Yerewolo ton : Il faut que « nous » parlions !!!

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Yerewolo tonFace à une participation très faible et une campagne législative encore plus faiblarde, nous devons revoir notre façon de faire de la politique et notre manière d’aborder la reconstruction de notre pays en générale.  Il faut moins reconstruire le pays sur des bases fragiles que construire sur une nouvelle base en inventant un autre système démocratique et de gouvernance où « nous » sommes tous impliqué. Et cette nouvelle démocratie est déjà proche de nous, juste à coté, elle est simplement en « nous-mêmes ».

 

Le 24 novembre a 19h les bureaux de vote se sont fermés après une journée électorale calme. Mis à part les observateurs électoraux satisfaits qu’il n’y ait pas eut de violences ni d’apparentes fraudes (quelques cas isolés dans le Nord), la journée était trop calme selon certain. Car le lendemain, à la même heure, une première estimation de la participation nous annonçait moins de 30 % de votants. Prochainement, le chiffre national sera peut être encore plus faible. Mais si on part de cette première estimation, cela fait globalement et en comptant large  plus ou moins 2 millions d’électeurs sur 6,5 millions d’inscrits. Et le chiffre devient encore plus terrible si « nous » mettons en perspective ce chiffre avec une population totale d’environ 13 millions : cela nous donne alors une participation d’a peine plus de 15% ! Certes, on ne compte généralement pas les enfants car ils ne sont pas en âge de voter. Mais les enfants font parti de « nous », et quand nous seront vieux, c’est « nous » qui feront parti d’eux car ils nous aideront, nous écouterons et nous soutiendrons. On ne compte pas non plus ceux qui n’ont pas eu leur carte NINA, ils leur manquaient le précieux sésame pour faire leur devoir. Mais les non-possesseurs de la carte NINA font également parti de « nous », qu’ils soient réfugiés, en voyage au moment de la distribution ou simplement victime d’une administration désorganisée. Alors pour « nous », eux, vous, moi qui formons la chair et le sang de ce pays, c’est 15 % de votant qu’il faut retenir. Un point, un trait. Si les « nouveaux «  élus du premier tour fêtent déjà leur réussite (gagner avec moins de 30 %  ou même 15 %de participation c’est dans le jeu démocratique actuel considéré comme une victoire malgré tout), les candidats au deuxième tour s’affairent a consolider leur chance de l’emporter. Nous y reviendrons.  En attendant, la première étape est de s’interroger sur le sens de cette abstention.

 

Cri d’alarme préoccupant mais aussi encourageant

 

85 % d’entre « nous » ont  en effet préféré vaquer à leur occupation, profitant de leur famille ou de leur amis. Peut être même en travaillant à l’entretien de la maison, en réparant une moto fatiguée par l’usure ou simplement en buvant du thé au grin.

 

Mais derrière cette apparente indolence, il y a plusieurs messages qui s’empilent les uns sur les autres pour constituer tout à la fois le plus préoccupant et le plus encourageant des cris d’alarme. On peut y lire par exemple une abstention a valeur de sanction pour un président et un gouvernement jugé trop empoté ou hésitant a stabiliser une bonne fois pour toute le retour de l’administration dans le Nord, point final espéré d’une crise qui n’en fini pas de jouer les prolongations. La formation d’un gouvernement reposant moins sur les compétences connues que sur les amitiés et les fidélités politiques avait déjà fait déchanter plus d’un électeur sur l’attendu « renouveau » scandé tout au long de la présidentielle. Quoi d’autre ? Et bien on peut y lire aussi l’expression d’une impatience à voir un effet concret de la relance économique sur l’ensemble du territoire et dans la vie de tous les jours. Les gens ont en effet un niveau de vie encore plus faible qu’avant et s’inquiètent pour l’avenir proche. Cet empressement à pouvoir vivre enfin la stabilité et la croissance est légitime, mais c’est encore insuffisant pour expliquer cette absence de mobilisation électorale. Une autre raison réside alors dans les candidatures elles-mêmes : les mêmes visages se représentent. Et si ce n’est pas eux, c’est leurs amis, neveux, conseillers ou fils ! Certains ont peut-être quelques vagues motivations pour aider le Mali. Mais soyons franc, il y a aussi quelques inquiétudes à passer sous le marteau de la justice dont on nous a promis que nul ne pourrait plus ignorer. Sur le plan de la délinquance financière publique, on attend toujours.  Donc un mandat renouvelé pour quelques caciques ou leur compagnons de festin leur donnerait une immunité ou leur offrirai au moins une chance en cas de possible mise en accusation.

