Tribune : “Une autre alternative est possible”

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A l’image des animaux malades de la peste, Bamako après une méditation, a subitement retrouvé son coupable, un coupable à abattre aussitôt sans autre forme de procès et de considération. Honoré, recommandé et plébiscité hier, quel pêché a t-il commis, ce coupable, pour être renié et condamné par ses vaillants partisans ?

 Mes frères et sœurs, vous qui parcourez ces lignes, acceptez cette familiarité de ma part, car en ces temps de mutations métaphysique où les loups d’hier se métamorphosent en doux agneau de sacrifice du jour, notre pays attend de nous, d’être des fils et filles d’un seul Peuple, pour un même But, animé d’une même Foi. La foi au progrès et en la prospérité des communautés vivantes sur la terre nourricière de notre pays le Mali.

Il n’y a certes pas de pays sans peuple, mais un pays ne façonne pas subitement son peuple. Notre pays le Mali, malheureusement, traverse en ses jours-ci, cette crise de manque de Malien. Un peuple citoyen, respectueux de ses valeurs et de ses institutions, un peuple conscient de sa vocation Divine, de son rôle et de sa place dans sa prospérité et son développement.

Les démocrates de 1991, nous ont engagés sur le dangereux chemin du libéralisme intégral. Cette doctrine, qui auparavant avait déchiré l’union sacrée des mouvements politiques ayant conquises l’indépendance du pays. Notre peuple malien : riche de deux Républiques, n’ayant pas pu gérer ses attentes et ses mutations dynamiques et ne disposant d’aucune éducation, ni formation sur cette doctrine libérale, prétendue avoir fait le bonheur de ce lointain et imaginaire occident, modèle à singer coûte que coûte par ses diplômés.

Nos frères et sœurs se sont précipités dans le gouffre sans fin de la déshumanisation de l’Être. Ainsi de l’être social et culturel qu’était le Malien, il s’est réduit à nos jours à un sujet économique, qui ne semble avoir d’autre finalité que le gain matériel et financier facile ; l’argent et les biens matériels à tous prix et quel qu’en soit les conditions. Aux valeurs patriotiques, nationalistes et africaines des pères de l’indépendance se sont substitués, le clanisme politique dans toute sa perversion, et pour finir la doctrine du “moi d’abord”. Parti d’une promesse de campagne “le Mali d’abord”, la concrétisation de cette promesse a généré le concept du “moi d’abord” c’est-à-dire se servir d’abord au détriment du Mali voire du Peuple. La rue parle du ” ta-gnini” se servir copieusement et égoïstement du bien public sous peine d’être considéré comme un maudit par ses proches et la société. De concept, le “moi d’abord” est devenu une doctrine, dont les adeptes sont de plus en plus nombreux dans notre société. Il faut rappeler que les régimes précédents, chacun a sa manière, ont participé à l’institutionnalisation de cette doctrine. Déplorons, qu’elle est à l’origine de tous les maux dont souffre notre pays.

Trente années à peine, après son instauration, notre démocratie vit en cette période sa première crise majeure. Contrairement à ce que pensent beaucoup d’entre nous. La crise remonte à l’année 2012, avec l’instabilité institutionnelle sécuritaire et sociale.

Le peuple semble se réveiller de l’euphorie de la liberté intégrale que ses dirigeants lui avaient prescrite comme le chemin de son salut. Notre démocratie saurait elle trouver la réponse adéquate à la demande sociale ? Ou en serait-elle victime comme les régimes précédents ?

De l’éclatement de la crise à nos jours, nous constatons différentes manœuvres politico-sociales, toutes puisées dans le fond historique de nos 60 années d’indépendance, mais visant malheureusement le même objectif, la déstabilisation des institutions, de manière à retourner au point de départ. Ainsi en 2012 fut tenté le coup de force militaro-politique et maintenant en 2020, c’est le tour de la rue de tenter sa chance pour obtenir ce que le coup de force n’a pas pu faire 8 années auparavant.

