Tribune : Yelema, un changement qui dort

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Le parti Yelema (changement, en bambara) est arrivé récemment sur la scène politique malienne. Ce parti, pour ceux qui l’ignorent, est celui d’un jeune quadra malien, Moussa Mara. Ce parti, qui pourfend les injustices, la corruption et invite les jeunes à s’engager sur tous les chantiers du développement malien, critique les habitudes déplorables du malien lambda et l’esprit du peuple, par son éloquence et ses actions.

Après avoir remporté les municipalités en commune IV du district de Bamako et un classement quelque mitigé à la présidentielle, le numéro un du parti, Moussa Mara, est l’actuel occupant du fauteuil de la primature.

Yelema, parti de vision ou stratégie politique ?

Il est évident qu’au Mali, la plus attrayante stratégie politique qu’un parti puisse établir est celle d’un renouveau léchant les doigts du progrès. Autrement dit, parler de changement devient une expression sine qua non pour se faire aimer du peuple. Puisque tout va mal, il suffit de soulager, par les promesses, la conscience du peuple, d’avoir souvent un discours non populaire mais populiste.

Et ce discours ne peut être que celui du progrès, celui qui invite le peuple à se battre, à se révolter, non pas contre les dirigeants, mais contre les vices qui ont consumé la nation jusqu’à sa moelle.

Ce discours du changement, on l’aura bien compris, devrait non seulement contenir tout débordement spirituel et ambitieux des membres au sein du parti, et au delà contenir ceux du peuple. Hélas, ce discours semble drainer dans les ondes de l’échec.

Yelema est un parti dont j’ai embrassé les textes tant par leurs fraicheurs que leurs objectivités. Mais aujourd’hui, ces lettres que dis-je apprécier, se heurtent à une toute autre réalité. Quel parti ne connaît pas les déchirements du leadership ?

Yelema avait déployé ses ailes pour survoler ce chancre, mais à même dans le ciel, il virevolte.

Ce parti, que j’observe particulièrement, et qui, à mon avis, dispose à son chevet de jeunes très engagés.

Ces jeunes, majoritaires au sein du parti, pour généraliser, ne cherchent en son sein nullement un intérêt financier ou particulier, mais s’engagent réellement derrière ses idéaux pour porter sa vision, la hisser au-delà des intempéries sociopolitiques et la concrétiser sur l’estrade de la magistrature suprême.

Les critiques que je formule sont certes subjectives, mais elles ressortent aussi d’une inclination profonde devant l’avenir radieux que pourrait construire ce parti s’il épouse le destin qui lui est réservé. Beaucoup de jeunes affluent vers ce parti et repartent aussitôt. Pourquoi ?

Il faut que les responsables du parti misent sur la jeunesse en les responsabilisant. En ce sens, je ne leur demande pas de s’investir sur le papier mais dans l’acte. Avant de changer le monde, il faut en soi se conformer au changement que l’on veut apporter aux autres.

Pour éviter que ce parti s’égare, sombre (cela vaut aussi pour d’autres partis) dans les perfidies ténébreuses qui ont mené notre pays là où il est, il faut qu’il songe à l’ampleur de sa responsabilité.

Pour terminer, il serait bien venu de rappeler ce que nous disait Thomas Mann : « Etre jeune, c’est être spontané, rester proche des sources de la vie, pouvoir se dresser et secouer les chaînes d’une civilisation périmée, oser ce que d’autres n’ont pas eu le courage d’entreprendre ; en somme, se replonger dans l’élémentaire. »

Oumar Sidibé

Oumar Sidibé est l’auteur du roman « Une si troublante affaire… », publié aux Editions JAMANA. Retrouvez l’auteur sur son log « Le P’tit Ecrivain ». 

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