Ibrahim Ag Idbaltanat, lauréat du Prix UNESCO-Madanjeet Singh 2014 pour la promotion de la tolérance et de la non-violence :

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«  Il faut faire appel aux normes sociales et traditions culturelles et à la sagesse populaire des populations concernées pour chercher le consensus et rétablir la paix et l’Etat de droit dans les régions du Nord du Mali »

« Il est toujours possible de régler les conflits sans la violence et aucune situation ne saurait justifier le recours à la violence car le recours à la violence c’est aussi de la faiblesse dans la mesure où ce recours à la violence ne fera qu’engendrer tôt ou tard d’autres violences. »  Les militants des droits de l’homme Ibrahim Ag Idbaltanat (Mali) et Francisco Javier Estévez Valencia (Chili) sont les lauréats du Prix UNESCO-Madanjeet Singh 2014 pour la promotion de la tolérance et de la non-violence. A cette occasion, Ibrahim Ag Idbaltanat dans un entretien qu’il nous a accordés, donne des détails  sur son travail. Suivons l’entretien.

Comment sentez-vous après avoir été désigné comme l’un des lauréats du Prix UNESCO-Madanjeet Singh pour la promotion de la tolérance et de la non-violence ?

Ma désignation comme l’un des lauréats du Prix UNESCO Madanjeet Singh pour la promotion de la tolérance et de la non-violence m’a procuré des sentiments de joie, de fierté que je trouve redoutables. En effet, cette distinction par l’UNESCO m’amène en tant qu’Innovateur Social à œuvrer d’avantage pour la construction d’un nouveau Mali, paisible et moderne, avec la bonne gouvernance, basée sur le respect de l’État de droit et la protection des droits de l’homme et des libertés fondamentales,  pour un Mali où prévalent la justice, l’équité, l’inclusion sociale et politique, la solidarité et le partage.

J’éprouve également des sentiments de reconnaissance très sincères à l’égard de l’UNESCO qui à travers ma modeste personne vient de magnifier un combat pacifique de beaucoup d’hommes et de femmes de mon pays visant le changement des mentalités pour un véritable progrès social au bénéfice de tous les Maliens. Notre arme pour ce combat est notre volonté et croyance fermes aux vertus du dialogue, de la tolérance et de la non- violence. Nous vous disons merci pour ce réarmement moral.

L’article 4 de la Déclaration universelle des droits de l’Homme interdit l’esclavage, la servitude et la traite des esclaves sous toutes leurs formes. Comment le conflit au Mali a influencé la situation des personnes descendant d’esclaves ? Que proposez-vous pour lutter contre ce fléau ?

L’esclavage est illégal au Mali, ce qui est très important, mais les pratiques de servitude et d’esclavage par ascendance persistent encore dans plusieurs localités au pays. Ce système social, même s’il ne comprend plus la capture et la vente d’êtres humains par d’autres, impose une perte des droits fondamentaux (à l’héritage, à la propriété, à la rémunération contre le travail accompli, parfois à disposer de la garde de ses enfants) et en plus, il est à la base d’une discrimination sociale.

La continuité de ses pratiques met en évidence le fait qu’un système social traditionnel encore prime dans certains endroits sur le système républicain moderne, et que dans ce contexte un véritable progrès social et l’épanouissement de chaque personne ne peut être atteint. Le problème de la pratique de l’esclavage est difficile à résoudre pour les raisons liées avec les modes de vie communautaires héritées des traditions séculaires, perpétrées parfois par des élites locales.

L’esclavage par ascendance peut se présenter sous des aspects différents. On peut encore trouver des cas d’esclavage de condition extrême tel qu’il a été pratiqué au 12e siècle (l’esclave est un bien de son maitre, il est hérité, espère entrer au paradis par la bénédiction de son maitre, n’a pas la responsabilité de ses enfants). De façon plus modérée, l’esclave est séparé du maitre, dispose d’une certaine autonomie ; ses enfants sont au service du maitre au besoin ; un échange de biens est fréquent généralement au bénéfice du maitre. Par ailleurs, ce système permet au maître de marchander des voix pour les leaders politiques (bourrage des urnes avec détention illégale des cartes d’électeurs par les chefs de fraction ou de village).