Un regard rétrospective critique sur nos 60 années passées, nous montre que l’instabilité institutionnelle, au-lieu d’apporter une réponse appropriée aux problèmes fondamentaux de la nation, en crée de nouveaux, qui viennent s’ajouter aux existants. Cela est perceptible dans l’opinion publique par le regret des régimes antérieurs. Dans les faits, cela se traduit par une dégradation progressive et constante, jusqu’à la perte de tous les acquis du pays ; politiques, techniques, économiques, socioculturels etc. L’état actuel de notre nation menacée jusque dans son intégrité territoriale, institutionnelle et socioculturelle en est l’illustration parfaite.

Le changement, face à une telle situation est une nécessité vitale. Ce changement tant souhaité et nécessaire, malheureusement se retrouve au cœur d’une polémique que nous estimons stérile, par ses suggestions et ses stratégies.

Le Malien prédateur du Malien

Frères et sœurs, nous pensons que la violence et la déstabilisation sont loin d’être les réponses appropriées pour sauvegarder notre nation en déliquescence. Aussi acceptez à travers ce qui suit quelques alternatives au chaos que certaines opinions semblent nous imposer comme unique solution.

Dieu créa l’univers et son contenu, Il créa l’Homme à son image et à sa ressemblance, et Lui donna : le pouvoir de gouverner l’univers et son contenu, le savoir-faire nécessaire pour transformer cet univers afin de poursuivre la création.

Ce rappel du livre de la genèse, précise notre nature, notre rôle et l’immense capacité dont nous sommes dotés. Constatez avec moi qu’aujourd’hui, sur le tracé territorial dénommé Mali, se vit le drame de l’Homme, qui s’est détourné de sa vocation Divine.

Le Malien ne pose plus sur le Malien un regard de : gratitude, de charité, d’amour et de respect ; de fraternité comme les fils et filles de la même nation le Mali. Il n’est pas exagéré de dire de nos jours que le Malien est devenu le prédateur du Malien.

Regardez le drame qui se vit dans nos administrations publiques et privées. Pour être promu ou reconnu il faut ; la bénédiction d’un féticheur, d’un marabout, vendre sans scrupules, sa dignité son honneur, son humanité, ou bénéficié de la protection complice d’un parti ou d’une personnalité politique.

Observez la jalousie entre nos responsables politiques, administratifs.

Constatez, combien de nos braves et valables cadres ou responsables ont été victimes de cette animosité, de cette méchanceté gratuite ? Dans un tel climat social et de collaboration, ou la fraternité, la confiance, la charité, l’amour, le respect et la justice ont laissé la place à la haine, la méfiance, la jalousie et à la manipulation : que voulez-vous réussir ? Que voulez-vous avoir comme fruit, que la guerre, la désolation, la frustration, le népotisme, le clientélisme, la corruption le trafic d’influence, la démagogie etc.?

La relation entre gouvernant gouverné, entre l’État et le citoyen est pire ; le gouvernant a droit à l’existence, au respect, l’honneur la protection, la santé et à son épanouissement. En contre parti le citoyen, mobilisé et sollicité en cette période, doit être soumis, esclave, humilié déshonoré, il n’a même pas droit à la dignité d’être Malien.

Plusieurs d’entre nous pensent que c’est un malheureux hasard qui nous a réunis sur cette terre du Mali, alors que ceux-ci me montrent qui, à sa naissance, a choisi ses parents, sa couleur, son groupe ethnique, son continent et son pays ?

Nous sommes réunis mes frères et sœurs, sur cette terre du Mali pour accomplir ensemble et en toute complémentarité notre vocation Divine, de gérant et bâtisseur de l’univers, que notre créateur nous a confié. Nous sommes appelés à mutualiser nos savoir-faire, pour faire de notre pays, le Mali une terre d’hospitalité, une nation de culture et de savoir-faire, une terre des Hommes.

