Je ne cherche pas à convaincre de la justesse de ma démarche à soutenir Soumaila Cissé; mais, plutôt, à la justifier, au regard de l’histoire récente de notre parti. Je pourrais avoir tort. Peut-être? Mais mes Koro pourraient se demander si je n’aurais pu avoir raison. L’avenir le dira. Cela dit, je rentre dans le rang. Ce n’est ni une erreur commise de bonne foi, encore moins une illusion; mais, le rêve éveillé d’un authentique militant. Mes Koro comprendront que je rentre dans le rang sans rechigner. Qu’ils veillent bien cependant me pardonner de dire, une fois pour toutes, que la primaire au sein du parti est pour le mieux inadéquate et, au pire, dangereuse.
Nous sommes à la veille d’un choix décisif pour l’avenir du Mali et du parti. Mais nous ne faisons pas nôtres les préoccupations des Maliennes et des Maliens. Donc, ce consensus, où le trouver?
Je me demande si l’on n’est pas allé trop loin dans l’art des combinaisons dangereuses. La foire d’empoigne reprend. La haine viscérale des uns envers les autres est en passe de devenir une constante au sein du parti.
Quant à se prévaloir du soutien de militants stipendiés, je pense que c’est une erreur vis à vis de ceux qui souffrent du spectacle affligeant du chômage, du surendettement, des périls majeurs qui planent sur le Mali, dont Al Qaida, l’insécurité urbaine, le délitement de l’Etat, l’économie chancelante, ne sont que des épiphénomènes. Cela n’a l’air d’intéresser bien des candidats à la candidature.
Messieurs les candidats, au-delà de vos pamphlets dans la presse à sensation, pour faire de la politique politicienne, que proposez-vous aux Maliens? De qui se moque-t-on? Des militants ou de notre démocratie?
Le Parti Africain pour la Solidarité et la Justice serait-il "le parti de gauche le plus bête du monde"? Est-il vraiment nécessaire d’étaler au grand jour les frasques, supposées ou réelles, d’un tel ou d’un tel? Il y a là un risque réel de se couvrir de ridicule, voire de se retrouver soi-même «ridicoculisé» par un de ceux que l’on attaque. Les quelques membres de notre parti qui seraient dignes de la fonction de Président doivent-ils voler si bas pour écraser leurs concurrents?
Beaucoup reprochent à Dioncounda son manque de charisme. C’est stupide. Pourquoi quelqu’un qui n’a pas de charisme ne doit-il, ou ne peut- il, prétendre diriger notre pays, si sa compétence, son patriotisme, son intégrité ne souffrent d’aucune tache? Cet homme de gauche n’aurait-il pas le droit d’être sincèrement de gauche, d’agir en homme de gauche, en contradiction avec l’intérêt de ceux qui se battent pour eux et eux seuls, par souci de justice, d’éthique et par conviction, au nom de l’intérêt général? Ou bien, faut-il croire que ne peuvent voter et s’engager à l’Adéma que des politiques qui ont tout à y gagner et rien à perdre, et qui le font en espérant qu’une victoire du parti servirait leurs seuls intérêts? Alors, faut-il penser que ceux, hommes ou femmes, qui combattent Dioncounda, le trouvent incompatible avec leurs intérêts égoïstes et sordides? Ou voudrait-on que les nouveaux riches soient aussi ceux là qui dictent leurs volontés?
Par contre, il n’est pas question de désigner comme candidat à la présidentielle un homme que l’on peut soupçonner raisonnablement d’accointance avec des milieux peu recommandables. Tel n’est pas le cas de Dioncounda. Evidemment, la primaire est déjà polluée par certains candidats à la candidature qui, chaque fois qu’ils ont un espace dans les journaux, ne parlent ni de leurs visions, ni des alternatives indispensables à apporter, en termes de solutions, aux grands maux dont souffre notre pays, sa société et son économie. Par ailleurs, je crois que les médias en font beaucoup trop.
Je suis militant Adéma, mais j’ai surtout envie, en 2012, de changer de politique pour une politique plus ambitieuse. Alors, donnons-nous cette chance. Quant à l’homme (Dioncounda) je ne suis pas là pour juger de sa capacité à gouverner ou pas, mais suis sûr d’une chose: le Président Konaré ne lui aurait jamais confié successivement trois départements, dont deux régaliens, à diriger, s’il ne présentait pas une certaine aptitude à travailler en équipe et sous pression. Tel n’est pas le cas de certains camarades candidats à la candidature.
Tous ont toujours eu peur de l’Adéma. En 2012, ce pourrait bien être à nouveau le réveil du géant! Que font-ils alors? Ils prient pour qu’on en arrive au clash, en nous faisant nous-mêmes hara kiri. Seraient-ce réellement les médias qui polluent la primaire, ou de médiocres et irresponsables candidats à la candidature? Ressaisissons-nous! On attend de l’Adéma qu’elle parle de son programme, de ses ambitions pour le Mali et non qu’elle fasse les choux gras de la presse.
Cela dit, le candidat désigné par les instances du parti sera le mien, et doit être aussi celui des recalés, avec une adhésion clairement exprimée, recalés qui, comme moi, agiront sans diviser, sans mettre le parti aux enchères. Car c’est ensemble que nous serons plus sûrs de l’avenir dans une seule voie, un seul chemin, dans une même direction, plaise à Dieu, sous peine de faire le jeu de nos adversaires. Le grand Rivarol disait «en morale, on périt pour des crimes, en politique, par des fautes ».
Oumar Sacko Adéma Barou