Tribune : Merci Professeur

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C’est avec un émerveillement dissimulé et contenu que nous avons lu la tribune de l’éminent et distingué Professeur de Physique dans une université américaine (Southern University), Pr Diola Bagayoko. Il nous confirme que les pays sous tutelle française, malgré une relative indépendance concédée et mensongère, restent encore des colonies de la France à 100%.
C’est au cours d’un entretien repris par le site d’information maliweb, que le distingué professeur s’est longuement penché sur les sujets d’actualités de son pays. En abordant les maux qui freinent le développement des anciennes colonies de la France, Dr Diola Bagayoko, en sa qualité de membre de la société américaine de physique, a plaidé en faveur de l’épanouissement des pays africains, notamment le Mali. Selon lui, pour relever ce défi, il faudra nécessairement proroger l’actuelle période de Transition.
Pour le Dr Bagayoko la France n’a pas «réussi» à faire signer des «accords» d’indépendance par ses colonies noires africaines entre 1958 et 1961. En lieu et place, elle a préféré le diktat néo colonial en imposant purement et simplement un «pacte» à toutes ses colonies «noires».
Dans les cas de la Guinée et du Mali, il aura fallu toute la détermination et l’engagement des présidents Ahmed Sékou Touré et Modibo Kéïta pour épargner à leurs populations d’autres souffrances dont la France serait encore capable de leur infliger. Aussi, dit-il, dès 1958 et en 1960, la Guinée puis le Mali vont affirmer ouvertement la souveraineté de leurs peuples en refusant ce nouveau diktat maquillé sous forme d’accords imposés. Résultat des courses, en 1968, le Mali connaît son premier coup d’Etat. Ce qui fait dire au professeur que le Mali est retombé dans la servitude, particulièrement après l’abandon du Franc malien pour le Franc des colonies françaises d’Afrique (Fcfa) en 1984.
Revenant sur le focus électoral, de ceux qui prônent une élection ici maintenant, il explique que : «La démocratie dans un État non souverain est un instrument de colonisation». Selon le Dr Bagayoko, la prétendue démocratie dans un État non souverain est un instrument de colonisation, à perpétuité, et d’exploitation à outrance pour la métropole coloniale. Ce qui est pire est que la prétendue démocratie, avec ses protagonistes et acteurs politiques locaux, agents, au service de la métropole coloniale, exonèrent cette métropole de tout crime ou méfait.
Il dénonce aussi dans le même esprit le «Pacte pour la continuation de la colonisation», également connu sous le nom «d’Accords Léonins (Secrets)», entre la France et ses ex-colonies. Il pense que leur application pratique est hors de portée des gouvernements qui sont généralement choisis par le peuple à travers des élections certifiées, transparentes et crédibles où les citoyens votent librement. Selon lui, le président, les membres des chambres de la législature ainsi que les dirigeants locaux (maires) sont généralement élus. «Pour avoir une vraie démocratie, il faut un État souverain, totalement indépendant du contrôle de n’importe quelle autre entité». Notre professeur émérite précise que sans cette condition, il ne peut y avoir qu’une prétendue démocratie. Il renseigne que dans les rares cas où cette volonté n’avait pas été suivie, les coups d’État ou les assassinats ont immédiatement suivi.
Dans ce sillage, il nous ramène à nos vieux souvenirs sur ce vieux briscard gaulliste fieffé et son acolyte chef de gangs de mercenaires : Jacques Foccart et de Bob Denard. Illustration suffisante pour avoir une idée du gangstérisme sanglant avec lequel la France a subjugué les dirigeants de la France-Afrique. S’y ajoute, pour preuve tangible, «l’exécution-assassinat» du président du Faso, Capitaine Thomas Sankara du Burkina Faso.
Aujourd’hui, affirme t-il, la primauté de la souveraineté doit être proclamée sur la nécessité de respecter le calendrier électoral. Car le Dialogue inter-Maliens (DIM), l’a lui-même proclamé, en dehors des quelques considérations faites par les uns et les autres. Pour lui, certaines vérités qui y ont été dites subsistent encore comme maux. Le Dr indique que la durée de la Transition, ne doit pas être corrélée à la tenue impérative des élections pour le moment ; et il ne passe pas par quatre chemins pour le dire, en bon mathématicien : «J’invite tous ceux qui n’ont pas compris la recommandation du Dialogue inter-Maliens pour la paix et la réconciliation nationale, relative à la prorogation de 2 à 5 ans de la durée de la Transition, à pondérer sur les tautologies ci- dessus», a-t-il tapé du poing sur la table.
Selon lui, les remarques, critiques, appréhensions et réserves qui ont émané ne constituent des raisons suffisantes et indispensables pour qu’une prorogation de la Transition de 2 à 5 ans ne puisse être évoquée et retenue. Notre professeur se dit particulièrement fier que cette recommandation aie pu émaner du peuple lui-même et à la phase finale du Dialogue inter-Maliens. En effet, il adjuge aux représentants du peuple un satisfecit pour avoir bien saisi les vrais enjeux et manifesté le retour à l’ordre des maîtres d’esclaves et des colons, qui ne nous faisaient qu’exploiter.

