Tribune : Les maliens de l’extérieur : ces “presqu’étrangers” !?!

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“Malien de l’extérieur” ! Est-ce un Malien à part entière, entièrement à part, ou un étranger ? La question mérite d’être posée depuis la manifestation de colère d’un journal-en-ligne, contre le nouveau ministre de la Communication, Mahamadou Camara. Le crime de Mr Camara, selon ce journal, c’est qu’il “ne parle ni le bambara, ni une autre langue nationale”. Circonstance aggravante, il a “passé toute sa vie en France, de sa primaire (école) à l’université” ! “Ce presqu’étranger” ! Gravissime ! Quelle langue nationale malienne parlaient les soldats tchadiens et français morts pour le Mali ?

 

A quand l’ouverture de la chasse aux “Maliens de l’extérieur” à Bamako ?  Malheureusement, elle n’est pas drôle ! Elle est bête et méchante. Elle pue la haine ! Elle est empruntée aux partis fascistes européens anti-immigrés. Elle dénote du niveau zéro d’intelligence et d’ouverture d’esprit. Au moment où un fils de Kenyan dirige la première puissance du monde.

 

En tant que “Malien de la Diaspora” (termes préférables à Maliens de l’extérieur) et parents d’enfants comme Mr Camara, nous défendons et promouvons le droit de ces enfants à venir participer à la construction du Mali, dans les cadres publics et privés. Nous les encourageons à le faire. Parce que la Diaspora malienne, avec les transferts d’argent, contribue à hauteur de 11% de la richesse nationale. Ce n’est pas rien ! Surtout  comparée à la délinquance financière des non-maliens-de-l’extérieur. Parce que cette diaspora essaie toujours de palier aux carences de la diplomatie malienne dans des moments difficiles. Que perd le Mali en recourant à l’expertise de la Diaspora ?
 LE TRANSFERT D’ARGENT DES PRESQU’ETRANGERS…11% DE LA RICHESSE DU MALI

 

Les “Maliens de l’intérieur” ne peuvent pas savoir à quel point les “Maliens de l’extérieur”, ces “presque-maliens” sont peinés par l’image de leur Patrie dans les médias étrangers : “l’un des pays les plus pauvres de la Planète”, “l’un des pays les plus endettés”, “l’un des pays les plus corrompus” ! Ce sentiment de honte prouve leur profond attachement au Mali.

 

Et quand la Patrie est en danger, ils se mobilisent. Ainsi, lors des crises du Nord ce sont les membres du Collectif pour la paix et le développement au Mali -Copadem – (1990) et de la Fédération de la 2ème Génération (2012) sont montés au créneau pour palier à l’absence et de la diplomatie malienne.

 

Ils sont totalement engagés pour la renaissance de ce pays. D’où les transferts massifs d’argent vers le Mali. D’où leur participation au TOKTEN, le rapatriement de leur expertise au pays.

 

Dans un document présenté à Genève (Suisse) en 2005 par Mr Kéita, du Ministère des Maliens de l’extérieur, on apprend qu’en 1999 deux banques seulement du Mali déclaraient avoir reçu environ 93 milliards de francs Cfa des Maliens de l’extérieur. Selon Afriscope (9 septembre 2010), citant la Banque africaine de développement – BAD – les Maliens de l’extérieur ont transféré 299 milliards de francs Cfa en 2005, soit 11% de la richesse du Mali, contre 378 milliards F Cfa d’aide publique internationale au Mali, la même année. D’après la même source, les seuls Maliens de France ont envoyé au Mali 164 milliards de francs Cfa en 2006. Enfin, pour Info-Matin (19 décembre 2013), les “Maliens de l’extérieur” transfèrent chaque année au Mali, 300 milliards de francs Cfa, dont 120 milliards pour les seuls Maliens de France ! Sans compter les centaines de millions de francs Cfa qui transitent tous les mois par la “Valise diplomatique immigrée”.

 

Ces fonds se repartissent entre aide à la consommation de la famille et actions de développement : construction d’écoles, de centres de santé, d’infrastructures hydro-agricoles, forage de puits, etc. Ainsi, on crée des emplois, améliore les indices de développement humains et contribue à la paix sociale !

 

DÉLINQUANCE FINANCIÈRE ET INEPTOCRATIE

 

A l’opposé de cet effort colossal des Maliens de la Diaspora, il y a les comportements de criminels économiques et de hauts traitres à la Patrie. C’est ainsi que chaque année depuis 2004, le Vérificateur général égrène la liste, qui s’allonge d’année en année, des délinquants financiers… jamais inquiétés par la justice. Le dernier Rapport du Vérificateur général fait état de la volatilisation de 41 milliards de francs Cfa dans sept structures contrôlées (PMU, Autorité pour la Recherche Pétrolière, Centre des Impôts District de Bamako, Gouvernorat, Chambre de Commerce et de l’Industrie du Mali, Direction Financière et du Matériel du Ministère de l’Enseignement Supérieur, et le Centre National de l’Appareillage Orthopédique). A eux seuls, les responsables du PMU-Mali seraient comptables de la disparition de 34 milliards de francs Cfa. A comparer aux 35 milliards nécessaires à la Cité universitaire de Kabala. De quoi décourager les Chinois !

