La cérémonie de remise de la médaille dorée à ATT le samedi 05 février dernier devait initialement être mise à profit pour solliciter le récipiendaire à prolonger son mandat. Il y a eu malheureusement ce grain de sable… «Je suis étonné de voir discuter de mon sort sans moi»…
Contrairement à l’idée selon laquelle les événements en Afrique du Nord Est et au Maghreb auraient incité le président Amadou Toumani à rejeter toute velléité d’un prolongement de mandat, il nous revient, de très bonnes sources, que c’est plutôt le souci de mettre fin à la propagande de certains de ses proches pour ce faire.
En clair, informé avant l’heure de la décision de ses « amis » de solliciter une prolongation de mandat, il aurait décidé de briser l’élan. Une manière de tuer le mal dans l’œuf. L’on comprend mieux en ce moment, les déclarations de l’interviewé : «Je suis même étonné de voir discuter de mon sort sans moi ».
C’est la cérémonie de distinction du samedi dernier qui, selon nos sources, aurait servi de cadre à l’opération. Il nous revient en effet que les initiateurs avaient projeté de lancer leur fameux appel au président sortant. Le premier argument était naturellement l’harmonisation des mandats ; un prétexte qui, soit dit en passant, ne résiste pas à l’analyse. Et pour cause, les mandats, quand bien même harmonisés pourraient éventuellement subir des décalages entre eux suite à des cas de vacances de postes par décès, démission ou autre, d’élus ou de présidents d’institution.
En la matière, la loi prévoit l’organisation d’élections partielles dans un délai approprié qui ne saurait être harmonisé avec les autres mandats en cours. En clair, l’argutie consistant à demander une prolongation de mandat sur la base de l’harmonisation n’avait aucune chance de passer.
Les initiateurs avaient cependant plus d’un tour dans leur sac. L’autre stratégie consistait à faire prévaloir l’évènement d’une Nouvelle République suite à la reforme constitutionnelle en cours. En clair, puisque c’est sur la base d’une suspension, dissolution ou de profondes modifications de la loi fondamentale, que l’on parle de nouvelle république, les adeptes d’une prolongation de mandat, parmi eux des constitutionnalistes, s’étaient déjà engagés à défendre la légitimité d’une candidature du président sortant dans le contexte de la 4ème République. Ils devraient faire prévaloir la non-rétroactivité de la loi dans la mesure où l’article 34 de l’actuelle constitution qui limite le mandat à deux non renouvelables, relèverait désormais du passé dans le contexte d’une 4ème République. Les perspectives seraient alors ouvertes à tous, Alpha Oumar Konaré y compris.
Tous ces stratagèmes (qu’on imagine désormais rangés dans les tiroirs) devraient être mis en pratique après la cérémonie du samedi dernier, à condition que l’appelé se montre quelque peu favorable à l’idée.
N’étant nullement disposé à suivre les vendeurs de chimères dans leur logique, il a décidé d’anticiper en rappelant une fois de plus qu’il restait fidele à ses engagements. Et patatras !
Que faire maintenant de la médaille ? La lui remettre malgré tout ! Il fallait cependant changer les termes de référence du discours initialement prévu pour la circonstance.
Refuser donc de prendre la médaille après avoir décliné l’offre sournoise de prolonger son mandat aurait été certainement de trop. « J’accepte la médaille par honneur. Je la remets à qui de droit et je refuse de me soumettre à votre demande ». C’est en ces termes imagés que l’on peut lire les faits. Vu sous ce prisme, l’homme ne serait pas blâmable, lui qui a horreur d’humilier son prochain.
Il s’agit, en tout état de cause d’un coup dur pour les initiateurs de l’opération qui ont pensé, une fois de plus, pouvoir manipuler le plus grand stratège que le Mali n’ait eu à sa tête. Aussi, il parait que l’or est un métal maudit. S’n encombrer à la fin de son mandat n’aurait pas été de bon augure.
B. Diarrassouba
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