Quand je vois les mines resplendissantes qu’affichent les tristement célèbres détenus de la Cour Pénale Internationale (CPI), je ne peux m’empêcher d’avoir un pincement au cœur, de comparer le sort de ces bourreaux à celui de leurs victimes, de me demander pour qui roule la justice de cette grande institution.
N’est-il pas déloyal pour leurs victimes de traiter avec autant d’égard, de respect et de considération de « présumés » auteurs des crimes les plus graves au monde (crimes contre l’humanité, crimes de guerre, crimes d’agression) ? De se soucier avec autant de rigueur du bien-être « physique et mental » de ces monstres soupçonnés d’avoir torturé, violé et tué (ou d’y avoir contribué) des centaines de milliers de personnes, endeuillé autant de familles, rendu orphelins des millions d’enfants ?
Dans la prison néerlandaise de la Haye où ils sont détenus, ces individus bénéficient de conditions de détention très confortables, presque enviables.
Ces génocidaires et autres criminels de guerre « présumés » sont seuls dans une cellule de « 10 m² munie d’un lit simple, un bureau, des étagères ». Diverses activités leur sont proposées par la prison : cours d’informatique, d’anglais, activités sportives en salle (équipée) ou en plein air (terrain d’exercice), activités de loisir…
Ils ont des livres et journaux en plus de la télévision, peuvent cuisiner et solliciter une amélioration de leurs repas.
Ces « présumés » assassins vivent dans un environnement propre et accueillant et ne sont en rien isolés du reste du monde ; ils communiquent en toute confidentialité avec des représentants de leurs pays d’origine, peuvent recevoir des visites, particulièrement celles de la famille et du (de la) conjoint(e) auxquelles les autorités de la prison accordent une attention spéciale.
Pendant que ces « présumés » criminels de guerre flânent et se prélassent dans leur prison dorée de la Haye tout en préparant minutieusement leur défense, que deviennent les survivants ?
Parallèlement à la mise en place, en 2002, de la CPI pour punir les crimes contre l’humanité et crimes de guerre, la Communauté Internationale a créé le Fonds au Profit des Victimes (FPV), pour venir en aide aux survivants de ces crimes.
La mission de ce fonds est de soutenir et de mettre en œuvre des programmes qui répondent aux préjudices résultants de ces crimes. Deux mandats lui sont assignés : mettre en œuvre des réparations ordonnées par le tribunal ; fournir un soutien physique, psychologique et matériel aux victimes et à leurs familles.
Rien à redire sur la noblesse de ces intentions. En revanche je me pose beaucoup de questions quant aux résultats de leur application, compte tenu de la lenteur des procédures : Les procédures de réparation ne sont entamées qu’après la reconnaissance de la culpabilité de la personne poursuivie. La détention et le procès de ces « présumés » criminels pouvant s’étendre sur plusieurs années, qu’advient-il des survivants pendant ce temps ? Que deviennent ceux qui, par la faute de ces « présumés » assassins ont tout perdu : famille, parents, honneur, espoir, dignité, envie de vivre… ? Qu’en est-il de la couverture des besoins : face au nombre impressionnant des victimes et à l’étendue des séquelles, le fonds est-il en mesure de prendre en charge ne serait-ce qu’un minimum des besoins de tous ?
Je suis de toute façon persuadée qu’aucun fonds, aucune réparation ne suffirait à panser les blessures des survivants, apaiser leur peine, soulager leur douleur, dissiper leurs craintes ; à leur redonner envie de vivre…
Pour conclure, l’intention n’est point de remettre en cause l’honorable dessein de la CPI de mettre fin à l’impunité pour les crimes les plus graves, lorsque les criminels ne peuvent être jugés dans leur pays, et d’alléger les souffrances.
L’intention est de requérir, pour les auteurs « présumés » de crimes contre l’humanité et de crimes de guerre, des conditions de détention qui reflètent leurs horreurs. Elle est de réclamer que ces criminels « présumés », s’ils sont originaires d’Afrique, soient détenus dans les prisons africaines, dans les mêmes conditions de détention que les criminels de droit commun accusés de crimes autrement moins graves.
Aucune souffrance n’égalera jamais celles que ces « présumés » assassins ont infligées à leur victimes et qu’endurent les survivants et, quelque soit le verdict à l’issue de leur procès, ces individus ne sont pas innocents.
FDK