Natif de Sélingué au Mali, Mamadou N’diaye dit Mandiaye, par la force de l’application et de la rigueur conjuguées à une foi inébranlable en ses forces et moyens, parti de rien, a néanmoins réussi à relever brillamment tous les défis indicibles de la formation scolaire, de l’école primaire et universitaire, du Mali à l’Université de Stanford aux Etats-Unis, en passant, par les Universités Pierre et Marie Curie de Paris, Pau, en France. Le parcours scolaire et universitaire de Mamadou N’diaye dit Mandiaye, est tout simplement atypique et exemplaire.
Fils d’un brave paysan, doublé d’une formation de machiniste agricole et d’une avenante femme au foyer, pratiquant le petit commerce par intermittence, pour compléter ses menus revenus, Mamadou N’diaye dit Mandiaye né le 24 janvier 1990, a très vite appris et compris qu’”aux âmes bien nées, la valeur n’attendait points le nombre d’années”. Il s’est aussi vite approprié l’adage universel, selon lequel “The Sky is the limit”.
Le fils de Magatte N’diaye et de Aïssata Koranta a fait ses débuts en catimini aux jardins d’enfants de Sélingué. En effet, sans être officiellement inscrit à cause de son très jeune âge de trois ans, il boucla malgré son parcours au primaire sans aucune faute à l’école primaire B de Sélingué, actuel Groupe scolaire de Kangaré, école B. Ainsi, bien suivi et encadré, le jeune gavroche de Sélingué obtint avec panache son diplôme d’études fondamentales (DEF), en 2004 dans le cercle de Yanfolila.
En plus de ses activités scolaires incontournables, Mandiaye passait ses vacances aux champs pour soutenir ses parents dont les revenus complémentaires en dépendaient grandement. Avec son DEF en poche, le lycée public Ibrahima Ly de Banankabougou ouvrit grandement ses portes à Mandiaye en 2004, où il obtint son bac en juin 2007, avec mention assez bien. Un résultat final bon à prendre mais insuffisant pour l’obtention de la bourse d’excellence tant recherchée. Refusant de jeter l’éponge avant la cognée, ce talent en herbe ne perdit ni son courage ni sa détermination à aller de l’avant. Il se tourna résolument vers le Campus France, en exécution des conseils et orientations de son cercle familial. C’est ainsi que Mandiaye reçut un premier avis favorable de l’Université de Marne La Vallée pour la rentrée universitaire 2007-2008.
Faute d’obtenir un visa d’entrée en France à cause de son très jeune âge (17 ans), Mandiaye décida alors résolument de saisir l’unique chance que lui offrait la Faculté des sciences et techniques (FST) de Bamako, en s’inscrivant en 1re année de licence mathématique et informatique. Au terme de cette première étape universitaire au Mali, il parvint à remplir toutes les conditions d’obtention du précieux visa Schengen d’entrée en Europe. Il débarqua en France pour la première fois en septembre 2008, pour y entamer ses études universitaires tant attendues. Du lundi au vendredi, le jeune N’diaye suivait régulièrement ses cours, tandis que les week-ends et vacances scolaires étaient entièrement consacrés au travail comme à Sélingué. Mandiaye parvint ainsi progressivement à voir tous ses immenses efforts et sacrifices inénarrables couronner de succès, notamment par la brillante obtention de son diplôme de licence science, technologies et santé en 2011, avec la mention assez bien, en mathématiques et informatiques à l’Université de Marne La Vallée. Il fut ensuite admis, à travers une sélection très compétitive, à l’Université Pierre et Marie Curie (Paris VI) en 2011, pour y faire son master. Après une première année non moins facile, il choisit la spécialité ingénierie mathématique du master de sciences et technologies, mention mathématiques et applications. Au final, Mandiaye reçut son examen de master avec la mention bien fin 2013. S’en suivit une série de stages de six mois en 2013 chez EDF. Son travail intellectuel pointu consistait principalement à modéliser un parc de production d’énergie thermique combiné avec un parc de production d’énergie hydroélectrique, et à développer un code permettant de minimiser le coût de la production d’énergie.
Le master en poche, Mandiaye se lança sans succès dans la recherche assidue d’un contrat de recherche doctorale. C’est ainsi que dans sa chasse sans relâche de thèse. Grâce à ces qualités, il sera repéré par le Dr. Hélène Barucq qui le prit pour sa thèse. C’est ainsi qu’il rejoignit l’Institut national de recherche en informatique et en automatique ; et le Laboratoire de mathématiques et leurs applications de l’Université de Pau et des pays de l’Adour, de janvier 2015 à décembre 2017, pour y faire sa thèse de doctorat. Après avoir soutenu sa thèse le 8 décembre 2017, il enchaîna avec six mois de Post Doc Relais thèse chez Magique-3D Inria avant d’obtenir un contrat de PostDoc d’un an à l’Université de Stanford Californie-USA qui a démarré le 1er septembre dernier. Mandiaye va y travailler dans le département Energy Resources Engineering de l’Université de Stanford, à la Silicon Valley des USA. Une carrière encore plus prometteuse mais chargée d’énormes défis à relever. Un bel exemple à suivre et à encourager.
Auteurs : El hadj Boubacar S. Traoré, ancien haut fonctionnaire du Groupe de la Banque africaine de développement (Bad) et de la Banque mondiale
Djibril Diallo, Malien travailleur de la diaspora, Paris, France