Le pouvoir public au Mali, qui dénonce ces pratiques, a encore beaucoup à faire pour mettre en place des moyens efficaces et légaux permettant l’émancipation des victimes qui continuent à subir une telle situation pour des raisons souvent de subsistance. Cela est vital pour la survie de l’Etat qui doit faire face aux tares et faiblesses de nos sociétés. Il a été question de sauvegarder une certaine belle image du pays vis-à-vis de l’extérieur ; ou d’éviter de déranger les ordres déjà établis pour préserver la stabilité à peu de frais. Nous disons que ceci n’est pas une solution durable ; il faut plutôt faire face à la réalité, car tout problème non réglé deviendra un jour une tragédie.

Pour améliorer la situation, la stratégie doit se baser sur la formation, l’information et la sensibilisation des populations sur les droits humains, c’est le préalable à l’approfondissement de la démocratie. Nous devons renforcer les certitudes en mettant en confiance les personnes en situation d’esclavage et de servitude afin qu’elles comprennent que des recours existent pour les sortir de cette situation et que des ressorts existent pour les soutenir dans leur nouvelle vie. L’entreprise de campagne de plaidoyer doit être mise en œuvre de façon permanente auprès des décideurs nationaux et internationaux (exécutif, judiciaire, législatif, chefferies traditionnelles, collectivités) pour l’adoption d’une loi qui criminalise la pratique de l’esclavage.  Les politiques de développement doivent tenir compte de l’existence de la pratique, ce qui permettra de redonner confiance à un groupe marginalisé durant des siècles.

Une assistance socio-économique aux victimes qui se libèrent et judiciaire pour ceux qui décident de poursuivre leurs maitres est cruciale pour les mettre en sécurité et en confiance afin qu’elles deviennent autonomes et qu’il soit ainsi mis fin au gaspillage des ressources humaines.

En 2014, selon le classement du Programme des Nations Unies pour le développement, le Mali occupe 176e  place par son indice de développement humain avec l’espérance de vie à la naissance de 55 ans. Selon l’UNESCO, moins de la moitié de la population adulte au Mali sait lire ou écrire, et moins d’une femme sur trois est alphabétisée. C’est pour vous dire que l’éducation des enfants, des jeunes, des femmes et des hommes, en particulier d’origine sociale le plus modeste, est essentielle pour le changement des mentalités et la modernisation du pays.

Le Prix reconnaît également votre engagement exceptionnel au dialogue et à la non-violence comme moyen de résoudre les conflits. Pourriez-vous s’il vous plaît expliquer ce que cela signifie de se battre, d’une manière régulière contre la violence et l’intolérance dans votre pays (Mali) ? Et comment vous arrivez à y parvenir ?

Se battre d’une manière régulière contre la violence et l’intolérance au Mali signifie d’abord avoir de l’empathie pour l’être humain tout court, rechercher la compréhension de l’autre ; voire fournir beaucoup d’efforts pour se mettre à la place de chaque acteur d’un conflit, ce qui aidera à mieux appréhender la réalité de la différence entre les parties. Aller du postulat que le Mali est un ensemble divers dont la richesse repose sur sa diversité de son peuple. Seule une véritable harmonie de ces diversités a un sens et peut être gage de Paix sociale. Pour illustration, en vue du règlement de la crise dans le Nord du Mali, une des conditions préalables est de ne pas considérer qu’on a à faire à deux camps ennemis face à face, il s’agit d’un débat entre des Maliens, certes il connait parfois des pics, mais c’est toujours entre des Maliens.

Il faut faire appel aux normes sociales et traditions culturelles et à la sagesse populaire des populations concernées  pour chercher le consensus et rétablir la paix et l’Etat de droit dans les régions du Nord du Mali.

Pensez-vous qu’il est toujours possible de régler les conflits sans violence ? Y a-t-il des situations de votre avis qui justifient le recours à la violence ?

Oui, il est toujours possible de régler les conflits sans la violence et aucune situation ne saurait justifier le recours à la violence car le recours à la violence c’est aussi de la faiblesse dans la mesure où ce recours à la violence ne fera qu’engendrer tôt ou tard d’autres violences.

En fait à chaque cas de conflit, il existe une approche pour le résoudre et tant que cette approche de solution n’est pas trouvée le conflit demeurera, soit de manière ouverte soit de manière latente. Parfois il peut aller à des métamorphoses qui ont tendance à faire croire qu’on a à faire à de nouveaux types de conflits. C’est pourquoi la résolution des conflits nécessite de l’intelligence et de la patience.

Paul Cissé

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3 COMMENTAIRES

  1. islam is an old outdated regoilin,muslims donot want to change with changing times,rather they want that world should go back to seventh centuary.they are using modern gadgets likes watches ,tvs,aeroplanes for their comfort,but mentally they will say arabic camel is better than a modern aeroplane.only americans can change such an animal mindset

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