La France et ses agents et acteurs politiques locaux s’était toujours prise pour notre porte-voix à l’échelle internationale, jusqu’en 2023. Motif de satisfaction pour notre émérite professeur, il est mis fin à cela grâce au courage de ceux qui nous dirigent actuellement. D’où il s’en félicite et remercie le gouvernement de Transition pour nous avoir libéré du joug français et de la loi de ses tutelles et de la tyrannie des ses accords imposés pour perpétuer la colonisation au détriment de la cohésion nationale. Sans avoir une seule fois jamais renoncé au Mali, qu’elle appelait pompeusement “Soudan français”, la France s’est trouvé des raisons fallacieuses pour déclencher une guerre multidimensionnelle et asymétrique sur notre territoire. Malgré que cet élan lui est brisé, elle trouve moyen de resurgir pour attaquer notre économie et notre diplomatie, utilisant son droit de véto au Conseil de sécurité pour empêcher à nos autorités de poursuivre la plainte formulée à son encontre pour des crimes commis au Mali durant la dernière décennie. Pour ne pas être confondue, dit-il, la France mène une campagne de désinformation contre notre pays à travers des médias. Ce qu’il a fortement déploré.
Pour l’écrivain, physicien et mathématicien, il s’agit aujourd’hui de reposséder notre indépendance réelle et de jouir de notre pleine souveraineté, afin de les renforcer avant de penser à organiser des élections crédibles ou fantaisistes. Cette exigence nationaliste et souverainiste est largement partagée entre Maliens, et les autorités l’ont bien compris, elles qui savent que tout retour à l’ordre constitutionnel normal se paiera cash au finish. Car il ne s’agira que d’une « démocratie abâtardie » dans laquelle le Mali risquera avec de retomber dans la servitude dans la Patrie France. Il est donc plutôt aisé de poursuivre le recouvrement et la consolidation de l’intégrité territoriale du Mali que de tenter un retour en force vers le crédo démocratique incarné par la tenue de scrutins démocratiques. Pr Diola Bagayoko, en citant Abraham Lincoln, reconnaît que dans une vraie démocratie, « nous avons le gouvernement d’un peuple, par le peuple, et pour le peuple. Ceux qui chantent la tenue d’élections doivent savoir que la grande majorité des élections passées, de 1960 à 2024, dans les colonies noires de la France en Afrique, étaient truffées de tricheries de tout genre y comprenant des ventes et achats de votes, pour s’assurer que la volonté de la métropole coloniale est suivie à la lettre », a cogné Dr Diola Bagayoko. Sous cet angle, il salue les efforts de l’équipe de la Transition pour avoir recouvert l’intégrité territoriale du pays en 2023, la prise de Kidal, les progrès significatifs et soutenus dans l’éradication de la corruption gangreneuse et de l’enrichissement illicite d’agents publics et autres”. Une nécessité, estime-t-il… « Le Mali doit échapper à jamais aux fossoyeurs qui l’ont mis dans l’agonie », préconise-t-il, car “la Transition se bat pour tirer notre pays du gouffre”.

Pr Bagayoko fait remarquer que le manque d’indépendance et de souveraineté signifie que toutes les décisions importantes pour le pays sont prises par la métropole coloniale, ses agents sur le terrain et les acteurs politiques d’une prétendue démocratie. Et qu’à ce jeu de ping-pong, constate-t-il pour le déplorer, les présidents « démocratiquement élus » dans ces colonies et leurs acolytes ont, en acceptant les impositions françaises, sauvés leurs carrières politiques et renoncé non seulement à l’indépendance et à la souveraineté réelles. De leurs pays, mais aussi à toute possibilité de leur développement.

Il étaye ses propositions par l’exemple frappant de l’uranium nigérien : la France achetait l’uranium nigérien à 0,8 euro par Kg. Quand le Niger a recouvert sa souveraineté et son indépendance, après le Mali et le Burkina, le prix de vente de son uranium a grimpé de 200 euros le Kg, soit une augmentation de 25.000 à 100%. Ce qui le pousse à s’interroger sur la totalité de la fortune mal acquise par la France pendant plusieurs décennies d’exploitation de l’uranium nigérien. Du moment que les pays de l’AES n’envoient plus leurs devises étrangères à Paris, le Pr se réjouit et se dit fier d’eux. Merci Professeur !

La Rédaction

 

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