Tout ce que nous avons eu à déplorer jusque-là et tout ce que nous aurons à déplorer dans les jours à venir, ne sont et ne seront que la cause de la défaillance de l’Homme dans les acteurs concernés du jour, à savoir le manque de fraternité, de charité, d’amour et de respect pour son prochain.

Au sujet du “prochain” St Marc dans son évangile 12:29-31 nous rapporte la réponse de Jésus, à la demande des scribes, sur le plus grand des commandements, [29] Jésus répondit: Voici le premier: Écoute, Israël, le Seigneur, notre Dieu, est l’unique Seigneur; [30] et : Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ta pensée, et de toute ta force. [31] Voici le second: Tu aimeras ton prochain comme toi-même. Il n’y a pas d’autre commandement plus grand que ceux-là. Et à la question du docteur de la loi voulant éprouver Jésus sur qui est ton prochain, je vous renvoie à l’Évangile de St Luc 10:30-37.

Aucun conflit ne s’installe sans les Hommes, Aucun accord ne s’écrit de lui-même, de même qu’aucune arme ne crépite sans les mains d’un tireur.

Le changement auquel, je vous invite frères et sœurs n’est pas celui des textes, des régimes, des mécanismes, car ils resteront toujours imparfaits comme toutes œuvres humaines, mais au changement des cœurs. Nous pensons à tort que c’est l’autre qui doit changer d’abord et moi par la suite.

Sainte Mère Teresa de Calcutta nous invite au changement personnel pour voir l’autre et le monde changé aussitôt.

Les amis de Dieu “les Saints nous rappellent à travers leurs histoires que la vie de l’Homme sans la Foi, la confiance et la soumission à son Créateur suprême Allahou Soubahana n’est que misère, cris de désolation et de mort.

Pour se redresser, il faut bien accepter et comprendre sa chute. Nous avons chuté par la série de déstabilisation de nos institutions. Ainsi chaque nouveau régime s’annonçant meilleur au précédent, se met à tout modifier par orgueil que par raison. Cet état de fait nous a conduits à la rupture dans la continuité des acquis socioculturels professionnels, techniques administratifs économiques à l’égoïsme, l’orgueil et pire l’injustice.

La quête du prochain, de la fraternité du respect et de la considération mutuelle nous imposera de revoir :

” L’objectif et la finalité de nos politiques, quelles qu’en soient leurs natures, afin qu’elles soient orientées et axées sur ; la personne humaine ; la protection de son intégrité, comme préciser dans la constitution, son épanouissement et, non sur les performances macroéconomiques et techniques.”

Remarquons que la souffrance de l’âme, la douleur dans la chaire, n’entache pas le diplôme, la fonction, ou le compte bancaire. Les possessions diverses ; immeubles, voitures et autres bien matériels n’en compatissent pas non plus à cette souffrance, mais ton frère, ta sœur, ton ami.

L’éducation de la nation est nécessaire voire indispensable. Il ne s’agit pas d’inculquer à travers la propagande, une idéologie politicienne et partisane au fils et filles de notre nation, comme cela se pratique de nos jours, mais d’aider et de permettre à chacun de s’assumer dans le développement socioculturel, technique, économique, à travers les talents que son créateur lui a doté. Certes le commun des Maliens pense généralement, que l’éducation et la formation sont un processus fini et limité au cursus académique et à la jeunesse. Malheureusement, mes frères et sœurs c’est un processus continue qui commence dans le foyer familial et se poursuit toute notre vie. On nous éduque et forme dans un premier temps, et par la suite nous nous éduquons et se formons tout au long de notre vie.

L’échec de notre école ne vient pas seulement de son mécanisme ou de ses méthodes, mais de la finalité et de l’attente des parents de leurs enfants. Chacun de nous veut faire de son enfant un génie isolé, un super individu, qui se suffit à lui-même. L’Homme malheureusement n’est pas un être solitaire, mais social qui se développe et s’épanouit au sein d’une société et d’une nation.

