Yes we can…made in Mali !

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Oui nous pouvons être ce pays dont nous rêvons tous les jours car en 1800 quand le colon est venu c’est bien parce que nos richesses valent bien la traversée des mers et des déserts.

Oui nous pouvons, parce que la jeunesse représente plus de 50% de la population de ce grand pays et que cette jeunesse qui est l’avenir de ce grand peuple est assoiffé de savoir, de travail et ne rêve que d’être fier de son pays et le voir citer en exemple dans les 4 coins du monde!

Oui nous le pouvons, parce que cette jeunesse est courageuse et a le gout de vivre pleinement au point de braver les polices du monde entier, les chiens, les vagues, les vents de sable dans des pirogues de fortune, pour trouver une planche de salut. Il suffit de lui redonner confiance pour arrêter l’hémorragie d’une Afrique que 300 ans d’esclavage, de colonialisme, de post-colonialisme ont saigné à blancs et que l’immigration des forces vives et des cerveaux continue à achever !

Oui nous pouvons faire une école de qualité doit être garantie pour tous et les parents mis à contribution de façon sincère et ouverte pour réapprendre à leurs enfants les valeurs du civisme et de l’effort. Oui nous pouvons parce que notre école a déjà produit par le passé d’inestimables ressources humaines, parce que nos facultés étaient dans les années 70 et 80 parmi les meilleurs de la sous-région, parce que ce sont ces mêmes écoles qui on produit Amadou Hampâté Bah, Seydou Badian Kouyaté et Ibrahima Mamadou Ouane, Pascal Baba Coulibaly, et Bakary Traoré, Ahmed Baba et une liste impressionnante de docteurs et professeurs qui ne demandent qu’à servir loyalement ce pays.

Oui nous pouvons, car si le peuple malien reste l’un des plus pauvres du continent, le pays n’est pas pauvre… une production de coton de 600.000 tonnes, d’or de 55 tonnes et un chiffre d’affaires de près de 300 milliards de FCFA, 90 millions de dollars de recettes touristiques.

Oui nous pouvons car nous avons le 2ème plus grand fleuve d’Afrique, nous sommes le 2ème producteur d’or sur le continent, parce que notre sous-sol béni regorge de cuivre, nickel, plomb, zinc de matières précieuses autres que l’or -diamant, grenats, améthyste, etc-, de matières énergétiques – gaz, charbon, schistes bitumineux et tourbes (et peut être même du pétrole). Il y a aussi l’étain, le manganèse, le fer, le calcaire pour la fabrication de chaux et les matériaux de construction (marbre, argile, calcaire, dolomite, gypse etc.). Il y a encore la découverte de pierres précieuses dans les localités de Sangafé, Sandaré et Nioro!

Oui nous pouvons, car même pauvres nous sommes riches de nos valeurs culturelles et sociales, nous transcrivons encore de nos jours et au quotidien ces valeurs ancestrales qui sont nôtres : le djatiguiya, le sinangouya, le balimaya !

Oui nous pouvons, car notre musique, du Wassoulou à Taoudeni, est une des plus riches au monde, chantée dans les plus grandes villes et sur les plus grandes scènes de ce monde, car notre culture a traversé les frontières, car nos villes de Tombouctou et de Djenné sont devenus mythiques, sont parties intégrantes de l’humanité grâce à l’héritage qu’elles ont laissé au monde !

Oui nous pouvons, et cette conviction me vient de ma foi inébranlable en la générosité, en la grandeur et la dignité de ce peuple!

Oui nous sommes un peuple riche de sa diversité du Nord au Sud, d’Est en Ouest, de Kayes à Kidal, chaque région est une richesse inépuisable, chaque homme et chaque femme est un savoir, une culture, une histoire unique et commune qui ne demande qu’à être valorisée et respectée !

Oui nous pouvons, car il n’existe pas de blancs et de noirs, pas de bambara et de peulh, pas de bozo et de minianka, pas de tamasheq et de dogon, pas de maure et de senoufo, pas de malinké et de bobo, il n’existe que 16 millions de maliens ! Et chacune de ces 16 millions de personnes est une partie de moi, de toi, de lui, de vous, de nous !

