A l’aube de ce jour sombre, tout le village se réveilla consterné par le message du crieur public. La belle jument sacrée, le bouclier occulte du village, la compagnonne inséparable du chef traditionnel venait de disparaître. Tous les patriarches des différentes tribus étaient immédiatement conviés à une réunion dans le vestibule du chef.
A l’entame des discussions, le message du chef fut on ne peut plus précis : « selon le Maître charlatan de notre communauté, dont la parole ne fut jamais mise en doute, la jument sacrée se trouve à l’Est de la forêt du village. Sa recherche est périlleuse. Mais, il faut la ramener avant le troisième jour de sa disparition, sinon une météorite s’abattra sur le village. Elle sera d’une telle violence, qu’elle mettra tout le village en lambeaux. Notre grand Maître charlatan recommande pour cette mission vitale, que le premier né de chaque famille y prenne part. Alors, je vous commande de faire comme il dit et de laisser mon premier né, le Prince Matiè les conduire. Et faites vite. Ils doivent quitter avant le lever du soleil ».
Ce fut chose faite. Pour une fois, depuis belle lurette, tous les patriarches obéirent religieusement à l’ordre entonné sans murmure. Chacun voyait déjà descendre du ciel la météorite fatale. C’était une mission commune pour vivre ou mourir.
Maintenant, notre troupe de guerriers était arrivée aux abords de l’Est de la forêt. Le Prince Matiè tint un conseil : « Vous savez certainement que je descends du plus grand chasseur de démons de toute la contrée. Mon aïeul Tièbashi faisait aussi bien la guerre aux hommes que la guerre aux djinns. Jamais, il ne reculait devant le danger avant de l’apprivoiser. Digne héritier d’un tel homme ne saurait fuir son destin, et devant le péril ne saurait vous prodiguer un autre conseil que ces deux mots, si courts en apparence mais si lourds d’esprits : VAINCRE ou MOURIR. . Je sais quel prix vous accordez chacun à l’honneur de vos tribus, dont le destin commun s’est forgé à la lame de l’épée. Encore une fois, en ce tournant de l’histoire, la mort nous rappelle que nous n’avons de salut que dans l’unité : soit nous ramenons cette jument demain avant la tombée du soleil soit nous nous préparons pour après demain, la fin de l’Histoire ».
Après ce discours qui a requinqué les cœurs de ses hommes, le Prince Matiè les repartit en groupes de six, et ils investirent la forêt orientale. Ils passèrent la nuit de ce premier jour à marcher sans dormir, et sans se plaindre marchèrent toute la nuit, endurant tout au passage pour le célèbre village des Bô, pour leurs femmes et leurs enfants et pour leur propre vie. Ô qu’elle était belle cette marche ! La marche de la confiance, la marche pour la liberté, la marche pour la survie, mais aussi la marche vers l’inconnu qui les faisait jalousement veiller les uns sur les autres. La jument sacrée, et si c’était les djinns qui la détenaient ? C’était le défi qu’ils redoutaient le plus, mais résolus à le relever, pas forcément par bravoure, parce qu’à leurs yeux il n’y a pas d’alternative ; après demain la météorite leur tombera sur les têtes.
Dans la deuxième journée, vers 13H, sous un soleil de plomb, exténués et désespérés, ils se retrouvèrent tous par hasard aux pieds d’une colline. Soudainement, tous aperçurent la jument sacrée au sommet en train de brouter. Sans réfléchir, comme entrainés par le vent, ils se lancèrent tous comme un seul homme vers elle. Deux lions féroces surgis de nulle part coupèrent net leur course et se mirent à déchiqueter ses victimes. Les balles et les flèches semblaient les exciter davantage. Devant ce spectacle affreux, le Prince étourdi ordonna de battre retraite. Dans cet élan subit, notre jeune troupe y a laissé douze braves hommes. Ils n’étaient plus que 24.
Après avoir repris leurs esprits, le Prince Matiè se rappela qu’un soir, son grand père lui avait conté en privé l’histoire de deux lions féroces, en réalité deux indomptables djinns jumeaux, qui avaient décimé voilà bientôt 100 ans les 99 des 111 villages que comptait le royaume Bô. Ces démons avaient apparu après la mort de son aïeul Tièbashi, et disparu après avoir massacré les habitants de ces 99 villages, nombre sacrificiel de leur clan démoniaque. C’était la revanche des « Ifrits ». Rien à faire, ces deux lions tueront autant qu’il faudra. Rongé par la peur, il dit à ses hommes : « Reprenez-vous ! Nous mourrons ici aujourd’hui ou nous mourrons demain, qu’est-ce que cela change ? Tout ce qui vit a un talon d’Achille. Nous pouvons tuer ces deux lions féroces, pas par nos fers il va sans dire, mais par la stratégie et la force de nos propres mains. Si nous y arrivons en mourant, nos familles vivront. Et si nous n’y arrivons pas, demain nous mourrons de toute façon ».
