APA-Bamako (Mali) – Le photographe Malick Sidibé, que les critiques internationaux considèrent comme l’un des plus talentueux chasseurs d’images de l’époque contemporaine, tarde à bénéficier d’une reconnaissance officielle de son pays natal, le Mali.
Pas une médaille, ni insigne honorifique d’importance n’a encore honoré l’homme dont l’œuvre passe, pourtant, pour le plus grand apport de l’Afrique à la promotion de l’art photographique mondial.
« J’attends toujours », affirme simplement Malick Sidibé que de nombreux amis viennent quotidiennement féliciter pour le « Lion d’or » que lui a attribué, le 10 juin dernier, la 52ème Biennale d’art contemporain de Venise.
Décerné pour la première fois à un Africain, le trophée est destiné à couronner l’ensemble de la carrière du septuagénaire qu’un « pur hasard » a fait « tomber » dans la photographie, un jour du début des années 50.
« En 1951, j’étais élève à Bougouni (160 km au sud de Bamako) lorsqu’un administrateur colonial à qui l’on avait parlé de mon talent de dessinateur, m’aida à m’inscrire à l’Ecole des Artisans Soudanais (aujourd’hui Institut National des Arts) où je me spécialisa plutôt en bijouterie », raconte Malick.
Désigné par l’école pour décorer le nouvel studio ‘’Photo Service’’ du Français Gérard Guillat, Malick choisit d’y rester comme apprenti photographe avant de pouvoir s’envoler de ses propres ailes, en 1955.
Sillonnant dès lors baptêmes, mariages, pique-niques et soirées dansantes des jeunes branchés de la capitale malienne, il se voua exclusivement au portrait, la discipline photographique la plus lucrative de l’époque.
Il en résulta, pour lui, des milliers de « négatifs », soigneusement conservés, qui sont aujourd’hui autant de témoignages de la vie, des mœurs et de la mode vestimentaire pratiquée par les jeunes Africains des années 50 et 60.
Photographe émérite, Malick ne fut cependant révélé au grand public qu’à la faveur de la première édition des « Rencontres de la photographie africaine » qu’abrita la capitale malienne en 1994.
Lors de cette manifestation biennale, le large succès remporté par ses photos lui fit connaître les gourous de l’art en même qu’il lui ouvre les portes des plus grands musées et galeries d’exposition d’Europe.
L’artiste malien, aujourd’hui âgé de 73 ans, est lauréat de nombreuses distinctions internationales dont le « Prix Hasselblad », décroché en 2003 et le « Prix international de l’image fixe » que lui a décernée, en 2005, la Fondation suédoise. Il partage son temps entre son studio photo du quartier populaire de Bagadadji, à Bamako, où il s’adonne de temps à autre à la réparation d’appareils photos et son foyer qui se compose de quatre épouses et d’une partie de ses quatorze enfants.
AT/od/APA
19-06-2007
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