Oui j’en ai la certitude et je ne dirais pas tout cela si je ne croyais pas du fond du cœur que c’est ce que veut, ce qu’espère, c’est ce que rêve, tout haut ou tout bas, et ce tous les jours, l’immense majorité des maliens !

Et aujourd’hui, chaque fois que nous nous sentons cyniques ou pessimistes quant à ces possibilités, ce qui redonne le plus espoir, c’est la force et le courage, l’espoir et l’envie, le sacrifice et le don de soi, l’amour infinie de la patrie, que les centaines de jeunes et vieux, hommes et femmes, employés et chômeurs, citoyens du sud et du nord, de l’est et de l’ouest ; ont donné en mars 1991 ; ce sont ces dizaines de milliers de nos grands-pères et grands-mères qui se sont battus durant des décennies durant les 60 premières années du siècle dernier pour que nous puissions
aujourd’hui hisser haut le drapeau vert, jaune et rouge. Ce sont ces soldats qui ont donné et qui donnent encore aujourd’hui leurs vies pour que vive ce que nous avons de plus précieux : notre pays !

Oui nous pouvons libéraliser la télévision avec la création de multiples formes d’expressions audiovisuelles et tous les dirigeants s’engagent par voix et par faits à ne pas mentir, voler, tricher, profiter ou faire profiter uniquement sur base clanique des faveurs de l’Etat. Notre président et ses ministres s’y tiendront et plutôt que de réprimer des cas isolés ils ouvriront un vrai dialogue afin que chaque citoyen fasse de même en persuadant de sa propre conscience plutôt qu’à la force d’intervention de police ou de juges.

Oui nous pouvons! si on pense que cela n’est ni rêve ni fantasme !

Oui nous pouvons arrêter de dire que nous sommes pauvres alors que le coût de la corruption et du détournement de fonds qui représente 100 à 200 milliards est supérieur à l’aide publique au développement. Nos 1072 milliards de budget national ne connaitront plus les 120 milliards de déficits que nous connaissons habituellement!

Oui nous pouvons affecter 30% de notre budget à l’éducation, 30% à la santé et à l’eau potable, et les autres 60% uniquement en priorité aux secteurs qui permettent de bien financer ou garantir les deux premiers.

Oui nous pouvons estimer le manque à gagner par la corruption et le rétribuer de façon officielle et égalitaire à nos fonctionnaires en privilégiant les enseignants et le corps médical pour qu’ils soient un peu plus à l’abri du besoin et que la corruption devienne une honte et non pas une marque de courage!

Oui nous pouvons respecter ces mêmes fonctionnaires et les encourager en remplaçant toutes les primes autres que celles liées aux charges familiales par des primes d’assiduités et de performance pour que les meilleurs soient récompensés et tirent les autres vers le haut et non plus vers le bas!

Oui nous pouvons, parce que quoi qu’on en dise, dans le grins, dans les bureaux, dans les rues, au marché, dans les dourounis et les marchés, le grand Mali, regorge encore de fonctionnaires honnêtes et travailleurs, de jeunes et vieux politiciens désintéressés et au sens patriotique élevé ; de femmes dignes et responsables, de paysans acharnés, d’enseignants dévoués, de jeunes hommes et jeunes filles compétentes et prêtes à servir, de citoyens de tous bords qui y croient encore et encore et encore malgré tous et tout !

Oui nous pouvons impulser la culture de la simplicité et supprimer petit à petit les protocoles rébarbatif et obsolète de notre administration qui s’écroule sous le poids de procédures mécaniques et insensées sans aucune valeur ajoutée à la performance de nos systèmes de contrôles.

Oui nous pouvons donner à chaque malien le sentiment que nos richesses minières lui profitent à travers des investissements réfléchis et choisis sur base de bénéfice collectif.

Oui nous pouvons quand il n’y aura plus de nord, de sud, d’Est et d’Ouest, d’association de ressortissants de « quelque part » mais uniquement des associations de partage de valeurs et d’objectifs communs orientés sur le partage et la solidarité nationale.

