USA – Russie: l’équilibre de la terreur

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La plupart des pays du Tiers Monde rendent en ce moment un hommage appuyé à Fidel Castro, surnommé « Lider Maximo » ou encore « El Comandante ». L’homme a traversé les époques, résolument engagé auprès des pays colonisés en lutte pour leur indépendance et affrontant les pires bourrasques sans jamais renier ses convictions.

Quel jeune africain de la fin des années 1960 n’a- t-il pas été impressionné par les faits d’armes de ce combattant et de son fidèle compagnon Ernesto Guevara dit le « Che » ? C’est grâce à eux que la jeunesse africaine fraichement sortie du système de domination coloniale va découvrir la lutte révolutionnaire et apprendre à stigmatiser l’impérialisme. Au Mali dont le premier modèle politique a été le socialisme, Fidel Castro et le « Che » étaient considérés par la jeunesse militante des années 1970 comme des héros et des modèles. Des tricots, bérets et casquettes à leur effigie étaient portés avec une grande fierté. Amilcar Cabral, considéré comme leur pendant africain, fera lui aussi des émules. Le « bonnet Cabral » sera un signe d’appartenance à la lutte avant-gardiste contre l’impérialisme occidental. Le « Che » et Cabral seront assassinés mais Castro restera débout jusqu’à la fin, réussissant même à faire de Cuba une enclave communiste irréductible à seulement 150 km des côtes américaines. Comment un pays aussi petit et son président ont-ils pu survivre en contrariant autant les Etats-Unis ? Le soutien du peuple cubain, s’il a été important ne suffit pas à lui seul pour expliquer la longévité du système Castro. Les circonstances de la mort de Sadam Hussein et de Kadhafi, deux hommes qui paraissaient tout aussi puissants, vont apporter une réponse quelque peu diffuse à la question, avant que les évènements de Crimée et la crise syrienne mettent à nu une réalité pourtant simple.

L’Union Soviétique d’avant, la Russie d’aujourd’hui ont décrété Cuba, la Crimée et la Syrie, zones d’influence exclusive, placées comme telles sous leur parapluie atomique. L’équilibre du monde, c’est-à-dire le maintien du statu quo partout dépend du respect de ce décret. C’est un traitement dont n’a bénéficié ni l’Irak, ni la Libye dont les dirigeants étaient plutôt imprévisibles. Si la guerre froide dans sa forme originelle a vécu, la réalité qui la sous-tend continue de valoir. Entre Américains et Russes, personne ne peut jouer avec la détermination de l’autre sur le terrain militaire car, après avoir accumulé un nombre impressionnant d’arsenaux de guerre sur terre et au-dessus de nos têtes, une confrontation signifierait la fin pour tout le monde. L’équilibre de la terreur ainsi clairement établie et acceptée conditionne l’équilibre général du monde, chacun connaissant et respectant scrupuleusement les lignes rouges à ne pas franchir. Voilà pourquoi Castro a tenu si longtemps et comment Bachar El Assad se retrouve sous perfusion et en voie de rétablissement, malgré les états d’âme de certains chefs d’Etat européens et tous les griefs à son passif. Fidèle Castro laisse le souvenir d’un révolutionnaire convaincu qui a réussi à donner un rayonnement international à son pays. Les médecins cubains sont réputés et se rencontrent dans tous les hôpitaux du monde, pendant que les sportifs cubains et la « salsa cubana » occupent une place plus qu’honorable dans le concert des nations.

Si de nombreux opposants au système Castro ont dû, pour échapper à la répression s’exiler aux Etats-Unis, les plus graves violations des droits de l’homme constatées sur l’île ces derniers temps ont eu pour cadre le camp de Guantanamo. Cependant, la parenthèse douloureuse de Guantanamo n’est pas l’œuvre de Fidèle Castro !

Mahamadou CAMARA
Email : camara.mc.camara@gmail.com

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