La médaille de la discorde :Les Maliens perplexes

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La cérémonie de décoration du président ATT initiée par ses laudateurs (dont deux grands barons du Pdes, le parti qui se réclame de lui), samedi dernier, a enregistré seulement la présence dans les gradins du grand stade Modibo Kéita d’un peu moins de 25 mille personnes sur un total de 45 mille places.  Soit moins de la moitié de ce qu’ont réussi à mobiliser Mahmoud Dicko et le Haut Conseil islamique en septembre 2009, lors de leur meeting de protestation contre le Code de la personne et de la famille.

" Il n’y avait pas le peuple, mais la foule était là.", avait titré à juste titre un  journal de la place. Pour dire qu’il n’y avait que des badauds et des laudateurs sur les lieux. Le peuple ne s’est donc pas prêté au jeu.

 "Bittar et sa suite n’ont pas mesuré l’ampleur de leur erreur en décernant une médaille au président de la République". L’échec de cette extravagante manifestation est à mettre à l’actif de la presse qui, dit-il, a joué professionnellement son rôle d’opposition véritable au Mali. Elle a eu un effet important sur l’événement. C’est ce qui a fait qu’ATT a refusé le " cadeau empoisonné, qu’on lui a donné.

ATT, par ce ”refus”, a, selon nombre d’observateurs, voulu signifier aux initiateurs qu’il ne veut plus avoir à faire à la grogne populaire. Qu’il veut éviter que l’histoire ne se réécrive à l’image de celle du Code ", a commenté un confrère qui a requis l’anonymat.

C’est certainement ce qui a amené le président à renvoyer la médaille au musée. Mais la place de la médaille est-elle au musée ? Avec un kilo d’or dans ses locaux, le musée national est condamné de renforcer sa sécurité. Sans compter le coût que cela engendre.

Ce qui fait que depuis l’annonce d’ATT, le directeur du musée n’arrête de réfléchir sur les mesures à prendre pour accueillir l’encombrante médaille.

 

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Amadou Salif Guindo

 

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Decoration du President :

 

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Le refus poli d’Amadou Toumani Touré

Le peuple malien ne voulait pas de cette décoration. Son destinataire a fini par en être manifestement gêné. Il l’a donc acceptée tout en la rejetant. Le président de la République, c’est un trait de caractère chez lui, a le souci de rechercher à plaire à tout le monde et éviter de froisser qui que ce soit. Cela le conduit souvent à des situations cornéliennes et parfois même, à l’absurde. Par exemple, lorsqu’il avait publiquement déclaré, à l’intention des prédateurs des fonds publics qu’il ne voulait pas les humilier en les poursuivant. Les Maliens n’avaient pas bien compris qu’on affichât les petits voleurs à la tire sur les écrans de la télévision nationale et qu’en même temps le premier magistrat déclare ficher la paix royale aux gros pilleurs des biens communs.

Mais la tactique du fils de Toumani est, dans certaines situations, payante. Il lui arrive en effet de s’en sortir avec brio et de récolter la queue et les deux oreilles (ceux qui suivent la corrida apprécieront).

C’est le cas en ce qui concerne le kilo d’or de décoration que la chambre consulaire a décidé de lui décerner devant le peuple réuni. Un peuple qui tire le diable et Satan réunis par la queue pour la pitance quotidienne. Un peuple qui ne croyait pas ses oreilles lorsque ces ”colporteurs de mensonges de la presse privée” (encore elle !) lui a révélé le projet et la valeur de la décoration. Il a fallu que Bittar And Co. convoquent toute la presse pour que l’on donne du crédit aux dires de ces ”lakalita gnininaw”.

 

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             Indignation collective

L’indignation a alors atteint son paroxysme et le peuple, étranglé par l’incompréhension, ne trouvait qu’une seule chose à dire : ATT va-t-il accepter de mettre son pied dans le plat de ces affameurs de populations ? Qu’il refuse d’aller et basta ! Mais le jour ”J” (le ”D” Day) arriva ; le samedi 5 février 2011. Et ATT s’est déplacé au Stade Omnisport, plein à craquer pour recevoir ses décorations devant Dieu et le monde entier. Mais avant de lui mettre la chaine au cou, Bittar a tenu à lui rappeler qu’il était un soldat. On le sait, un soldat meurt pour et avec ses décorations.

ATT, le soldat a donc accepté de recevoir ses décorations mais pour annoncer séance tenante qu’il allait les déposer  dans un musée à l’intention des enfants et des générations futures. Il s’agit, à n’en pas douter, d’un camouflet qui ne dit pas son nom. Une de ces solutions affectionnées par lui qui consiste à ménager la chèvre et le chou ; autrement dit, satisfaire le veau et la calebasse de trait du berger. Une fois de plus donc, ATT fait recours à sa stratégie favorite : contenter tous les côtés et ne frustrer personne.

Ce rejet-acceptation a eu le don de calmer la morsure des populations tout en laissant les initiateurs du sacre, comblés de bonheur.

A moins que, pour ces derniers, l’être humain ne soit pas insondable, le but de la manœuvre ne soit au fond de pousser ATT par la porte pour mieux prendre sa place en 2012. Bittar n’est-il pas la deuxième personnalité du parti des héritiers d’ATT ? Or depuis Sigmund Freud, nous savons que le fils cherche à tuer le père, histoire de prendre sa place (le complexe d’Œdipe). Alors, ce collier de chaîne en or serait-il une chaîne tout court pour attacher maître ATT loin de Koulouba et pour toujours ?

 

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              Amadou TALL


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