Tribune / Cinquantenaire ou cinquante-unaire ?

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L’ORTM annonçait la fête de l’armée, le 20 janvier 2011, comme le dernier événement majeur du cinquantenaire de notre pays. Mais apparemment, Bozola n’avait pas la bonne information. Et le cinquantenaire continue à battre son plein, nous conduisant dans le cinquante-unaire.

On a accepté que la fête de l’armée s’inscrive dans le cinquantenaire de notre cher Mali, car on se disait que l’armée malienne a tout de même été créée un 20 janvier 1961. Donc, c’était pile le cinquantenaire des hommes en uniforme. La fête a été nationale, car c’est notre armée à nous Maliens quand  même.
rnOn avait lancé un ouf de soulagement, en se disant que les lampions d’un cinquantenaire, qui a traîné en longueur (depuis le 1er janvier 2010), allait s’éteindre enfin ; et que le pays et ses dirigeants allaient pourvoir faire face à autre chose. Mais hélas, on apprend que le président de la République se rendait à Kidal pour présider les festivités du cinquantenaire dans l’Adrar des Iforas, avec à la clé une course de chameaux accompagnée de largesses du premier des Maliens.

A la nouvelle, ne faisant plus foi au calcul mental que j’ai appris à l’école – qui me donnait 1960 ôtés de 2011, il reste 51 – j’ai eu recours à la calculatrice : 2011-1960=51. Donc, je ne me trompais pas : notre indépendance a été proclamée le 22 septembre 1960, et nous sommes en 2011 et au mois de février de surcroît. Et, si ma compréhension de la langue de Molière est exacte : cinquantenaire veut dire cinquantième anniversaire, donc fête des 50 ans. Et encore si nous prenons toujours les années lato sensu, les 50 ans du Mali indépendant auraient commencé le 1er janvier 2010 et pris fin le 31 décembre de la même année. Ce qui voudrait tout simplement dire qu’en 2011, nous sommes au cinquante-unaire (néologisme !?!?).

Je ne sais franchement pas si les initiateurs et les animateurs de ce fameux cinquantenaire ont les mêmes bases de calcul que moi. Je sais quand même que les règles élémentaires en arithmétique restent les mêmes. Sauf, s’ils ont des formules mathématiques plus compliquées qu’il n’est pas donné au commun des mortels de comprendre.

Je sais aussi qu’une année, selon le calendrier grégorien sur lequel nous travaillons, ne peut dépasser 366 jours – ce qu’on appelle année bissextile – sinon ce qui est fréquent c’est les années de 365 jours. Si cela est vrai et accepté, notre cinquantenaire, qui a été fêté le 22 septembre 2010, a commencé le 1er janvier 2010 pour toute une année donc 365 jours, par pure fantaisie de nos dirigeants. Nous avons accepté cela aussi, malgré nous. Mais, se devaient-ils de poursuivre une fête devenue agaçante au delà d’une année ? Nous sommes à 400 jours depuis le 1er janvier 2010 là ! Que personne ne soit surpris que le fameux et fâcheux cinquantenaire couvre le reste du mandat d’ATT, par pure démagogie de nos dirigeants fêtards.
rnPour ce qui est de la commission du cinquantenaire créée depuis 2009 pour la cause, il me semble que Oumar Hammadoun Dicko et son équipe vont continuer jusqu’en mars ou avril 2011. Je me dis que c’est pour les besoins de désorganisation et de mettre certaines choses en ordre notamment sur le plan financier. Prions pour qu’eux aussi ne s’éternisent pas, comme leur fête.

En allant présider une troisième course de chameaux à Kidal après celles de Tarkint dans la région de Gao, et d’Essakane (région de Tombouctou) dans le cadre du festival au désert, ATT a bien voulu contenter toutes les régions de la partie septentrionale de notre pays. De grâce, ne pouvait-on pas trouver autre chose à faire que course de chameaux sur course de chameaux ? Ne sait-on faire d’autre que faire courir les chameaux dans les régions de Tombouctou, Gao et Kidal ? Cette situation me laisse vraiment perplexe.
rnAussi, le cinquantenaire est-il national ou régional ? Car, en voulant célébrer une fête dans toutes les capitales régionales, le président égratigne, en mon sens, l’esprit national. La fête du 22 septembre à Bamako, la capitale, aurait du suffire pour tous les Maliens, où qu’ils se trouvent, et cela aurait contribué à renforcer le ciment de l’unité nationale. En régionalisant la chose, ATT n’a-t-il pas sciemment ou non créé ou accentué des fissures ?

Qu’ATT et la commission du cinquantenaire sachent que s’ils ont opté pour une régionalisation, les régions de Koulikoro et Ségou sont laissées pour compte. S’il y a eu la commémoration de la bataille de Sabouciré à Kayes, la biennale artistique et culturelle à Sikasso, la course des pirogues à Mopti, les courses de chameaux à Tombouctou, à Gao et qu’il y en aura à Kidal, quid de Ségou et Koulikoro. Sans oublier les grands défilés du 22 septembre et du 20 janvier pour Bamako. Ne me dites surtout pas, comme le soutenait un journaliste, que la pose de la première pierre de l’autoroute était la part de Ségou.
rnSi les régions de Ségou et Koulikoro n’ont pas eu leur fête dans le cinquantenaire, vivement qu’ils en aient dans le cinquante-unaire. A bon entendeur, salut !
rnDaouda COULIBALY
rnYirimadio 759 logements
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