Les émigrés ouest-africains se sont toujours regroupés pour faire face à leurs préoccupations. Pour ce faire, ils mettent sur pied des Associations dont l’appellation change selon l’époque.
Aujourd’hui, l’Association des ressortissants de la Cedeao a pris le relais avec plus d’envergure et de structuration. Ses activités reposent sur une démarche collégiale, indique Coffi, son secrétaire général. «Aujourd’hui, nous vivons en parfaite harmonie et en parfaite intégration avec les Congolais. Pour preuve, la mixité que nos prédécesseurs ont connue, nous la vivons et nous l’entretenons par le biais du mariage et du brassage culturel et ethnique», fait remarquer M Coffi.
Autant alors dire que pour cette communauté, le Congo-Brazzaville est un véritable havre de paix et de tolérance.
Il était une fois… …Le chemin de fer Congo Océan
L’émigration d’Africains au Congo est intimement liée à l’exploitation des ressources du pays par le colonisateur français avec la construction du port en eau profonde à Pointe-Noire et celle du chemin de fer Congo Océan. Ces deux infrastructures ont attiré une main-d’œuvre composée d’émigrés africains.
La colonisation a suscité et créé le phénomène de la migration en Afrique centrale, notamment en République du Congo. En effet, à l’origine de cette dynamique migratoire était la construction d’infrastructures de base pour l’extraction des richesses minières au grand profit des colonies vers la France.
C’est dans ce sillage que le port de Pointe-Noire a été construit en 1936 en eau profonde avec des quais qui permettent aux bateaux d’accoster. Auparavant, ce n’était qu’un wharf où les bateaux accostaient loin en pleine mer et le débarquement des marchandises se faisait en deux étapes, comme le fait remarquer Mansour Paraiso.
Pour faciliter la transaction du caoutchouc et du bois d’œuvre qui provenaient de toute l’Afrique centrale, une jonction avec le port était nécessaire ; d’où la construction du chemin de fer Congo Océan. A l’époque, ce réseau ferroviaire ne couvrait que l’axe Pointe-Noire/Brazzaville qui est d’une distance de 550 kilomètres.
En outre, le réseau ferroviaire avait pour but de faciliter le commerce d’exportation vers la métropole, en échange de produits manufacturés (huile, vin, farine, etc.)
Charles Ayina Akilotan y a travaillé jusqu’à la retraite. Ce fils de béninois né au Congo y a passé toute sa carrière. Il est très nostalgique de cette époque. Malgré ses 72 ans, il poursuit toujours le bricolage à son domicile. «On était formé sur le tas. S’il y’avait une petite panne ou un déraillement, on nous consignait pendant deux ou trois jours», se souvient-il.
Le travail était manuel. La plus forte légion dans le secteur était composée de Béninois, Togolais et Centrafricains. La rémunération mensuelle était de 7200 francs, en 1952, comme l’indique Charles Ayina. En ce temps-là, le train était le seul moyen de transport pour les marchandises et quelques rare fois des personnes.
Aujourd’hui, la ligne du chemin de fer a connu une extension vers Dolisie et Mayombe avec des couchettes. D’ailleurs, à cause des aléas, il pourrait être fortement concurrencé, d’autant plus que la route entre Pointe-Noire et Brazzaville s’avère très opérationnelle pour le transport de marchandises par de gros porteurs.