesse à la réconciliation et à la reconstruction du Mali ?

La jeunesse malienne est très dynamique, mais elle doit être vigilante car l’avenir d’un pays c’est sa jeunesse. Nous avons le devoir de redresser ce pays. Et comme l’a dit Thomas Sankara, «honte à celui qui ne fait pas mieux que son père» !

Franchement, comment voyez-vous l’avenir du Mali dans les années à venir ?

Je suis pessimiste quant à l’évolution et à l’avenir de mon pays. La corruption s’est institutionnalisée avec des scandales financiers à répétition, des mauvais choix politiques, et des dépenses inutiles qui, en aucune manière, ne contribuent au développement socio-économique de cette nation. Il est temps pour nous de prendre notre pays au sérieux et à nous engager résolument à le mettre sur les rails du progrès au bénéfice de tous !

On vous a aussi récemment vu dans l’humanitaire il y a quelques semaines, notamment à la Pouponnière de Bamako. Qu’est-ce qui a motivé cet élan de solidarité ?

Effectivement, nous avons fait deux dons au niveau de la pouponnière et d’autres actions sont en cours de préparation pour le nouvel an dans plusieurs orphelinats du pays. L’opération va s’appeler «Un enfant, un sourire». Il faut préciser que, avec des amis, nous avons décidé de créer une association dénommée «SOLIDARIS223» afin d’agir efficacement auprès des plus démunis de notre pays. Cette opération figure donc dans le Plan d’actions de ladite association.

Qu’attendez-vous des jeunes cadres dans ce sens ?

C’est un devoir moral pour les jeunes cadres que de s’investir dans les actions humanitaires. Nous avons l’obligation de créer un ascenseur social dans notre pays !

Quel appel lancez-vous à la jeunesse malienne ?

Je demande à la jeunesse malienne de rester mobilisée pour la cause des enfants qui sont l’avenir du pays… Le chantier est vaste et colossal, mais, avec la détermination, nous arriverons à atteindre notre objectif, à concrétiser nos ambitions de bâtir un Mali digne des futures générations !

Propos recueillis par Moussa BOLLY

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