 

 

L’oligarchie étatique semble donc vouloir jouer également en prolongation malgré le carton rouge que la crise leur a signifié. Ils ont fait semblant de l’ignorer ou de l’oublier, les maliens, c’est a dire « nous »- on s’en s’en souvient et « nous » ne voulons plus d’eux. J’inclus dans cette oligarchie le FDR qui étaient les légalistes de 2012, se veulent être les futurs opposants de 2013 et seront probablement les victimes d’eux-mêmes en 2014, pour les municipales par exemple. On attend en effet toujours cette fameuse plateforme d’opposition censé animé la vie démocratique et offrir une alternative critique vis à vis du gouvernement. A part quelques réactions sur l’affaire Sanogo ou Kidal, rien n’est dit sur les mesures gouvernementales effectives  ou en préparation, aucuns commentaires sur les décisions déjà engagé par l’Etat depuis la mise en place du gouvernement.

 

 

Quoi qu’il en soit, au cours des législatives, il y a eu quand même quelques listes issues de travailleurs de souche économique modeste ou peu connus du monde politique qui ont tenté – avec un financement inexistant- d’offrir un choix alternatif comme par exemple en commune I et 6 à Bamako ou encore à Kita. Mais face aux campagnes a coup de millions des listes principales, les petits candidats n’ont pas été entendus et vu suffisamment. Les listes « riches », parfois contre nature, ont su divertir l’attention par des meetings ou les t-shirts, pagnes et paquets de thé abondaient. Un peu moins qu’avant car les caisses des partis sont relativement asséchées. Mais en tout cas suffisamment pour tenter de lever les troupes sans propositions et offrir quelques dons en nature ou promesses opaques pour les personnalités influentes supposées aptes a mobiliser leur clientèle vers un vote fléché. Après tout la jeunesse sans emploi ni perspective d’avenir trouve dans quelques rassemblements bruyants des instants d’ivresse pour oublier un désespoir aussi régulier et lancinant qu’une douleur chronique. Mais la encore, quelque chose n’a pas fonctionné et la jeunesse malienne semble à ce titre bien plus autonome et intelligente que les instrumentalisations électoralistes habituelles l’envisagent.

 

Le débat des poissons politiques

Après 2012, rassembler pour ne rien dire ne vend plus au niveau électoral dans notre pays même si on entoure ce vide d’animations musicales et de promesses grandiloquentes. Promettre du « nouveau », du « changement » quand la campagne n’est qu’une répétition d’un consensus stérile que nous connaissons par cœur depuis vingt ans, ne donne pas envi de voter. Peut-être que le plus triste au milieu de ce folklore électoraliste bien fade, c’est justement l’absence de débats et de confrontations entre candidatures. Il n’y pas eu de passe d’armes, pas eu de duels d’idées, aucunes visions novatrices et structurées qui s’affrontent.  Et pourquoi n’y a t’il pas eu d’animations politiques ? La raison est simple : il n’y a pas eu de vrais débats car il n’y a pas d’idées de part et d’autres, donc aucunes perspectives innovantes offrant un début d’espoir et qui puisse soutenir une mobilisation honorable. C’est comme un dialogue de poissons, ils ouvrent la bouche mais il y a seulement quelques bulles qui en sortent. Bon. Et pourquoi y a t’il eu des bulles vides à la place des idées ? Il y a également quelques raisons à cette absence. En dehors des incompétences individuelles, les candidatures comme nous le disions plus haut sont issus d’un sérail qui navigue ou attend son billet d’entré dans les hautes et moyennes sphères administratives. Or ces gens ne s’approchent jamais du peuple, de « nous », de ceux qui constituent la chair et le sang de ce pays. Ils ne connaissent pas les véritables problèmes du Mali, le quotidien des gens dignes mais pauvres qui s’affairent pour quelques subsistances. Et les discours répétitifs d’appel au changement ont été enfin perçus dans toute leur vacuité par les maliens. Changer quoi ? Les candidats ne le savent pas pour la plupart et a priori ne veulent pas le savoir. Ils surfent sur des mots pour séduire tout en attendant que le peuple regagne l’enclos à mouton bien sagement en oubliant leur aspiration à une vie meilleure. C’est vrai que quand un peuple parmi les plus démuni au monde commence à penser qu’il est temps de changer, cela n’arrange pas les affairismes politiciens.

