Une politique cohérente et vitale de l’emploi

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Le manque d’emploi ou sa disponibilité sont des facteurs déterminants dans la paix sociale dans un pays. La lutte contre le chômage est une composante essentielle de la lutte générale contre la pauvreté. En effet, emploi et pauvreté sont deux phénomènes étroitement liés. L’augmentation du taux d’emploi est signe de prospérité et stabilité économique alors que la hausse du taux du chômage indique l’accroissement de la pauvreté. La promotion de l’emploi s’impose donc naturellement comme une priorité absolue pour nous. L’emploi est le levier majeur de toute politique et stratégie de lutte contre la pauvreté. Nous avons donc décidé de faire de cette lutte, la pierre angulaire de notre politique de développement.

Déjà en 2004 la situation de l’emploi pour l’ensemble de notre population en âge de travailler était d’environ 45 %. La situation s’est considérablement détériorée ces dernières années. Remarquablement, le taux de chômage augmente au fur et à mesure que l’on s’éloigne de la capitale. Le chômage est en effet présent en milieu rural. Le chômage est un phénomène qui touche fortement les femmes et les jeunes de notre pays. La mise en œuvre d’un programme d’action pour l’emploi en vue de réduire la pauvreté est obligatoire. C’est pour cette raison que le projet de société que nous proposons repose sur un ambitieux programme destiné à lutter contre le chômage et la mise en œuvre d’un plan d’action pour l’emploi salarié.

Des politiques ciblées doivent être mises en place pour faire reculer le chômage et pour promouvoir l’emploi :

Faire du secteur privé le catalyseur de la croissance économique et de la création d’emploi. Favoriser l’émergence d’une vraie culture de l’initiative privée formelle. Encourager le développement de l’entreprenariat privé et de l’emploi indépendant. Renforcer le secteur des petites et moyennes entreprises (PME). Faire la promotion de l’artisanat et de l’amélioration de l’environnement des entreprises informelles.

Mettre en place des programmes d’investissements publics qui seraient de préférence à haute intensité de main d’œuvre. Développer de petites industries rurales tournées notamment vers les services à l’agriculture.

Privilégier des initiatives locales participatives de projets d’infrastructures et d’aménagements hydro-agricoles à haute intensité de main d’œuvre afin de créer des emplois pour les catégories les plus démunies de la population et d’améliorer leurs conditions de vie en mettant à leur disposition des infrastructures et services sociaux de base.

Soutenir le secteur informel en renforçant ses capacités institutionnelles et en mettant en place des mécanismes de financement adaptés (microcrédit individuel, crédit de groupe, banques pourvoyeuses de capital-risque, etc.). Créer des fonds d’appui à la formation professionnelle et à l’apprentissage pour accompagner les opérateurs économiques.

En effet, nous avons adopté un plan d’action ambitieux dans la lutte contre la pauvreté. Nous entendons développer la capacité humaine et institutionnelle dont nous avons besoin pour atteindre nos objectifs de développement.

L’objet principal de notre engagement est le développement humain. Le moyen employé pour réaliser notre engagement est sans doute le renforcement des capacités. Nous nous attachons à favoriser le développement humain afin de permettre à nos citoyens d’accéder aux connaissances, à l’expérience et aux ressources qui leur permettront d’améliorer leurs conditions de vie.

Nous considérons le renforcement des capacités comme la plus grande contribution au développement. Tous nos efforts doivent viser à l’obtention de réelles améliorations de la vie de nos populations et des choix et possibilités qui s’offrent à elles. Les efforts de développement ne sauraient porter des résultats concluants et durables en l’absence d’une valorisation des ressources humaines. Nous devons mettre un accent fort sur la formation des ressources humaines. Il est nécessaire d’opérer des mesures favorables à la promotion du rôle des compétences nationales, à la mise en confiance des expatriés nationaux pour garantir une masse critique de compétences nécessaires au progrès économique et social de notre nation.

Le Mali doit se doter d’un programme cohérent et systématique de renforcement des capacités humaines car l’enjeu essentiel du développement économique et social du pays est la formation d’une masse critique de ressources humaines compétentes qui seront effectivement utilisées pour la mise en œuvre des immenses potentialités de notre pays. Il est essentiel de trouver des solutions durables à la formation des capacités humaines pour le développement.

Il est autant important de mettre en place une stratégie fiable de développement des capacités humaines en général et des ressources aux cadres d’entreprises et intellectuels en particulier. En effet, nous devons faire une évaluation systématique des ressources humaines qualifiées, à travers la formation, la gestion et l’attraction des ressources intellectuelles se trouvant hors du pays afin de pouvoir faire des projections fiables et réalistes pour résoudre le problème des cadres d’État, d’entreprises et des leaders du secteur privé. L’objectif est d’accroître de façon substantielle le nombre de cadres compétents capables de concevoir et d’exécuter des programmes de développement ou de créer et consolider les entreprises privées.

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Nous devons développer une stratégie de renforcement des capacités humaines basée sur les critères suivants :

Il nous faut une utilisation optimale des ressources existantes. Nous devons nous engager sur la voie de la rénovation de la fonction publique, en adaptant et en revalorisant le statut des fonctionnaires, et en prenant des mesures concrètes. Corriger les imperfections (le clientélisme, le non-respect des normes, etc.) dans la gestion des cadres de l’administration publique afin d’améliorer les performances et la qualité de ces mêmes cadres.