Oui nous pouvons faire de notre police une police du citoyen modèle qui a pour consigne stricte de sécuriser ses concitoyens et on supprime tout mandat répressif de cette dernière pour faire de notre police, une police de recherche et d’investigation au service de la justice.

Oui nous pouvons si nous supprimons l’armée de profession coûteuse sans raison pour la remplacer par un modèle d’armée de 500.000 hommes qui comprend tous les citoyens majeurs et mobilisable uniquement quand les frontières de notre Etat sont en danger.

Oui nous pouvons donner du crédit à cette armée et tous les hommes en tenues en général en ne les montrant plus comme des figurants sur notre télévision dans tous les colloques, séminaires et autres soirées dansantes… comme s’ils n’avaient d’autre fonction que cela.

Oui nous pouvons supprimer certains des textes législatifs et judiciaires datant de 1948, si nous revoyons nos reformes agraires en suppléant la superposition actuelle de droits par un ré-apprentissage de notre droit coutumier et une synthèse fidèle des droits coutumiers de toutes nos régions qui servira de base pour un seul code judiciaire avec en place de choix la charte du mandé qui dit dès le treizième siècle ceci : « Toute vie est une vie » « Le tort demande réparation » « Pratique l’entraide » « Veille sur la patrie » « Ruine la servitude et la faim » « Que cessent les tourments de la guerre » « Chacun est libre de dire, de faire et de voir ».

Oui nous pouvons, cesser d’être les béni-oui oui de ceux qui affirment fort que nous ne sommes pas assez rentrés dans l’Histoire pour leur montrer que Nous sommes l’Histoire!

Oui nous pouvons réhabiliter nos livres sur l’histoire de l’empire Songhaï, l’empire du Ghana, l’empire du Mali, le royaume Bambara, le royaume de Tin Hinan, le royaume Peulh, le royaume Toucouleur et à travers eux les codes d’honneurs d’antan. Nous distinguerons l’éducation de nos enfants de l’instruction scolaire, nous cesserons d’employer le mot "intellectuel" uniquement pour ceux qui ont eu des diplômes universitaires et y incluront nos vieux sages qui n’ont pas été à l’école mais qui disposent de savoir séculaires. Nous arrêterons d’ignorer leurs savoir et leurs connaissances pour magnifier notre avenir.

Oui nous pouvons arrêter de voir en nos entrepreneurs "la vache à lait qu’il faut traire ou le méchant loup qu’il faut abattre" mais plutôt le bœuf qui tire la charrue, qu’il faut nourrir, soigner et préserver.

Oui nous pouvons arrêter de prendre nos concitoyens de l’extérieur comme des vaches à lait au même titre que nos entrepreneurs et leur redonner goût au retour par une politique volontariste qui ne se limite pas uniquement à des séminaires mais avec un ministère qui leur permet de se connecter
entièrement au quotidien du pays et des bureaux qui les aident systématiquement à se réinstaller en les guidant dans leur démarches administratives sans leur demander un sou autre que les droits usuels fixés par décret officiel!

Oui nous le pouvons si nos fonctionnaires appliquent à la lettre la Loi No. 82040, du 1er Avril 1982, qui punit ceci "Par les agents et employés: sollicitation, acceptation de dons, promesses, présents, refus de délivrer des actes, prise d’actes illicites, favoritisme, falsification de chiffres, de faits, d’informations, refus d’accomplir ou de délivrer des actes, chantage, faux en écriture, trafic d’influence, harcèlement sexuel Pour les usagers: promesse ou paiement de commissions, dons, présents, pots de vin, dons et présents, tentation de l’agent ou employé à agir ou à s’abstenir d’agir, faux en écriture, trafic d’influence, menace, voie de fait, concurrence déloyale" fin de citation!

Oui nous pouvons faire du « Mali bas » le « Mali haut » en essayant de respecter scrupuleusement tous les jours cette loi et rendre nos intentions et nos discours crédibles aux yeux de ceux qui n’ont pas accès à la mangeoire mais qui aimeraient bien car il n’y aura plus de mangeoire que publique!

