Il a été primé pour la simplicité de son écriture qui ouvre plus largement les portes du réel et grandit l’être humain.
Le prix Nobel de Littérature 2011 décerné hier au Suédois Tomas Tranströmer récompense un poète de 80 ans pour la simplicité de son écriture qui ouvre plus largement les portes du réel et grandit l’être humain. Tranströmer, psychologue de formation, est récompensé “car, par des images denses, limpides, il nous donne un nouvel accès au réel”, selon l’Académie. “Il parle de la mort, de l’histoire et de la mémoire qui nous regardent, nous façonnent et nous rendent importants. On ne peut jamais se sentir petit après avoir lu la poésie de Tranströmer”, a commenté le secrétaire de l’Acédémie suédoise Peter Englund. Victime d’un accident vasculaire cérébral (AVC) en 1990, le lauréat bénéficie de l’assistance de son épouse Monica qui porte sa parole depuis des années, répondant parfois à sa place ou l’interrompant même, comme pour abréger ses difficultés.
Tomas Tranströmer est le septième Suédois récompensé d’un Nobel de Littérature et le premier poète depuis la Polonaise Wislawa Szymborska en 1996. “La plupart des recueils de poésie de Tranströmer sont empreints d’économie, d’une qualité concrète et de métaphores expressives”, explique l’Académie. Bien que n’étant “pas un auteur prolifique”, Tranströmer était déjà le plus connu des poètes scandinaves et la simplicité et l’expressivité de ses poèmes ont permis une traduction de son œuvre dans plus de 60 langues, selon Englund. Son œuvre, qui a commencé par des poèmes traditionnels sur la nature, s’est peu à peu assombrie, elle est devenue plus personnelle et plus libre, à la recherche de la transcendance et de la compréhension de l’inconnu.
Dans ses derniers recueils, et notamment l’ultime paru en 2004 et qui regroupe 45 haïkus, ces petits poèmes d’origine japonaise extrêmement brefs visant à traduire l’évanescence des choses, il “tend à un format encore moindre et à un degré encore plus grand de concentration”, explique l’Académie suédoise. Englund a souligné que “cela faisait 40 ans qu’un Suédois n’avait pas gagné” et que Tranströmer “était pressenti chaque année depuis 1993”. En 1974, l’Académie suédoise avait partagé, fait très rare, le Nobel de littérature entre deux auteurs suédois, Eyvind Johnson et Harry Martinson. Né le 15 avril 1931 à Stockholm, Tomas Tranströmer a été élevé par sa mère après le départ, très tôt, de son père. Ayant obtenu son diplôme de psychologie en 1956, il a été embauché à l’Institut psychotechnique de l’université de Stockholm, avant de s’occuper en 1960 de jeunes délinquants dans un institut spécialisé. Tout en édifiant une riche œuvre poétique, il a travaillé avec des handicapés, des condamnés et des toxicomanes.
Tomas Tranströmer, qui succède au romancier hispano-péruvien Mario Vargas Llosa, recevra son prix, et notamment un chèque de 10 millions de couronnes (1,08 million d’euros), le 10 décembre lors d’une cérémonie officielle à Stockholm. Le prix de littérature est le quatrième Nobel annoncé depuis lundi, après la médecine, la physique et la chimie. Il sera suivi aujourd’hui par l’annonce du prix Nobel de la paix à Oslo, puis du prix de l’économie lundi à Stockholm.
vendredi 7 octobre 2011