Tribune : De la problématique de la valorisation des questions de population dans les médias !

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D’abord, la population renvoie au nombre d’individus d’une même espèce sur un territoire donné.

Les caractéristiques d’une population se déterminent à partir des indicateurs tels que l’âge des individus, les naissances, les décès, les migrations, etc.

Traiter de ces sujets nécessite de la part des médias d’autres valeurs au-delà des compétences techniques à prendre un micro ou à rédiger un papier.

C’est le lieu de reconnaitre et de saluer tous les médias qui parlent de ces sujets, ce qui dénote de leurs intérêts mais néanmoins dans un esprit d’amélioration du travail, nous proposons cette tribune pour aider à mieux faire.

TRAITEMENT À AMÉLIORER

En général les questions de population ne font pas courir les médias parce qu’ils ne font pas vendre. Ces questions n’emballent presque pas les organes de presse pour diverses raisons :

* Faibles connaissances des hommes et femmes de médias sur l’importance de ces sujets* Publication en quatrième de couverture de ces sujets.

Je me limite juste à ces deux constats.

Récemment la célébration de la journée internationale de tolérance zéro à l’égard des mutilations génitales féminines, a été diffusée comme avant dernier élément sur une chaîne de télévision à grande audience.

Sur le contenu du reportage, il n’y en avait que pour les discours de circonstance.

Aucun témoignage sur le vécu d’une femme ou fille sur les conséquences des MGF. Absence totale de témoignages des ex- exciseuses ou engagement d’un parent à ne plus faire “mutilée” ses filles.

L’importance accordée aux discours au détriment de la “capture” du vécu des personnes concernées fait que la plupart des reportages sont “sans âme” et se limitent à une juxtaposition de mots.

Le rôle du reporter n’est pas de se contenter du minimum.

Il lui appartient de chercher à comprendre le sujet qui fait l’objet de son déplacement, d’identifier toutes les parties prenantes, surtout, surtout j’insiste là-dessus de donner la parole aux victimes ou bénéficiaires, c’est selon.

Car comment faire un bon reportage sur les MGF, si l’on ne s’interroge pas sur ses conséquences de divers ordres sur la vie des femmes mutilées. Il en est de même du cas des femmes malades de la fistule obstétricale.

LES LIMITES DE LA FORMATION

Au cours d’une formation avec un groupe de reporters et d’animateurs, ils ont été invités à faire le compte-rendu d’une cérémonie “fictive” de remise de 500 cartons de produits contraceptifs par un partenaire au Ministère de la santé pour un montant imaginaire de 100. 000  000 FCFA.

Dans la restitution, tous se sont contentés du minimum.

Ils se font juste focalisés sur l’apparent : des cartons de produits contraceptifs exposés, des discours d’usage prononcés et voilà le papier prêt.

Je leur ai fait comprendre qu’en restant superficiel dans leurs reportages, presque personne ne va lire/ écouter leurs reportages.

Pourquoi ? Parce qu’ici les reportages ne parlent que d’objets et des chiffres. Et alors me diriez-vous ?

Alors, il aurait fallu chercher à savoir dans les détails combien de femmes peuvent satisfaire leurs besoins d’accès aux produits contraceptifs à partir d’un seul carton.

Par exemple, un carton pour 20 femmes. Du coup vous multipliez 20 par 500 cartons ce qui donne 10 mille femmes qui vont bénéficier de produits contraceptifs.

L’EFFORT DE COMPRENDRE !

Certes ceci était un exercice mais dans la réalité, très peu de reporters se donnent le temps de COMPRENDRE. Or, le rôle du journaliste ce n’est pas seulement de poser une question, mais plutôt c’est d’EXIGER une réponse.

 DES VIES HUMAINES EN JEU !

Les questions de population sont des questions de vie humaines. Un reportage sur l’équipement des structures de santé dans le cadre de la lutte contre les décès maternels évitables doit OBLIGATOIREMENT faire mention du taux de mortalité maternelle au Mali. Des statistiques font cas de 325 décès maternels pour 100 mille naissances vivantes.

Imaginez le bonheur d’une mère, d’une sœur qui accouche en toute sécurité.

Le reporter doit chercher à identifier sa joie, sa CHANCE d’avoir échappé à la mort, pour avoir accouché entre les mains de professionnels de santé et la disponibilité de tous les médicaments nécessaires au suivi de la grossesse.

 FAIRE PREUVE D’ENGAGEMENT

La valorisation des questions de population requiert de L’ENGAGEMENT des médias.

Peut- être que l’émotion n’est pas aussi vive si à la Une d’un journal, on lit qu’une femme est décédée des suites d’accouchement, en comparaison d’un titre sur le carottage des millions de francs CFA par un responsable de service véreux.

Seul l’engagement des médias peut les pousser à chercher les réponses aux causes profondes de ce décès qui endeuille une famille, une communauté, un décès qui va ajouter un chiffre de plus au niveau élevé de mortalité maternelle évitable.

Pensons-y !

 

Moussa Baba Coulibaly, journaliste spécialiste en population et développement

 

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