Tribune : Le désenchantement, hélas !

0

La situation actuelle du “Mali d’Abord” n’enchante aucun patriote tant les couacs, les erreurs de casting, de communication et d’appréciation se sont multipliés depuis le début de l’exercice du pouvoir du président IBK porté à la magistrature suprême par une écrasante majorité de ses compatriotes.

présenté comme l’homme de la situation, celui que les Maliens ont élu pour restaurer l’autorité de l’Etat, l’honneur et la dignité des Maliens au sortir d’une crise multidimensionnelle sans précédent, la plus grave de l’histoire de la République depuis son indépendance, force est de constater que certaines décisions et attitudes prises lors des premiers mois de la gouvernance actuelle, certaines affaires ont dérouté les Maliens :

– L’acquisition d’un jet présidentiel à coup de milliards de F CFA qui n’était en rien une priorité en ces temps de crise socio-économique grave dans le pays et qui aux dernières nouvelles, provoque la colère des partenaires financiers de notre pays eu égard à l’opacité des conditions d’achat de l’aéronef ;

– Nominations de membres de la famille présidentielle à divers postes de l’exécutif, du législatif, nomination d’un député issu des mouvements de bandits armés au sein de la Commission défense de l’Assemblée nationale du Mali en guerre contre ces mêmes mouvements ;

– Contrats pour divers marchés conclus dans des conditions obscures ;
– Affaire Tomi du nom d’un milliardaire corse, ami du président de la République ;

– Communication qualifiée de lamentable par le président de la République lui-même. ..
Si on ajoute à cela le fiasco de la visite du Premier ministre à Kidal avec à la clé les assassinats lâches de fonctionnaires maliens abandonnés, perpétré par les terroristes du MNLA et leurs alliés jihadistes ainsi que l’offensive mal préparée et mal coordonnée de nos forces armées pour tenter de reprendre la ville de Kidal afin de laver l’affront du 17 mai 2014, qui s’est soldée par une humiliante déroute et de nombreux morts au sein des FAMa avec des conséquences fâcheuses tant au plan politique que sur la scène internationale d’un point de vue diplomatique…

Au plan politique, l’heure est à la valse chaloupée du Premier ministre Moussa Mara qui en une semaine a été chef de guerre, faucon et partisan auto proclamé du dialogue, colombe et apôtre de la paix suite au revers honteux et douloureux subi par nos forces armées et l’occupation de Kidal.

Sommes-nous passés de la duplicité des ennemis de la République à celle du Premier ministre lorsqu’il a évoqué des mesures de redressement à propos de la démission du ministre de la Défense et des Anciens combattants dans une sorte de fuite en avant pour diluer sa propre responsabilité dans ce naufrage gouvernemental ?
Que faut-il penser lorsque le gouvernement rend public un communiqué faisant état en temps réel, d’une opération de sécurisation des personnes et des biens à Kidal et veut se dédouaner après la débâcle nationale en multipliant les dénégations autour de la lancinante question qui est devenue une véritable patate chaude : “Qui a donné l’ordre d’attaquer à Kidal ?”

Les dégâts causés par tant de désordre sont énormes dans un pays en guerre : démission du ministre de la Défense, du chef d’état-major général des Forces armées, malaise au sein de la troupe, familles endeuillées…

Amateurisme, inexpérience ou expérimentation politique hasardeuse ? Ce qui est inquiétant, c’est l’impression que donne l’exécutif d’avoir perdu la main, la boussole gouvernementale et de partir en position de faiblesse à la table des négociations face aux groupes de bandits armés.

Personne n’a intérêt à voir s’ouvrir une période d’instabilité politique dans notre pays et le souhait du peuple traumatisé du Mali serait d’apprécier des décisions salutaires pour le mieux-être collectif et non d’assister quotidiennement à de fâcheuses erreurs d’appréciation.
Reprenez la main et le sens de l’Etat pour le salut national, Monsieur le président !

Sory Ibrahim Sakho
Docteur en droit public
Sarcelles, France

Commentaires via Facebook :