Le Prince Matiè repartit sa troupe en deux colonnes de 10 hommes, chargée chacune d’attaquer de front comme un seul homme l’un des lions. Les deux autres hommes restants, Yèrèdi et Timinandia, les plus vifs d’entre eux, furent chargés de remonter la colline par l’arrière, attraper la jument sacrée et la conduire sitôt sans détour jusqu’au chef de village. A leur arrivée, ils ne devraient dire autre chose que ceci : « Les Princes de Bô vous disent salut »
Une fois, leurs deux colonnes constituées, les hommes hésitèrent. Certains dirent que Dieu n’était pas si méchant à laisser mourir tout un village à cause d’une jument aussi sacrée soit-elle. Ils crièrent à la superstition des vieux. D’autres n’étaient plus d’accord avec le choix des deux hommes. Liberté d’opinion, c’était un prétexte. Le temps, fidèle à la sienne, suivait son imperturbable chemin. On s’approchait de la tombée du soleil. Devant la mort, les hommes sont parfois méconnaissables. Et ça, personne ne l’aurait appris au fils de Tièbachi. Dans ce brouhaha, le Prince Matiè fit signe au tandem Yèrèdi de partir, et aussitôt il se lança seul vers l’un des lions en criant : « Pour que vive Bô ! ». Les deux lions bondirent ensemble contre le Prince. Voyant ce spectacle désespéré, et de quel ordre ! Les hommes s’arrêtèrent de penser et tombèrent comme la tempête sur ces démons. Ce fut un carnage. Le Prince Matiè y laissa la vie, mais les deux lions aussi. Ces invulnérables furent tués par des coups fatals que leur assénèrent dans la folie de leur instinct certains guerriers, avec les os de leurs camarades. Seuls deux de ces braves hommes survécurent un instant à ce combat acharné, mais aussitôt après moururent des suites de leurs blessures.
La jument sacrée, quant à elle, échappa à ses ravisseurs jusqu’au matin du troisième jour. Mais, il n’y eut point de météorite.
Arrivés au village, tout le monde était terré chez soi, en attendant inévitablement une mort atroce. Il était midi. La jument sacrée était là dans le village, mais il était quand-même midi du troisième jour. Les deux braves hommes, Yèrèdi et Timinandia, aigris par tant de sacrifices pour une superstition creuse et meurtrière, se rendirent d’abord chez le Maitre charlatan. Ils le décapitèrent. Ensuite, ils ramenèrent la jument sacrée chez le chef de village et lui racontèrent toute l’histoire. . Après les avoir sagement écoutés, le chef de village leur répliqua : « Vous avez quand-même sauvé Bô des deux djinns féroces. Contrairement aux récits, on sait maintenant qu’ils sont vulnérables. Plus jamais aucun « Ifrit » n’osera prendre en otage notre jument sacrée. ».
Le chef de village convoqua un grand conseil de village et leur transmit cet unique message: « Les Princes de Bô vous disent salut ».
C’est ce jour-là, qu’est née la légende des 36. Certains continuèrent à croire que la jument sacrée les avait sauvés de la météorite, d’autres qu’elle les avait sauvés des deux lions féroces et démoniaques qui, sans elle, auraient attaqué à l’improviste et décimé tout le village. En un peuple inculte, les superstitions ont la vie dure. Les vrais héros de la légende des 36, les 36 princes de Bô, seuls les sages entretinrent cette vaillante mémoire dans leurs cercles restreints.
Cependant, le père du Prince Matiè se jura de ne plus consulter aucun charlatan et de ne négliger aucun danger lointain. Désormais, il ne consultera que les grands patriarches et sa conscience, et préparera toujours le village à faire face au pire. C’était le sens caché du message du Prince Matiè :
« Le SALUT est dans l’ANTICIPATION ».
TOUS DROITS RESERVES A,
Mahamadou Konaté
Je pense bien selon cette histoire : La jument sacrée reste KIDAL, les 02 lions ( SERVAL et la MINUSMA) et la FRANCE le charlatan.
Pour se faire, il faut d’abord faire face aux 02 lions , tuer le charlatan , prendre et manger la jument pour de bon .
Putaiiiin!! mais réveillez vous enfin. Vous êtes encore au stade de croire en ce genre d’idiotie. On est 2014.
Une histoire qui colle parfaitement avec ce que nous vivons.
Une histoire qui colle parfaitement avec ce que nous vivons.
Je me réjouis que des initiatives se font valoir pour réveiller le sens du devoir et de la morale chez nos concitoyens.
Merci de m’assister à ouvrir les yeux.
La Jument sacrée, C’est Kidal ou quoi? Et ces deux lions démoniaques, c’est ki? La france peut-être? Une histoire à conter en bamanan à sa famille, je pense. C’est amusant et instructif.
REVEIL TU AS OUBLIER LA MINUSMA AUSSI .
JE SUIS TRES TRISSTE POUR MON PEUPLE ET POUR L AFRIQUE
Que le puissant Dieu sauve le Mali, j' invite les maliens à cultiver le patriotisme
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