Doté d’une médaille, d’un diplôme et d’une enveloppe financière de dix mille euros (6,5 millions de francs CFA environ), le prix Kéba M’baye, décerné tous les deux ans à un lauréat, récompense ‘un comportement hautement éthique’, selon la Fondation Kéba Mbaye. Pour la première édition, le président de la République du Mali, Amadou Toumani Touré, a été distingué par le jury en raison de ‘son engagement pour la paix et le dialogue et de ses actions en faveur de l’enfance déshéritée’ à travers une cérémonie mémorable.
C’est dans le Grand Théâtre du Sénégal, une salle de 1800 places inaugurée la veille, vendredi, que le président ATT a reçu sa distinction, des mains du président de la République du Sénégal, Abdoulaye Wade. Auparavant, le président d’honneur de la Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH), Me Sidiki Kaba, en tant que membre de la Fondation Kéba M’baye, a été chargé de présenter le récipiendaire, ATT. Il le fera avec brio. Il connaît parfaitement bien le Mali et son éloquence d’avocat a fait le reste. Un documentaire réalisé par l’ORTM, sur demande de la RTS du Sénégal, a été projeté dans la salle. Les images retraçaient le parcours politique du président ATT, en mettant l’accent sur ses réalisations. Le commentaire du directeur de la télévision nationale de l’ORTM, Manga Dembélé, avait fini de convaincre l’assistance qui applaudissait à tout rompre.
Me Abdoulaye Wade, à son tour, a rendu un hommage public et solennel au président ATT, qu’il a qualifié d'”un homme remarquable et remarqué pour ses qualités extraordinaires qu’il a manifestées durant toute sa vie”. Il faut rappeler que la cérémonie a permis de revisiter les liens entre le Sénégal et le Mali, “un seul peuple dans deux Etats ” comme l’a si bien dit Abdoulaye Wade, qui a aussi rendu hommage au parrain du Prix, rappelant que lui et Kéba Mbaye étaient liés “par cet amour du droit”‘.
En effet, le président Wade a rappelé de grands moments de la vie de Kéba Mbaye, dont sa démission du poste de premier président de la Cour constitutionnelle en 1993, lorsque la Commission chargée de décompter les voies était bloquée et s’en est référée à la Cour constitutionnelle. On dit même qu’on a cherché à faire valider de faux résultats par la Cour constitutionnelle. Ce que Kéba Mbaye avait refusé, préférant poser sa démission sur le dossier, à la place de sa signature très convoitée.
Pour Abdoulaye Wade, c’est encore la confirmation du sens de l’éthique chez ce magistrat émérite : il a préféré démissionner sans déclaration fracassante, pour partir sur la pointe des pieds. Me Wade a encouragé les membres de la Fondation à ” chercher des vertueux dans toutes les professions “. Selon le président du Sénégal, cela amènera beaucoup de personnes “à s’arrêter et à réfléchir “, surtout que, pour lui : “Kéba Mbaye est et doit rester un modèle pour la jeunesse “.
Feu Kéba Mbaye, rédacteur de la charte africaine des droits de l’homme et des peuples et des actes de l’Organisation pour l’harmonisation du droit des affaires en Afrique (OHADA), a été président du Conseil constitutionnel du Sénégal, juge au Tribunal international de la Haye (Hollande) et président du Tribunal arbitral des sports (TAS).
Signe prémonitoire, il a animé un cours magistral à l’université de Dakar, dont le thème était l’éthique. Ce jour-là, il disait : “Et un jour viendra où peut-être je ne serai plus-là. Vous direz et pourtant Kéba M’baye l’avait dit… “. N’est-ce pas ce qui s’est passé hier lors de la remise du prix qui porte son nom? Concernant la distinction, ATT a déclaré : ” Je puis vous dire, que dans ma vie de soldat et d’homme d’Etat, j’ai collectionné des lauriers de toutes natures, mais ce Prix Kéba MBAYE occupera une place particulière dans la galerie des honneurs faits à ma personne”.
Comme a son habitude, il a pensé à ses amis les enfants du Sénégal et du Mali à qui il a légué l’enveloppe financière qui accompagne le Prix Kéba Mbaye, soit 6,5 millions FCFA partagés entre les enfants des deux pays pour participer au renforcement de leurs soins de santé ou servir à autre chose dans les jardins d’enfants..