 

 Quel mot choisir : Réparer, bricoler, fabriquer, restaurer, reconstruire, inventer ou innover ?

 

Si on y réfléchi, la reconstruction n’a été envisagée que de manière paresseuse par nos élites et tout au plus en passant par la reproduction d’un schéma politique connu de tous : un état central alimenté par les milliards de l’Occident avec comme seul engagement la vague relance d’un modèle de décentralisation mal compris et sans imagination. Si on résume les propositions pour le pays des candidats et même de la plupart de nos élites dites intellectuelles, on y trouve des ambitions aussi plates et petites qu’une feuille d’acacia ! Apres cette crise, ils veulent soit réparer ce qui fonctionnait mal, soit restaurer ce qui servait une minorité élitiste qui a toujours su entretenir et tirer son avantage matériel des compromis médiocres de notre gouvernance. Et pour faire illusion, on entend faire une petite réforme par ici, une petite réforme par là, en bricolant vaguement une mise en scène de redressement.

 

Mais pourquoi réparer un moteur qui était simplement mal conçu dés le départ ?

 

 

Ainsi, si quelque chose est cassée comme une pompe a eau ou un moteur de moto, nous réparons l’objet pour qu’il fonctionne a minima comme avant ou au moins pour que l’objet tienne encore un peu. Mais jamais nous n’envisageons d’innover pour fabriquer nous-mêmes un moteur inédit, mieux adapté à nos usages, à notre environnement, à notre culture.  Nous pourrions très certainement dépasser et donc améliorer la conception initiale de la démocratie importée -et bêtement prête a porter – si nous nous donnions la chance d’examiner les pièces du moteur avant de le remonter à la va vite. Il y des pièces à entièrement reconcevoir, des circuits de transmission a réinventer, une alimentation pour l’ensemble à innover.

 

 

Finalement il nous faut revoir tout le plan de montage d’origine. Nous savons et pouvons le faire, mais nous n’osons pas prendre le risque par ce qu’on nous a fait croire que nous n’en étions pas capable. Il est vrai que nous sortons d’une crise qui nous a exposé aux yeux du monde d’une manière bien dramatique voir honteuse. Mais nous n’avons pas pour autant à baisser les yeux et la tête. Car cette crise était l’occasion de démonter le moteur de nos institutions et de nos fonctionnements politiques pour en faire le diagnostic. Maintenant que nous savons que ce moteur est mal conçu, nous pouvons entièrement le réinventer avec nos propres normes, nos propres valeurs tout en prenant une vraie place progressivement sur l’échiquier international. Mais avant de penser à notre image à l’extérieur du pays, pensons à nous-même. Il est vrai que jusqu’à maintenant l’occident politique nous renvoie souvent une piètre image de  nous mêmes. Mais soyons honnête, c’est souvent nos propres élites qui entretiennent un complexe d’infériorité entre elles et « nous ».  Et ce déséquilibre entre le « haut » et le « bas », entre l’élite et la population, s’il a pu faire illusion par une astucieuse mise en scène pendant des années, aujourd’hui cela ne peut plus continuer. D’ailleurs le témoignage directe et incontestable est que notre pays a un genou a terre. Mais par un étrange rapport de force entre nous et nous-mêmes, les maliens ne se sentent pas capable de véritablement innover en politique et par la même de s’affirmer pour ne plus tomber. De peur que la machine électorale s’enraye ou pensant qu’une seule version de la démocratie est lisible et donc possible. Mais la encore, quelques mois après une mobilisation présidentielle portée par un fol espoir de changement, la mécanique s’enraye a nouveau.

 

Que faut t’il faire alors ?

 

Première étape : reconnecter tous les niveaux de la société avec le politique et vice versa

 

 

 

Pour commencer partons simplement ce que nous réussissons le mieux. Et dans notre cas, c’est par exemple de nous connecter les uns aux autres, être toujours en contact et nous tenir informer de la situation familiale, du voisinage, du quartier, du village. Le second point a relevé, c’est que nous sommes naturellement enclin à nous réunir pour débattre, discuter et confronter nos idées, remarques et observations. Qui n’a pas de grin ? De plus, par le biais de ces deux façons de vivre ensemble, rien ne reste caché ou opaque. Même les plus sombres secrets, les accidents et tensions finissent par ressortir un moment ou l’autre, dans la famille au moins, sinon sur la place publique. Ce modèle d’inter-connectivité et d’échange qui alimente une forme de transparence entre nous – parfois avec quelques désagréments sans doute – pourquoi ne pas en faire une ébauche de modèle politique. Nous devons soutenir à tous les niveaux l’échange, le débat, la transparence et remonter les remarques, idées, observations depuis le bas vers le haut.

