Un lecteur réagit à la contribution de Yachim Maïga: «Nous sommes face à une absence de politique sécuritaire au Nord»

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Merci pour cet article, qui résume assez bien la situation inquiétante qui est celle de notre pays. Je pense même que tu aurais pu l’intituler «L’absence de politique sécuritaire d’ATT a atteint ses limites», puisqu’en réalité nous sommes face à une absence même de politique sécuritaire par rapport à la crise du Nord. Je me permets d’essayer de répondre à quelques unes de tes interrogations ou situations qui te laissent sans voix. Tout d’abord, en ce qui concerne les journaux de la place, nous constatons que nombre d’entre eux se sont spécialisés dans la démagogie, l’incohérence et le retournement de veste. C’est ainsi qu’ils se sont retrouvés dans l’incapacité de jouer le rôle crucial qui leur revient en démocratie.

Quant à l’incapacité des autorités maliennes à anticiper la collusion entre la rébellion et les revenants de la Libye, il faut savoir que le Mali est piloté à vue, sans aucune gestion prévisionnelle, sans stratégie ni politique cohérente de sécurité et de sûreté, résultat d’une politique visant à mettre n’importe qui à n’importe quel poste.

Quant à l’absence de surveillance et de contrôle des faits et gestes de ces revenants de la Libye, ainsi que des chefs rebelles, je dirais que cette mise sous contrôle qui fait défaut incombait à la sécurité d’Etat. Or, il semble évident que la sécurité d’Etat au Mali, comme dans nombre de pays africains, est au service non pas de la république mais du régime en place.

Quant à la facilité avec laquelle ces gens arrivent à recruter à l’insu de l’Etat, je dirais que, l’Etat étant absent (sur le plan militaire, administratif, social, économique) sur une bonne partie de son territoire, il ne peut bien évidemment pas contrôler les activités de la zone en question. L’essor de trafics en tous genres (drogue, armes etc. .), justement facilité par cette absence de l’Etat, à généré une manne financière importante pour les maîtres des lieux, ce qui leur permet de se substituer à l’Etat sur le plan social et économique et ainsi recruter très facilement une jeunesse désœuvrée, qui n’a pas vu la couleur de l’argent des différents programmes de développement du Nord (sommes ayant servi à l’achat du silence de certains notables et chefs de guerre plutôt qu’à créer des emplois et à financer le développement).

La présence de combattants avec un arsenal de guerre sur le territoire malien n’est ni plus ni moins d’une humiliation nationale et une violation par ATT du serment qu’il a prêté lors de son investiture, devant Dieu et devant les Maliens, dans lequel il s’est engagé à défendre et protéger l’intégrité territoriale du Mali. Quand il dépense l’argent des honnêtes contribuables maliens pour des combattants armés qui, jusqu’à preuve du contraire, restent des militaires libyens déserteurs, ATT commet un acte de trahison et de discrimination qui, si le Mali était un pays qui fonctionne normalement ou qui fonctionne tout court, aurait suscité un tollé général.

J’estime pour ma part que, compte tenu de ce qui se passe et pour éviter de plonger notre pays dans une situation irréversible, il est indispensable que le Général ATT soit contraint d’agir de manière à rétablir dans l’immédiat l’autorité de l’Etat et la dignité du peuple malien. Sinon, qu’il se démette de ses fonctions pour incapacité à faire face aux problèmes du pays et en particulier à celui du nord. Il en va de la continuité du Mali en tant République unitaire. Il est inadmissible que la cohésion et l’existence du Mali tout entier soient mises en péril par un seul homme, fut-il Président de la République. «Les hommes viennent et partent, le Mali doit demeurer».

Paris, le 02 Décembre 2011

Aboubacar Dembélé

 

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