Geste d’adieu de Dioncounda Traoré : Des médailles, chacun selon son mérite

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Après avoir usé de son illégitimité et de son illégalité de président de la République par défaut en rendant des visites « officielles » à quelques chefs d’Etat, Dioncounda Traoré a tiré sa révérence, ce mercredi 04 septembre à l’issue de la cérémonie de passation de témoin à son successeur élu, IBK.

 

décoration 2 PmMais auparavant, acte inédit en République du Mali, le président par intérim n’a pas manqué de saluer, remercier et récompenser toutes celles et tous ceux qui l’ont accompagné dans cette transition qui n’a véritablement atteint aucun de ces deux objectifs essentiels : recouvrer l’intégrité du territoire et organiser des élections propres. A ce jour, il n’est un secret pour personne que c’est grâce à la France de François Hollande et, dans une moindre mesure, le Tchad d’Idriss Déby que le Mali doit la libération des régions précédemment occupées par les jihadistes, rebelles et terroristes. Encore que dans les régions du nord, le Mujao et le Mnla continuent de sévir. De même, c’est grâce aux financements de la communauté internationale que le Mali a pu organiser des élections impréparées qui ont abouti à l’élection d’IBK à la tête de l’Etat.

 

 

Qu’à cela ne tienne, puisqu’il a été félicité par la communauté internationale, Dioncounda Traoré a tenu à son tour à féliciter la « bande à Diango », à le récompenser lui et ses ministres de même que d’autres personnalités du pays. Mais la récompense n’était pas la même pour tous, chacun ayant été décoré selon son mérite. Pour le chef du gouvernement et ses ministres de la transition, les médailles étaient de quatre ordres (Grand officier de l’ordre national, Commandeur de l’ordre national, Officier de l’ordre national, Chevalier de l’ordre national), comme pour signifier au peuple que tous les ministres ne se valent pas, et qu’il y en a qui sont plus méritants que d’autres. Ainsi des retraités, anciens ministres ou ambassadeurs, ont été mieux décorés que des ministres qui étaient en activité il y a quelques heures. Pourtant, ce même Dioncounda Traoré qui reconnait aujourd’hui qu’il avait un crack, quelques demi-cracks et beaucoup de tocards, n’a jamais manqué de rabâcher les notions de collégialité, solidarité et travail d’équipe au sein du gouvernement. Au moment des récompenses, il fallait donc obligatoirement mettre les choses au clair, histoire de guider le choix d’IBK dans le repêchage. Mais le peuple dit : du neuf, rien que du neuf.

 

 

Et puis il y a cette question : si le président de la République est le seul habilité à procéder à des décorations, il y a des dates bien indiquées pour cela, le 1er janvier ou le 1er juillet, pourquoi a-t-il nommé ses amis en début septembre ? Et pourquoi le plus grand officier supérieur du Mali, le général Sanogo, n’a-t-il eu droit ne serait-ce qu’à une médaille avec effigie Abeille?

 

 

Drôles de forces vives

Après avoir décoré les acteurs de la transition ratée, le président de la République par défaut a reçu en grandes pompes les forces vives de la nation. A suivre le reportage de l’ORTM, plus d’un téléspectateur ont été surpris par le titre, le chapeau et les images de cet élément. A l’écran, en effet, on apercevait tous les vieillards, grabataires et impotents du pays. Il y avait certes quelques visages jeunes et moins jeunes, mais la télé, implacable, s’est évertuée à montrer plutôt des personnes âgées et, peut-être même des personnes du quatrième âge sorties de leur linceul, le temps d’un spectacle au goût douteux. Notre intention n’est point d’offenser les sexagénaires, septuagénaires, quadragénaires, octogénaires ou centenaires sagement assis face au président par défaut, qui ont encore leur rôle à jouer pour la bonne marche des affaires de l’Etat, mais de là à présenter ceux-ci comme les forces vives de la nation, cela est une insulte au peuple malien et un mépris pour tous ceux qui, à un certain moment de l’histoire récente de ce pays, ont demandé une concertation nationale entre toutes les forces vives de la nation. Entendez par là, les personnes effectivement actives au sein de la classe politique, de la société civile et des forces armées et de sécurité. Dioncounda Traoré, septuagénaire lui-même à qui la Copam dénie la qualité de force vive de la nation, se serait moqué jusqu’au bout du peuple, lui qui n’aurait jamais été là où il s’est retrouvé si l’histoire du pays ne s’était pas emballée.

Cheick Tandina

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