 

 

Cela doit commencer dans le carré, dans le quartier, la commune puis l’ensemble doit converger vers la région pour enfin confronter les perspectives entre les régions et à l’échelle nationale.  C’est en quelque sorte « l’emboitement » continu des savoirs et des éclairages populaires qui pourra nous sauver à terme. Un peu à la manière d’une petite boite qui est a l’intérieur d’une boite plus grande, celle ci étant également contenue par une plus grande encore…etc…etc. Car finalement nous misons tout sur la dernière boite, celle qui incarne l’état. Mais sans les autres boites qu’il contient, cet Etat n’est qu’une boite vide. Il faut dépasser les hiérarchies du pouvoir institutionnel qui nous hypnotisent parfois mais qui ne fonctionnent pas car elles sont déconnectés du vrai savoir et pouvoir de la base. Il faut « horizontaliser » les légitimités en sortant les petites boites qui sont enfermées dans les plus grandes et en les alignant les unes à coté des autres.  Il y a maintenant moins l’urgence de reconstruire ce qui ne marchait pas que de réinventer quelque chose qui fonctionne enfin et sur la base de ce que « nous » sommes : des individus connectés, informés et éduqués les uns par les autres. C’est çà la vraie force du Mali.

 

 

C’est par ailleurs le seul moyen de ramener le peuple à la politique : en lui donnant les moyens de participer directement dans la gestion et la surveillance de l’administration publique. Et ce quelque soit l’échelle, nationale, régionale, municipale.

Vers les municipales

 

Les municipales justement seront l’occasion de commencer cette démarche en soutenant des candidats issus de leur commune qui s’impliquent et sont soucieux de son développement équilibré. Des candidats qui communiquent, échangent, écoutent, prennent des positions en concertation avec tout le monde, quelque soit les origines économiques et sociales des interlocuteurs et qui s’engagent a entretenir cette démarche une fois élu. Des candidats qui sauront également maintenir un lien avec les députés qui ne seront plus au dessus des maires et conseils, en haut de la chaine politique mais a leur coté, en dialogue équilibré et continu. C’est par ce chemin de connectivité participative entre citoyens et politiques que nous inventerons et construirons une véritable émergence de notre nation.

 

 

Bien sur il y aura des résistances parfois car cela demande une certaine révolution de nos manières de penser. Mais ce n’est pas une révolution en terme de chahut, d’instabilité ou d’anarchie. C’est une révolution dans le sens d’un retour à ce qu’il y à de meilleure en « nous » mêmes.

 

 

Boubacar Boré

Président du Yerewolo ton

Le 26 novembre 2013

 

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8 COMMENTAIRES

  1. Comme on dit dans ce pays, on sait « qui est qui ». On sait qui est vraiment démocrate non seulement en parole mais dans la pratique, on sait qui est prêt à s’associer au diable.
    Bien sûr, je ne peux pas comprendre comment un républicain, un démocrate peut appuyer un coup d’Etat.
    Je vous le dis, nous allons combattre de toutes nos forces tout ce qui peut, à un moment ou un autre, présenter un danger pour la démocratie et la République.
    Soumana SACKO

    • Je ne fais pas parti de cette association et je découvre que maintenant l’article. Mais de quel république et démocratie parlez vous ? Relisez l’article au lieu de sortir vos grandes phrases et laissez s’exprimer différentes idées que les votre, c’est ça aussi qu’il faut défendre.

  2. “Yerewolo ton”. Vous êtes “yerewolo” par rapport à qui? Si vous vous battez pour le Grand Mali, débarrassez-vous de cette appellation saugrenue et inopportune qui pourrait être à la longue d’une puanteur qui rappelle une autre triste période de l’humanité. En d’autres termes, le communautarisme a toujours été l’antichambre du fascisme.

    • YEREWOLO signifie t-il s’autocréer oubien se donner naissance ou encore être autonome? Aidez moi à comprendre.

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