Un mot est sur toutes les lèvres et dans toutes les bouches, c’est le mot Azawad. Malgré des débats passionnés, passionnants, des interpellations virulentes, la Conférence d’entente n’a pu trancher la question.
Il faut dire que la question éveille toutes les passions, et pour tenter d’y répondre il faut réussir le difficile exercice de se mettre à la place des opposants, des partisans et tenter de faire un exercice de synthèse.
Sur un plan géographique, l’Azawad est une cuvette située entre Tombouctou et Araouane, c’est une zone où venaient paitre les animaux. Vous retrouvez ce nom sur toutes les cartes officielles du Mali, produites par l’institut de géographie du Mali. Donc sur l’existence du terme il ne doit pas y avoir de débats donc pour ceux qui persistent à dire que l’Azawad n’existe pas, il y a lieu de mettre un peu d’eau dans le tchapalo.
Pour les mouvements rebelles, qui réclament une autonomie, ou une indépendance, il est nécessaire de réunir un certain nombre d’éléments fédérateurs. Pour cela on délimite le territoire que l’on revendique, on choisit un drapeau et on baptise les lieux. Voilà comment depuis les années 90 les mouvements ont décidé de revendiquer l’autonomie de l’ensemble des trois régions du Nord, qu’ils ont décidé d’appeler Azawad. Ils auraient pu décider de l’appeler autrement.
C’est donc le nom de baptême qui a été choisi et qui restera dans les mémoires. La plupart des groupes armées utiliseront le terme Azawad sans leur cycle sauf le Mouvement touareg du Nord-Mali (MTNM), Alliance démocratique du 23 mai pour le changement (ADC), et l’Alliance touareg du Nord-Mali pour le changement (ATNMC).
En d’autre terme ils ont choisi le terme Azawad et lui ont donné un contenu politique, une délimitation géographique, un drapeau, et ce sont battus pour son indépendance, son autonomie, ils auraient très bien pu l’appeler l’Adrar.
Sauf qu’à force de ne pas apporter le traitement politique efficace, et à continuer à mettre la poussière sous le tapis, la notion de l’Azawad politique est devenue le point de ralliement de tous les radicaux de la zones, décidés à prendre les armes pour exprimer leur rejet. Pour motiver du monde vous avez besoin d’un objectif, d’un projet politique et c’est ce qu’est devenu l’Azawad.
Pour les autres, la majorité des Maliens et spécialement des habitants des 3 régions du nord l’Azawad est une supercherie qui n’a jamais recouvert ces 3 Régions du nord, sans aucune existence historique. Pour eux c’est le projet politique qu’il faut combattre, car ils sont directement concernés par les conséquences des conflits qui peuvent en découler.
Ils reconnaissent cependant l’existence de l’Azawad comme une cuvette située dans la Région de Tombouctou/Taoudéni comme il existe d’autre zone dite géographique et culturelle comme le Dendi, Le Gourma ou le Wassolou.
Ces deux positions sont réconciliables et pour cela, il faut appliquer d’une part la loi, qui confère à chaque région du Mali le choix de prendre la dénomination qu’elle souhaite, de plus il faut dépolitiser cette notion.
Dès lors que les Accords de Ouaga ont été signés et que tous les mouvements rebelles acceptent l’unité et l’intégrité nationale, l’Azawad comme symbole d’une revendication autonomiste, tombe, mais il faut y apporter le traitement politique nécessaire afin de désamorcer les esprits.
Les rebelles d’aujourd’hui sont les enfants du pacte nationale, pacte qui n’a pas permis de résoudre justement la crise politique née en 1991, qui n’a pas permis de recoudre le tissu social et de baptiser ce que l’on présentait alors qu’on la nouvelle Nation malienne.
En réalité tout ce débat autour de l’Azawad est une façon de faire croire qu’on prend en charge les préoccupations de ces partisans, quand en réalité, plus que de sémantique ils ont besoin de voir se concrétiser les projets de développement, le retour de la sécurité, des services sociaux de base.
Tant qu’il y aura des révoltés, le débat sur l’Azawad ne sera pas clos, il faut donc gagner les cœurs et les esprits!
Par askiamohamed