La mise en place d’un programme dynamique et cohérent de formation des ressources humaines. Le secteur de l’éducation doit être considéré comme un domaine prioritaire en bénéficiant d’un budget conséquent et évolutif. Les réformes du système éducatif doivent se dérouler sur trois composantes : rendre l’éducation accessible à l’ensemble des maliens, améliorer l’efficacité interne et externe du système éducatif, et corriger les grandes disparités pour une plus grande équité et une justice sociale.

Pour accroître l’impact de l’éducation au niveau supérieur sur le développement économique et social, l’adéquation entre la formation et l’emploi mérite une attention particulière de la part de tous les acteurs du système éducatif.

Notre engagement doit être de doter le pays d’un système d’enseignement supérieur pour la formation de plus de cadres supérieurs de l’administration publique, des ingénieurs, des médecins, des agronomes et des professeurs.

Améliorer l’accès des capacités d’accueil, la qualité et la pertinence. Les diplômés doivent pouvoir trouver de l’emploi ou d’en créer pour eux-mêmes et pour d’autres.

Apporter un soutien financier adéquat aux centres de recherche. Les chercheurs, de leur côté, doivent montrer leurs talents dans l’élaboration des projets ou programmes de recherche pertinents et attirer le secteur privé dans le financement de la recherche.

Initier de projets viables d’appui au développement de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique. Il faudra aussi des investissements importants dans la réhabilitation et la construction des infrastructures, l’amélioration des bibliothèques, des laboratoires et des ateliers, la formation du personnel enseignant, la rénovation des programmes d’enseignement selon les critères de la qualité et de la pertinence.

En plus de la formation initiale, la formation continue des ressources humaines devra être mieux organisée et soutenue par l’administration et les Institutions locales et internationales. Structurer des programmes d’action de développement comme le programme d’appui aux initiatives de base, le renforcement des capacités de l’administration publique et celui des organisations de la société civile.

Nous devons aussi avoir une politique viable d’insertion de l’expertise des nationaux qui vivent à l’étranger. De nombreux cadres administratifs et techniques, entrepreneurs et gestionnaires d’une haute compétence continuent de résider en dehors du Mali. Cela constitue un manque à gagner pour notre pays qui a besoin de ressources humaines qualifiées. Il est nécessaire d’opérer une politique efficace d’attraction et de rétention des cadres compétents à l’étranger : la mise en place de programmes d’appui au retour et à la réinsertion des nationaux expatriés disposant de haute compétence ; la revalorisation du statut du fonctionnaire qui doit être mis à l’abris du besoin en lui payant une rémunération adéquate et en lui assurant une pension de retraite appropriée ; le renforcement de l’État de droit ; la dépolitisation de l’administration publique et l’application d’un code déontologique qui garantissent le respect des critères de mérite et de compétence dans le recrutement et la promotion.

Il est crucial de mettre en place une politique qui mettra en confiance les maliens de l’étranger ; créer des conditions nécessaires pour faciliter leur retour et leur réinsertion économique, sociale et professionnelle ; leur donner l’opportunité de pouvoir bénéficier de postes de responsabilité dans l’administration publique ; assurer leur réinsertion dans le secteur privé pour profiter des nouvelles opportunités de l’économie.

Il est sûrement nécessaire de prendre des mesures incitatives en matière d’investissement qui favorisent les entrepreneurs maliens résidant à l’extérieur avec la possibilité de rapatrier les capitaux et bénéfices de leur pays de résidence. La rénovation du code des investissements et la réglementation des transferts de devises sont des instruments destinés à encourager les investissements des maliens de l’étranger dans l’économie nationale. En effet, il est tout à fait opportun d’attirer les capitaux détenus par ces maliens qui contribuent déjà à la hauteur de plus de 3 milliards d’euros à l’économie nationale. Aussi leurs talents et connaissances en affaires ainsi que leurs relations personnelles sont autant d’atouts pour la relance de la machine économique du secteur privé. Nous devons aussi mettre à profit les capacités des adultes âgés par la création de tutorats.

Quant aux capacités institutionnelles, elles doivent toujours couvrir un champ et un éventail d’aptitudes extrêmement vastes faisant intervenir l’ensemble des pouvoirs publics et leur capacité à former les ressources humaines au fur et à mesure qu’elles se renouvellent.

De solides politiques macroéconomiques, et notamment un cadre propice et transparent pour la vie des entreprises nationales ainsi qu’un secteur financier efficient fondé sur la primauté du droit, sont autant d’exigences fondamentales. Il faut pour cela compter sur une capacité de gestion macroéconomique effective, comprenant les moyens voulus sur le plan législatif et réglementaire ainsi que des aptitudes de gestion de la dette.

Pour faire reculer la pauvreté, il faut de solides aptitudes de gestion des finances publiques, des programmes de dépenses pluriannuels et un système performant de suivi des dépenses. Mais aussi, compter sur de bonnes aptitudes d’administration fiscale.

Améliorer les capacités statistiques pour affiner l’analyse de la pauvreté et de son impact social et pour faciliter un suivi plus effectif des progrès accomplis dans la perspective des objectifs de développement.

Renforcer la capacité d’acheminement des services publics. Développer les aptitudes locales, non seulement au sein des pouvoirs publics, mais aussi au cœur de la société civile, dans la recherche locale et dans les organismes de contrôle indépendants.

Face aux défis du développement, Il est certes nécessaire d’amplifier nos activités d’appui aux capacités organisationnelles, renforçant les institutions de manière à ce qu’elles autonomisent le public qu’elles desservent. Il est aussi fondamental que nous nous attachons à soutenir les institutions qui sauvegardent la stabilité politique et économique, qui favorisent une répartition équitable des ressources, qui accroissent la transparence et la responsabilité publiques et qui contribuent à l’instauration d’un développement humain durable.

Cheick Boucadry Traore

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