Monsieur le Président de la République,
Ne soyez pas sourd à la grogne, à la contestation, à la protestation, à la colère du peuple qui monte, son exaspération est à son paroxysme;
Vous avez certainement constaté qu’il y a eu une mobilisation spontanée pour le NON à votre projet de réforme de la loi fondamentale, elle se répand comme une traînée de poudre dans le pays et au-delà des frontières nationales, partout, au sein de la diaspora malienne, et les faits sociaux sont assez édifiants (vous les connaissez mieux que quiconque) pour nous rappeler que le peuple malien s’est forgé une conscience politique au prix de lourds sacrifices qui ont jalonné son histoire contemporaine; il paraît apathique, mais a du ressort, il peut décider d’agir pour sa renaissance et rien ne pourra l’arrêter lorsqu’il sort de sa réserve ; la nation malienne connaît aussi ses aspirations légitimes et n’est certainement pas tombée dans une léthargie au point de ne pas se soulever dans un sursaut national pour prendre en mains son destin;
Monsieur le Président de la République, Vous avez organisé récemment une conférence d’entente nationale, facteur d’union de tous les fils du Mali, vous avez voulu que tout le monde monte à bord du train, mais à présent, votre locomotive de la révision constitutionnelle ressemble à un train fou, dont le système de freinage risque de lâcher et bonjour les dégâts!!!
Monsieur le président, le pays est encore sous le choc de la crise multidimensionnelle d’une gravité sans précédent, vous n’êtes nullement sans savoir l’état de la situation sécuritaire du pays, pour preuve, ce qui s’est passé à Hombori pas plus tard que le jeudi 15 juin en est une illustration parfaite;
L’insécurité qualifiée de RÉSIDUELLE par la cour constitutionnelle est bien là, celle du terrorisme aveugle, de la barbarie sans nom, elle est une menace constante pour les régions septentrionales et du centre, elle est bien RÉELLE, pour les forces armées et de sécurité, pour nos compatriotes dont la liste macabre de tués, de blessés, des veuves et orphelins, des familles endeuillées s’allonge de jour en jour malgré la signature de l’accord de paix et de réconciliation issu du processus d’Alger, hélas!
Quelle serait la portée d’un référendum sur la révision de la loi fondamentale qui exclurait d’office une bonne partie de vos compatriotes et pire, pourrait les mettre en danger?
Vous vouliez agir pour rétablir l’honneur du Mali pour le bonheur des maliens, rappelez-vous que vous êtes le garant de l’unité nationale, faites en sorte que la postérité retienne de votre passage à la tête de ce pays à l’histoire millénaire, que vous avez œuvré pour le MALI D’ABORD, slogan qui vous tient tant à cœur!
LES GRANDS HOMMES, CE SONT AUSSI CEUX QUI PEUVENT RECULER POUR SAUVEGARDER L’INTÉRÊT SUPÉRIEUR DE LA NATION !
Moi, Président de la République, je saisirai l’opportunité lors de la célébration de l’Aid El Fitr, avant le Référendum pour m’adresser à la nation afin de trouver les mots pour désamorcer cette crise qui s’enracine, étouffer la mèche qui a été allumée et qui est en train de créer d’autres foyers par propagation; le cas du Burkina Faso est encore frais dans les mémoires pour servir de leçon!
Nous prions pour le MALI, Oh ALLAH tout puissant, en ce mois béni et sacré de Ramadan, préserves notre pays, le patrimoine commun de nous tous, de la cécité politique des dirigeants, puisse le bon sens et la sagesse l’emporter, amine!
Sory I Sako.