Oui on peut définitivement ré-susciter ce Mali nouveau sous le drapeau tricolore avec le sang pour la bravoure, le jaune pour la lumière et le vert pour l’autosuffisance. On peut faire de nos mots autre chose que des coquilles vides, on peut mobiliser 16 millions de personnes dans un sursaut national car il y a urgence à s’y prendre!

Oui on peut, garantir un toit décent pour ces 16 millions de personnes sur nos 1.240.000 kilomètres carrés et arrêter de vendre notre terre fertile aux plus offrants, oui on peut régulariser les milliers de titres fonciers bloqués par les magouilles, oui on peut reformer l’administration et alléger nos procédures calquées sur la France de Vichy, oui on peut les rendre claires et limpides pour nos concitoyens afin qu’ils garantissent eux même leur droits avec l’aide de la justice!

Oui on peut rendre à la justice ses lettres de noblesse afin qu’elle soit dite et non vendue car on peut faire en sorte que nos magistrats aient désormais accès à la fonction sans avoir à payer durant leur études ni à faire payer le concitoyen le prix de leur propres frustrations.

Oui on peut nettoyer devant chez nous et arrêter d’accuser à tort l’occident qui tire à juste titre profit de nos propres faiblesses en faisant notre propre autoévaluation sans compromis et en nous mettant au travail pour améliorer petit à petit notre gouvernance, rendre audible notre voix quand il s’agit de défendre notre vision du monde et l’intérêt de notre nation.

Oui on peut faire une nation et démentir ceux qui prétendent qu’un conglomérat d’ethnies ne pourra jamais se constituer en nation en donnant un sens à la possession de notre carte d’identité nationale comme seule référence identitaire nationale sacrée. Oui on peut montrer au monde combien nous aimons l’ouverture et la tolérance en commençant par nous aimer nous mêmes.

Oui on peut faire un état de (con)science et de savoir où chaque ministère travaille sur des évidences scientifiques et des études sérieuses menées par nos citoyens les mieux formés dans chaque domaine thématique pour éclairer nos décisions et justifier nos choix de politiques sectorielles.

Oui nous pouvons ignorer l’air du temps et les sirènes de la mode internationale du financement et regarder notre propre réalité et nos propres ressources comme premier moyen.

Oui nous pouvons définir nos politiques sectorielles avec des mots simples, justes et équitables et les résumer autrement que par des slogans creux : "Éducation de qualité de 6 à 18 ans" "santé de qualité pour tous" "justice de la droiture" "Autosuffisance alimentaire" "sécurité partout" "gouvernance par tous" etc…de mots qui n’auront pour seul but de produire de milliers de rapports et documents que personne ne lit, destinés à la poussière des étagères trop saturées de nos bureaux! Des slogans creux qui ne serviront qu’à distribuer des centaines de millions de per diems aux quatre coins du pays!

Oui nous pouvons faire de nos savants religieux des guides spirituels pour réhabiliter la morale nationale, la tolérance religieuse et le dialogue interculturel tels que définis dans les saintes écritures. Nous pouvons donner goût à la croyance et à la pratique d’une religion saine, honnête et non discriminatoire, nous pouvons mettre Dieu dans nos cœurs et nos esprits pour qu’il nous accompagne dans cette dure tâche tout en respectant et en tendant la main à ceux qui n’y croient pas.

Oui nous pouvons créer un vrai marché de l’emploi en créant un guichet unique dans lequel tous nos chômeurs accèdent à toutes les offres sur le territoire national!

Oui nous pouvons faire vibrer "les cœurs d’espérance" mais surtout de confiance en soi et dans l’avenir.

Oui nous pouvons car la vraie richesse du Mali réside sûrement dans cette extraordinaire part d’humanité qui perdure malgré un environnement toujours plus difficile.

Cette conviction me vient de mon inébranlable confiance en ce “peuple” plein de générosité et de bonté, en ce “but” rempli de grandeur et de dévotion et en cette “foi” à toute épreuve que chacun de nous porte naturellement au plus profond de lui-même, parce que nous sommes maliens!

Une contribution de Mr ASSADEK Aboubacrine
Assistant au département de mathématiques et informatique à la Faculté de Sciences et Techniques de l’Université de Bamako.

 

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