Réf : Le Relais n°051 du 27/12/012 page 07
J’ai été agréablement surpris de constater que mon article ci-dessus cité a suscité beaucoup de réactions (favorables et défavorables). C’est la preuve que j’ai éveillé des consciences. En ce qui concerne les réactions favorables je remercie les lecteurs qui me les ont exprimée. Pour ce qui est des réactions défavorables je réponds à ceux qui ont dit que la Mairie donne 100000f (cent mille francs) chaque année pour l’entretien du cimetière et cela depuis 2010. Je dis ceci :
1°) Je n’ai jamais su que le Maire donnait chaque année cette somme pour l’entretien du cimetière. Si je le savais j’aurai posé la question de savoir où passe cette somme.
2°) Je dis que monsieur le Maire a tort de donner cet argent tous les ans. Ce que je vais dire est mon opinion personnelle, ma conviction profonde. Elle n’est ni à discuter ni à monnayer. En faisant cela le Maire encourage l’incivisme. Dans une localité où les populations ne payent pas les impôts et les taxes, un don de cette nature laisse croire que la mairie regorge d’argent. La gestion d’une localité est comparable au fonctionnement d’un orchestre de musique .Chaque musicien a sa partition.
A Bougouni le Préfet a son rôle, le Maire a le sien, les ONG, les Services, la population, ont chacun un rôle. Lorsqu’un de ceux–ci flanche il ya une fausse note dans le morceau, autrement dit la machine boîte. Le nettoyage du cimetière, la propreté de la ville sont, à mon sens, les attributions des populations. Dans une grande ville comme Abidjan où le cimetière est payant, les jeunes sarclent régulièrement. Les bonnes volontés pour les encourager, leur apportent à manger, à boire et à fumer. Si nous laissons tout à la charge de l’Etat quel sera notre rôle dans le développement de notre pays ?
3°) Certains prétendent que le manque d’autorité n’est pas propre à Bougouni et que cette situation nous interpelle tous. J’en conviens. Mais ce n’est pas la population qui peut mettre fin à certains comportements.
a) quand les jeunes circulent comme des fous de façon anarchique dans la ville, provoquent des accidents parfois mortels je dis où est l’autorité ?
b) Les camions gros porteurs bondés de monde traversent la ville avec des grappes humaines sur les rebords de ces camions au vu et au su de nous tous sans que personne ne réagisse. Où est l’autorité ?
c) A Bougouni les Eaux et Forêts avaient à leur actif la réalisation d’une belle palmeraie qui faisait la fierté de la ville .Elle était située à l’extrémité du côté ouest de Dialanikoro.
C’était un patrimoine que nous nous devions d’agrandir, de protéger et d’aménager. Mais subitement elle a disparu au profit des nantis sans qu’il y ait la moindre protestation. Où est l’autorité ?
d) Le Maire avait donné à Hèrèmakono Nord une parcelle de 09 hectares pour servir de domaine scolaire .Là encore des nantis s’en sont appropriés une bonne partie malgré la décision de la justice. Où est l’autorité ?
e) Nous avions pensé que nous étions au bout de nos peines avec l’arrivée dans notre localité d’un juge intègre à cheval sur les textes. Il avait appréhendé et mis en prison des voleurs de motos (fils à papa). Un beau matin une note serait venue de Bamako pour libérer les voleurs .Qui est l’autorité ? Où est l’autorité ?
f) Quand des relais (agents de la santé communautaire refusent d’exécuter les ordres de ceux –là qui les ont recrutés et dictent leur volonté au Maire de la commune je dis où est l’autorité ?
g) Quand dans une ASACO (Association de Santé communautaire) les premiers responsables se partagent les maigres ressources de l’association et que ceux à qui la gestion est confiée se taisent malgré les dénonciations officielles l’on est en droit de se demander où est l’autorité ?
Je n’en veux à personne. Je dis ce que je vois et ce que je constate. Il est vrai que le Mali traverse une phase cruciale de son histoire. La course à l’enrichissement illicite.
Après cinquante ans d’indépendance il est temps que nous nous arrêtions pour mesurer le chemin parcouru. Non pas dans les festivités onéreuses qui ne profitent qu’à une autorité. Mais que nous pensions aux immenses sacrifices consentis par nos devanciers du temps colonial et de ceux qui ont conduit ce pays à la souveraineté nationale.
J’ai vu deux faits qui m’ont marqué dans la vie :
1°) Dans les années 1939 l’administration a construit la route qui mène du camp des gardes à l’école de Faraba .Elle a été construite par les hommes avec des brouettes, des pics, des pelles, au son des balafons sous les coups méchants et féroces des gardes d’antan. Un jour, un de ces manœuvres épuisé, harassé (il faut dire que ces pauvres diables ne mangeaient presque pas) tomba .Il se releva péniblement puis s’écroula de nouveau et cette fois pour toujours malgré les coups de cravache du méchant homme à la chéchia rouge. Il était mort. Mais pour- autant le travail ne s’arrêta pas.
2°) Mon aîné et mon ami Feu Toumani Bagayoko reçut plusieurs mutations dans le courant de la même année scolaire. On lui fixait une date impérative à laquelle il devait prendre service à son nouveau poste. A cette date, le commandant de cercle envoyait un émissaire constaté si la prise de service avait été effective.
Tout cela à cause de ses idées d’indépendance et de son appartenance à l’US RDA ;
Il y a bien d’autres faits. Ce qui me fait mal c’est de voir tous ces sacrifices consentis pour rien. Nous maliens, nous devons tout à ce pays. Un haut responsable de l’éducation ne disait-il pas sur les antennes de RFI que tous les malheurs qui s’abattent sur nous aujourd’hui sont dus au fait que les premiers responsables n’ont pas eu de considération pour le bas peuple. Ce ne sont pas les mêmes mots mais l’idée y est. Quoi de plus vrai ? Dommage pour nous et nos enfants ! Le peuple est pauvre mais les dirigeants sont riches.
Nous vous invitons à lire le reste de ce texte dans la prochaine parution…………..
Sidi Sangaré
MSC à la retraite au quartier Niébala Bougouni
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