Depuis quelques semaines, un conglomérat hétéroclite d’associations, de partis politiques et de regroupements de partis politiques ont fait irruption sur la scène politique malienne et décidé de rendre ingouvernables Bamako et le Mali. En proposant au peuple malien comme seul programme politique le Départ du Président de la République, ces putschistes déguisés se présentent incontestablement sous leur vrai visage de nihiliste ou tout au moins d’aventuriers politiques porteurs de projets flous et opaques comme une nuit d’octobre. Avoir comme projet politique, la dissolution de l’Assemblée Nationale, de la Cour constitutionnelle bref de toutes les Institutions qui tirent leur légitimité de la Constitution du 25 Février 1992, fruit de la Conférence Nationale de 1991, est tout simplement criminel.
Exiger la dissolution de toutes les Institutions est un signe de mépris absolu pour tous les Maliens de l’intérieur et de l’extérieur.
Jeter dans les caniveaux qui longent cette brocante politique, une Constitution écrite en lettres de sang, est tout simplement indigne pour ceux-là qui ont été des compagnons de lutte des martyrs de 1991.
Oui, il s’agit bien d’un coup d’Etat de fait qui est banni des mœurs politiques au Mali, depuis l’avènement de la 3ème République. Oui ce qui est en cours est contre la démocratie car les animateurs ne représentent qu’une infime minorité de la population malienne.
Il est d’utilité publique donc d’interroger la composition sociologique des concepteurs et planificateurs de ce complot contre la République, contre la démocratie et surtout contre le peuple souverain du Mali qui, suite à la Conférence Nationale de 1991, véritable réplique de Kuru Kan Fuka de Soundiata KEITA, avait élaboré le projet de Constitution adopté par Référendum et qui devint alors le texte fondateur de la 3è République.
A l’analyse, on constate que ce bric-à-brac politique est structuré autour de trois groupes :
-le 1er groupe a comme référence idéologique l’anarcho-syndicalisme doublé de trotskysme avec comme leitmotiv « contre tout, tous contre, jusqu’à la révolution planétaire totale. » Ce groupe a des tentacules partout et recrute dans les milieux pauvres. Il se nourrit également d’un nationalisme simpliste et béat, partisan du « Mali aux Maliens ». Pour ce groupe, tous les malheurs viennent de l’impérialisme et du néocolonialisme. D’où leur opposition à toutes présences étrangères : Minusma, G5 Sahel, partenaires américains, européens et africains etc… Ce groupe est composé d’éternels théoriciens et idéologues qui n’ont aucune prise sur la réalité. Ils sont prompts à exploiter la misère et les frustrations des peuples en prônant toujours des lendemains meilleurs si l’ordre établi était détruit. C’est la révolution totale et permanente de Trotski. Cependant à y regarder de près, la plupart des idéologues de ce courant politique ont été aux affaires, on connait le bilan… pas flatteur. Ils ont également tous perdu lorsqu’il fallait se présenter devant des électeurs ! Leur seul refuge, c’est la rue. Ils guettent systématiquement les foyers de frustration sans lesquels ils sont invisibles.
Dans l’histoire immédiate du Mali, ce courant idéologique a beaucoup apporté à la révolution du 26 Mars 1991. Il a servi de cadre de formation politique pour des étudiants maliens depuis la Fédération des Etudiants d’Afrique Noire en France (FEANF), l’Association des Etudiants et Stagiaires Maliens en France (AESMF), l’Association des Etudiants et Stagiaires Maliens en Union Soviétique(AESMUS), les journaux et revues SANFIN, l’Etudiant malien, SVB (Sur la Voie du Bolchevisme), etc. et bien sûr des groupuscules clandestins. Historiquement, il serait ingrat de ne pas reconnaître leur mérite mais force est de reconnaître aujourd’hui que les temps ont changé.
Le courant anarcho-syndicaliste et trotskyste est complètement dépassé par l’évolution du monde. Il est inadapté pour un système démocratique, pouvoir du peuple, par le peuple et pour le peuple. Comme des astres en fin de parcours, les animateurs de ce courant ont accompli leur mission historique, ils sont en décalage idéologique, conceptuel et sociétal. Mais s’accrochent- ils avec l’acharnement d’un désespéré, comme si le 26 Mars était une rente, qui leur est due ! Et le Mali doit-il ne tourner qu’autour du 26 Mars ?
Le 2ème groupe est composé des déçus des différentes Equipes IBK. Anciens ministres, Anciens Ambassadeurs, Anciens Chefs de projets, Anciens Directeurs… tous des anciennes têtes couronnées, anciens En-haut d’en-haut ! Puisqu’ils ne sont plus aux affaires, comme des écoliers renvoyés, ils se retournent contre la classe qu’ils veulent tout simplement raser jusqu’aux murs ! Mais les hommes oublient, le peuple n’oublie pas. La plupart des animateurs de ce groupe ont lamentablement échoué devant les électeurs et sont en perte de vitesse constante auprès des populations. Ils ne disposent pratiquement pas d’élus à l’Assemblée nationale qu’ils veulent dissoudre. Ce qu’ils n’ont pu obtenir dans les urnes, il faut l’obtenir en battant le pavé ! Les Maliens ne sont pas dupes.
Le 3ème groupe qui compose ce ramassis qui terrorise le Mali et les Maliens est le courant politico-religieux. Ce courant est de loin le plus structuré avec un objectif clair porté par un charismatique Imam : l’Avènement d’une République Islamique. Déjà à la Conférence nationale de 1991, son animateur avait souhaité inscrire dans la Constitution, l’option de République Islamique. On peut donc tout reprocher à l’Imam Dicko sauf son manque de logique et de suite dans les idées. A notre avis, il est bon de l’écouter et de dialoguer avec lui Même si on ne partage pas toutes ses prises de position. Non seulement, il a du monde derrière lui, mais aussi il a un projet de société, deux choses qui font un homme politique.
Comme on peut le constater, ce mélange hétéroclite de partis politiques, de regroupements de partis politiques et d’associations, que tout sépare ne propose rien d’homogène et de constructif pour le Mali. Seul point d’ACCORD : Tuer la 3è République et place….à leur DESACCORD congénital. Ce sera le DESASTRE pour le Mali. Qu’ALLAH nous en préserve !
N’tji Koné, fonctionnaire à la retraite