Il faut rappeler que Kéba M’baye, natif de Kaolack, avait épousé une femme de Ségou. Un renforcement des liens historiques entre le Sénégal et le Mali dont l’histoire commune a été évoquée à l’occasion. Et c’st donc tout naturellement que les organisateurs ont choisi de faire appel au virtuose du ngoni, le Malien Bassékou Kouyaté accompagné de son épouse, Amy Sacko, pour animer la manifestation. Abdoulaye Wade, séduit par le talent de Bassékou, a tenu à venir vers Bassékou pour lui exprimer personnellement son admiration. Il en a profité pour observer de près le ngoni de l’artiste.
De toute façon, le président sénégalais a laissé éclater sa joie de voir ATT recevoir cette distinction, en affirmant que ” la communauté sénégalo-malienne doit être fière de Kéba Mbaye et de ATT “. Joignant l’acte à la parole, le président Wade a offert, séance tenante, deux camions frigorifiques aux femmes de Bandiagara.
Amadou Bamba NIANG
Dans l’après-midi du Samedi à Dakar ATT inaugure le tout nouveau siège de l’OMVS
L’inauguration du nouveau siège de l’Organisation pour la mise en valeur du Fleuve Sénégal (OMVS) s’est effectuée samedi dernier dans l’après-midi, quelques heures seulement après la remise du Prix Kéba Mbaye au président de la République du Mali, Amadou Toumani Touré. Le Mali était donc visiblement à l’honneur le weekend dernier au Sénégal car le président Amadou Toumani Touré, en tant que président en exercice de la Conférence des chefs d’Etat de l’OMVS, a eu l’honneur de prononcer le discours inaugural devant ses homologues du Mali, du Sénégal, de la Mauritanie et de la Guinée.
e Mali a pris la tête de l’Organisation pour la mise en valeur du fleuve Sénégal (OMVS) à la 14è Conférence des chefs d’Etat et de gouvernement qui s’est tenue en octobre 2006 à Dakar. Depuis cette date, le président de la République Amadou Toumani Touré, devenu président en exercice de la Conférence, a conduit avec succès les activités de l’organisation. Au nombre de celles-ci, on peut retenir le démarrage effectif du Programme de gestion intégrée des ressources en eau (PGIRE) d’un montant de 110 millions de dollars (soit 47,3 milliards Fcfa), la finalisation du projet hydroélectrique régional de Manantali qui a nécessité la mobilisation de 460 millions de dollars (soit 197,8 milliards Fcfa).
S’y ajoutent: l’achèvement du montage financier du barrage de Félou grâce au concours financier de l’IDA à hauteur de 75 millions de dollars (soit 32,2 milliards Fcfa) et de la Banque européenne d’investissement (BEI) pour un montant de 33 millions d’euros (soit 21,6 milliards Fcfa), l’achèvement du montage financier du barrage de Gouina, celui des travaux du poste de Kaedi et de ceux de la ligne Kaedi-Boghé.
Le lancement, après étude de l’électrification rurale, permettant d’étendre le champ de la fourniture de l’électricité dans les pays membres, l’adhésion de la Guinée Conakry à l’organisation et le lancement de la navigation d’essai et la réception des deux bateaux sont également à l’actif du mandat du président Touré.
La nouvelle configuration institutionnelle doit permettre à l’organisation de réussir l’intégration fonctionnelle de la République de Guinée en son sein et de faire face aux nouveaux défis.
justement, l’acquisition d’un nouveau siège, au moment où l’OMVS va fêter ses quarante ans l’année prochaine est un acquis majeur qui vient couronner les efforts importants déployés par les pays membres, pour faire de cette organisation un véritable instrument de développement et un modèle réussi d’intégration.
” L’installation de notre Organisation commune dans ses nouveaux locaux, constitue un moment privilégié pour rende hommage à nos prédécesseurs, aux Chefs d’Etat qui ont mis en place l’OMVS qui s’est révélée un cadre efficace de coopération, dans les domaines de l’Energie et de l’Eau, de l’Agriculture, de la préservation de l’Environnement et de la Santé “ a précisé ATT, qui a replacé l’événement dans son véritable contexte : “ Avec l’appui constant des Pays amis et des Organisations partenaires, nous avons continué, malgré une conjoncture internationale difficile, à dérouler progressivement et, avec détermination, notre programme d’action commun.
A cet effet, depuis la cérémonie historique de Kayes du 29 octobre 2009, où nous avons lancé simultanément les travaux du barrage hydro-électrique de Félou, l’aménagement des berges du Fleuve Sénégal à Kayes et l’Offensive Santé, l’OMVS a poursuivi son processus de transformations dans deux domaines clefs : la réforme institutionnelle et la modernisation des cadres de travail “. Nous y reviendrons .
Amadou B. NIANG