 

Enfin, si l’on en croit certaines estimations, en six ans, de 2004 à 2010, les responsables de 79 structures ont dépouillé les Maliens de 383 milliards de francs Cfa (La Révélation du 22 mars 2014). Rappelons que, d’après la BAD, l’aide publique internationale au Mali était d’environ 378 milliards de francs Cfa, en 2005. En clair, l’aide internationale vient combler les trous creusés par les vols.  Et tout cela se fait en toute impunité. La devise des plus hautes autorités étant : ne point “humilier” les grands délinquants financiers, les voleurs de l’argent public. Ce comportement laxiste s’est généralisé pour couvrir toute la sphère de la gouvernance : fini la gestion du pays, vive la course à l’enrichissement illicite ! Nous vivons aujourd’hui les conséquences dramatiques de cette ineptocratie, ou inaptocratie.

 

Comme le rappelle Jean D’Ormesson de l’Académie française, “l’inaptocratie est un système de gouvernement où les moins capables de gouverner sont élus par les moins capables de produire et où les autres membres de la société [inaptocratique], les moins aptes à subvenir à eux-mêmes ou à réussir, sont récompensés … par la confiscation de la richesse” nationale. Bref, l’inaptocratie (ou “ineptocratie”) est le gouvernement des incapables. Des irresponsables et des inconscients sans morale, doit-on ajouter !

 

RAMENER AU MALI L’EXPERTISE DE LA DIASPORA

 

Il y a un fossé entre la reconnaissance officielle du potentiel de la Diaspora et la matérialisation de cette contribution. Mais on ne peut pas dire “Oui” au transfert d’argent des parents, et “Non” au “transfert-retour de leurs enfants”! Surtout si ces enfants sont très compétents, très expérimentés ! Et qui veulent servir le Mali par patriotisme hérité de leurs parents. Et non par appât du gain ! Frederick Kanouté, Mamadou Bagayoko, Naré Famagan Kéita (Basketeur) auraient-ils gagné plus en jouant pour l’Equipe de France ou l’Equipe nationale du Mali ? Que dire de l’engagement au Mali du Dr Sangaré, de l’entrepreneur Malamine Koné !

 

Trente années d’ineptocratie ont conduit l’école malienne à la faillite. “Nos diplômés sont à la peine à l’international, mais aussi de plus en plus face à des diplômés de pays voisins sur notre marché. Si nous n’y prenons garde, avec la mondialisation et la libre circulation des compétences, notre marché de l’emploi verra disparaître les citoyens maliens” (Déclaration de politique générale du Premier Ministre, Moussa Mara). La Sénégalaise, Dr Penda Mbow, aurait-elle eu raison en comparant la “médiocrité des élites du Mali à l’excellence de celles du Sénégal” ? Dans ces conditions, pourquoi se priver du potentiel de la Diaspora malienne ! Pourquoi ne pas ramener au pays l’expertise de la Diaspora !

 

Il est de notoriété publique que tous les dignitaires maliens veulent que leurs rejetons soient comme ces jeunes élites de la Diaspora. C’est pour cela qu’ils les envoient en France ou aux Etats-Unis pour des études, ou des vacances. Le must  étant d’envoyer sa femme accoucher dans une capitale occidentale, pour que l’enfant ait le même statut que les enfants de la Diaspora !

 

Quand ces fils et filles à Papa-Maman partent en vacances à Paris ou New York, ils croisent de nombreux enfants de la Diaspora qui viennent passer leurs vacances au Mali, en famille, ou en colonie de découverte. Les Maliens de l’extérieur sont très attachés à la Mère-Patrie, et ils s’efforcent de transmettre cet amour à leurs enfants !

 

Ces fils et filles à Papa-Maman qui vont passer des vacances à Paris, Londres ou New York, parlent “malien”, sans doute : mais ils ne connaissent rien aux “valeurs ancestrales” maliennes, chères au site en ligne. Passons sur leur comportement ! Et ils l’avouent. Confirmation: le mercredi 6 mars 2014, les étudiants de 2ème et 4ème années de droit de l’ancienne ENA participaient à un débat sur un livre sur le droit coutumier de la terre chez les Dogons. Livre écrit par un magistrat …italien ! Lors de cette rencontre des étudiants ont avoué méconnaître les “valeurs ancestrales” maliennes, source de droit pourtant. Et comment donc ? Parce que Papa et Maman ne veulent pas qu’ils aillent au village. Les sorciers et féticheurs ne risquent-ils pas de les “manger” ou de les empoisonner ?

 

La charge contre le Ministre de la Communication est manifestement un faux procès : le vrai procès aurait été de prouver son incompétence et son manque d’expérience. Là, il semble bien qu’il en bouche un coin à quelqu’un ! C’est cela l’objet du TOKTEN, acronyme anglais signifiant Transfer Of Knowledge Through Expatriate Nationals. En bon français : Transfert des Connaissances par l’Intermédiaire des Nationaux Expatriés. Un projet des Nations Unies qui permet aux experts et professionnels maliens enseignant dans les grandes écoles ou universités étrangères, de venir dispenser leur savoir aux étudiants maliens, au Mali. Leur seule motivation : la Grandeur du Mali. Un filon inépuisable qui ne demande qu’à être exploité !

 

Puissent nos Grands Fétiches rescapés, Allah, Jésus et Bouddha protéger et guider le Mali !

 

YAYA  TOGORA

 

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1 commentaire

  1. Y Togora. Très belle analyse. Tout est dit
    On ne peut pas en dire plus. Ce qui est sûr c’est que le développement du Mali se fera avec la Diaspora, ou ne se fera pas. Qu’on le veuille ou non

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