Un nouveau tournant dans la crise malienne ?

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Le départ forcé de Cheick Modibo DIARRA de la primature dans la nuit du lundi 10 au mardi 11 décembre a  le mérite de confirmer  à  ceux  qui en doutaient encore que le vrai pouvoir se trouve encore à Kati ; il ne sert à rien de faire la politique de l’autruche.

L’ex-premier ministre l’avait si bien compris qu’il a, au cours de toute sa mandature chichement ignoré voire méprisé le Président par intérim. On se rappelle de ses sorties rocambolesques au cours de l’interview qu’il a accordée aux journalistes à la veille du retour de Paris en juillet 2012 du Président par intérim. On se rappelle aussi de la sortie il y a quelques jours de son chef de cabinet à propos de la mission conduite par le ministre des affaires étrangères à Ouagadougou pour rencontrer le MNLA et Ançardine.  Il a appris à ses dépens qu’une situation politique n’est jamais stationnaire. Cependant, malgré son aspect anticonstitutionnel et cocasse ce dernier évènement est, sans doute un nouveau tournant dans la crise malienne. Il  a ouvert  la voie à une nouvelle perspective pour la transition. En effet, la gouvernance au Mali qui était semblable à une hydre à trois têtes s’est muée en une hydre à deux têtes. Espérons qu’avec la nomination du nouveau premier ministre, la troisième tête ne va pas régénérer comme dans la mythologie grecque dont l’hydre avait quand même bien plus de têtes, sept au total ! Si cela se faisait alors il y aura certainement un Hercule malien qui détruira la bête immonde. Ceci est le scénario catastrophe que nous ne souhaitons pas pour notre pays, car ce serait conduire le Mali dans une impasse dont il s’en sortirait très difficilement.

Le 2ème scénario serait que les « hommes de Kati » soient tentés de façon spectaculaire ou par des subterfuges, genre Concertations Nationales Souveraines de se mettre en première ligne contre la volonté du peuple malien et contre celle de toute la communauté africaine et internationale. L’effet pour notre pays sera encore plus désastreux que dans le premier cas.

Enfin, le 3ème scénario, le meilleur à mon sens, c’est que « les hommes de Kati » qui détiennent aujourd’hui  la réalité du pouvoir acceptent la mise effective sur les rails de la constitution de février 1992 et en tirent les conséquences. Dans son discours à la nation du mardi 12 décembre 2012, parlant des gages à donner aux partenaires du Mali, le Président a déclaré (4ème  paragraphe du 2ème chapitre) nous citons : « Car ne nous y trompons pas ; le Mali n’est pas une île perdue aux confins des océans, le Mali ne peut pas vivre seul. Nous sommes membre à part entière de la Communauté des nations et par là même tenus à remplir nos contrats ». Je souhaite que la sagesse et l’esprit de patriotisme inspirent le Capitaine et ses hommes pour accompagner le Président par intérim qu’ils ont certainement  appris à connaître et son nouveau premier ministre à aller à l’essentiel : libérer les zones occupées et organiser les élections libres, transparentes et démocratiques.

Qu’Ama bénisse le Mali !

Hamidou ONGOÏBA  Professeur à la retraite

B.P E 1045 Bamako

 

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