En renvoyant la médaille au musée, on peut affirmer que le chef de l’Etat s’inscrit dans la tradition, pour certains chefs d’Etat, d’éviter les cadeaux embarrassants, où d’être tout simplement obligés, comme l’ancien président français, Valery Giscard d’Estaing, à se justifier sur des cadeaux. En effet, la personnalité du président de la République n’est pas semblable à celle du simple citoyen qui peut collectionner des dons à sa guise. Le président de la République, Amadou Toumani Touré, gardien de la constitution, doit incarner l’unité nationale. Cette incarnation fait de lui un homme public censé faire la distinction entre sa personne et l’Etat. Lui aurait-on attribué cette médaille s’il n’était pas à la tête du pays, avec tous les attributs y afférents ?
A titre d’exemple, les autorités belges avaient tôt fait de s’exprimer sur l’affaire concernant les bijoux offerts à la reine Paola lors de son voyage au Congo, en signalant que ces dons ont été remis à la donation royale. Selon le carnet édité par Le Régine et Salens, Noblesse et royauté :‘’Suite aux affirmations de la presse belge relatives aux bijoux que le président congolais Joseph Kabila aurait offerts à la reine Paola, le Palais qui, dans un premier temps, s’était contenté de rappeler que les souverains belges avaient offert du matériel médical pour un hôpital à Kinshasa et gardait le mutisme le plus total sur d’éventuels cadeaux privés, a finalement confirmé que la reine Paola avait reçu un collier, un bracelet et des boucles d’oreilles en diamants.
Les bijoux ont été remis à la Donation royale. Le porte-parole du Palais a en outre précisé que ces bijoux (dont on ne dispose pas de photos) sont incorporés au patrimoine de l’Etat mais restent à la disposition de la famille royale belge. ‘’ En France, les cadeaux offerts par l’ancien empereur Bokassa à l’ancien président français, Valéry Giscard d’Estaing avaient défrayé la chronique poussant le chef d’Etat français, rappelle Wikipédia, à se justifier : « Avant que mon mandat ne s’achève, tous les cadeaux que j’ai reçus et dont la liste sera conservée, auront été utilisés à l’une ou l’autre de ces fonctions, c’est-à-dire œuvres de bienfaisance ou musées » (…) « Je ne vous cache pas qu’il est assez désobligeant pour moi de répondre à des questions de cette nature.
Je peux vous dire que déjà, ces dernières années, de nombreux cadeaux ont été envoyés à des œuvres de bienfaisance, qui le savent et qui, d’ailleurs, m’en envoient par écrit le témoignage, ou à des musées, où ils sont, à l’heure actuelle, présentés ». (…) « Enfin, à la question que vous m’avez posée sur la valeur de ce que j’aurais reçu comme ministre des finances, j’oppose un démenti catégorique et, j’ajoute, méprisant ». Le président français s’était offusqué, car il avait été blessé par les nombreuses récriminations faites à l’occasion de la révélation de ces cadeaux offerts, disait-on, au chef de l’Etat, Première personnalité du pays, censée garantir les valeurs éthiques du pays. Sa fonction à la tête du pays ne devait pas se confondre avec celle d’une personnalité agissant pour son propre compte.
Des analystes politiques avaient même prévu sa non réélection en 1981, à cause de cette affaire des diamants de Bokassa. Donc, en renvoyant la médaille au musée, on peut dire que le président ATT n’a fait qu’obéir, courtoisement, à la tradition en la matière et évité d’avaler la couleuvre.
Baba Dembélé
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