Dans ce contexte, un accent spécifique doit être mis sur l’école, de la maternelle à la fin du second cycle. Cette étape de l’éducation constitue, à l’image d’une habitation, la fondation et le soubassement sur lesquels se bâtis toute la personnalité, le caractère et la citoyenneté du responsable de demain. Ces différents cycles doivent s’appliquer soigneusement à éveiller l’Homme et le citoyen dans les enfants, à savoir les apprendre la fraternité, la charité, l’amour et le respect du prochain et de la nation.

L’État est certes incontournable dans la renaissance de notre nation. Cet État dont nous accusons, si facilement n’est qu’à l’image de ses acteurs, des hommes et femmes qui l’animent, qui le portent, le représentent, et à notre image collective. Combien d’entre nous ne sont pas des adeptes de la religion du “moi d’abord ?” Se servir copieusement et égoïstement du bien public sous peine d’être désigné comme maudits par ses proches et la société toute entière ?

Pour le Mali

Pour être au service de la nation, nous pensons qu’un minimum de critères transparents soient énoncés et observés dans le choix de nos responsables administratifs chargés de représenter notre Nation, en complément des critères académiques. Parmi ces critères, un accent particulier doit être mis sur l’humanité et la morale du candidat, c’est-à-dire la qualité de sa relation avec ses collaborateurs directs et indirects, la courtoisie, le respect, la disponibilité la franchise etc.

Nous ne pouvons pas ignorer au cœur de la crise que traverse notre pays, la religion et la pratique du culte. Notre Pays se revendique laïc et la laïcité de l’Etat est posée comme condition sine qua non, de toutes les discussions avec les parties prenantes à la crise.

Il est à regretter, que cette laïcité est fortement menacée par la gouvernance et ses acteurs à travers : Le manque de crédibilité des politiques face au peuple, a obligé ceux-ci à négocier toutes sortes d’alliance, même de contre nature, avec les religieux pour arriver à leurs fins, la volonté manifeste des religieux de s’affranchir de l’autorité civile, et se constituer en entité confessionnelle autonome sous l’autorité d’un leadeur religieux, la confusion, volontairement entretenue par l’administration entre l’autorité civile et religieuse. En effet notre société dans son organisation de base distingue bien ces deux entités. Elle ne confère pas de pouvoir civil aux religieux, mais leur reconnait un leadership public, sous l’autorité civile (d’un responsable de communauté).

Cette question ne trouvera de réponse appropriée que dans la restauration de la laïcité en tant que principe et règle fondamentales de la démocratie.

Mes frères et sœurs, une autre alternative est bien possible pour permettre à notre nation de reconquérir sa place dans le concert des nations. Cette alternative, ne passera pas par une déstabilisation, un chaos apocalyptique, mais par la prise de conscience de notre vocation Divine d’Homme, de citoyen et de frères et sœurs d’une même nation, d’un seul Peuple pour un même But, animé d’une même Foi. La foi au progrès et à la prospérité des communautés vivantes sur la terre nourricière de notre pays le Mali. En rappel, Nous ne sommes pas réunis par un heureux hasard, mes frères et sœurs, sur cette terre du Mali. Nous sommes réunis pour accomplir ensemble et en toute complémentarité notre vocation Divine, de gérant et bâtisseur de l’univers, que notre créateur nous a confié. Nous sommes appelés à mutualiser nos savoir-faire, pour faire de notre pays, le Mali une terre d’hospitalité, une nation de culture et de savoir-faire, une terre des Hommes.

Trop beau, cela est un idéal, répliqueront certains, mais commençons par : acceptez notre part de responsabilité, nos manquements, nos encouragements en vue d’entretenir cette situation que nous déplorons tous, porter un regard de fraternité, de respect et de considération sur les uns les autres, servir et non se servir. Commençons. Commençons seulement !!!!!!!!!!!

Vivement la Nation Malienne !

 

Sébastien Diallo

Architecte

 

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1 commentaire

  1. Mais Diallo ke nous avons commence depuis le 5 juin a balayer la maison Mali, ou es-tu toi? La solution et son alternative c’est le depart de Boua le ventru Franco-Malien.

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