Tribune : Afrique, mon Afrique réveille-toi !

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Depuis une trentaine d’annĂ©es, truquer les Ă©lections ne rĂ©vĂšle plus un scandale et ne porte Ă  aucune consĂ©quence dans les États africains.

Le pouvoir africain corrompt les institutions de la RĂ©publique qui deviennent laxistes et laissent opĂ©rer toutes les impunitĂ©s rĂ©prĂ©hensibles par la loi. La CommunautĂ© internationale, qui devrait veiller au grain pour sanctionner les tricheurs, ferme les yeux sur les fraudes Ă©lectorales pourvu que ses intĂ©rĂȘts capitalistes et gĂ©ostratĂ©giques restent intouchables. Une bonne partie du peuple africain est complice des victoires illĂ©gitimes Ă  la sortie des Ă©lections obscures cahoteux et non dĂ©mocratiques.

La dignitĂ© nationale a disparu au profit de l’arbitraire Ă©tatique qui prospĂšre sur fond d’état d’exception et d’appĂąt du gain facile excluant tout prĂ©cepte de travail, d’intĂ©gritĂ© ou de compĂ©tence. AprĂšs la disparition des pĂšres des indĂ©pendances africaines, le mensonge d’état est devenu le sport favori des dirigeants africains et ce fait n’est point contredit par les gardiens des valeurs morales et spirituelles.

Le concept d’état de droit est vidĂ© de son sens et le droit de l’État est inopĂ©rant car souvent il est incapable d’exercer l’entiĂšretĂ© de ses missions rĂ©galiennes et ses compĂ©tences sur son propre territoire. Ainsi, les États africains restent faibles et exposĂ©s au terrorisme, au djihadisme violent, aux trafics en tous genres, aux conflits meurtriers intercommunautaires et aux spoliations rĂ©gies par les puissances Ă©trangĂšres.

Les libertĂ©s individuelles et collectives sont bafouĂ©es et la justice est fondamentalement complice du fait de la corruption et du clientĂ©lisme qui la rend sourde et muette. Le bas peuple n’a plus confiance aux institutions et tournent rĂ©solument le dos aux politiques.

Ayant compris le jeu de la gouvernance (plutît de mal gouvernance), une frange de la population se tourne vers la religion et elle aussi utilise celle-ci comme un ascenseur social pour s’opposer à l’État et gouverner ainsi dans une orthodoxie particuliùre.

Dans cette formule de revanche sur leurs parcours initiaux, les derniers de la classe d’hier sont devenus les premiers de la classe aujourd’hui en troquant leurs tenues vestimentaires contre le grand boubou, le bonnet et le chapelet, en utilisation la courte Ă©chelle de la religion.

La population dĂ©munie et analphabĂšte, les pauvres, les laissĂ©s sur le bord de la route sont ainsi piĂ©gĂ©s Ă  vie. Ils sont cernĂ©s de toutes parts, d’un cĂŽtĂ© par un pouvoir indigent, autoritaire, censitaire et sanguinaire et, de l’autre cĂŽtĂ© par des religieux corrompus, politisĂ©s et sans morale. Pour complĂ©ter ce tableau sinistre de vampirisation de l’Afrique, les ex – colonisateurs et leurs amis continuent, tels des prĂ©bendiers, Ă  extorquer les richesses et les potentiels vitaux de l’Afrique en payant en monnaie de singe les deux pouvoirs administratifs corrompus et laxistes au sommet de l’État.

Ces puissances Ă©trangĂšres fabriquent des armements sophistiquĂ©s pour les vendre Ă  des pays affamĂ©s par la faim et la misĂšre. Elles inventent des guerres et conflits inutiles pour l’humanitĂ©. La guerre est dĂ©sormais conçue par ces suprĂ©matistes comme une source de revenu et de maintien du niveau de vie occidentale en spoliant d’autres pays condamnĂ©s au non dĂ©veloppement, Ă  l’inexistence.

Les hommes ont Ă©voluĂ©s intellectuellement mais force est de constater qu’ils ont toujours gardĂ© au fond d’eux mĂȘme l’instinct bestial de « la loi de la jungle », la loi du plus fort.

Quel marchĂ© de dupe ! Quelle rĂ©gression pour l’Afrique mĂšre de l’humanité !

Dans la bouche des princes africains parvenus, les mots sont habillĂ©s, enjolivĂ©s, pour parvenir Ă  leurs objectifs de confiscations de pouvoir contestĂ© par le peuple. Ainsi, certains pour parvenir au caractĂšre fĂ©dĂ©ral d’un État, ils annoncent la dĂ©centralisation ou la rĂ©gionalisation poussĂ©e. Ils substituent l’État-nation par la RĂ©gion-État. Le mensonge devient un outil voire une philosophie  de gouvernance. La communautĂ© internationale cachĂ©e derriĂšre une Ă©paisse fumĂ©e de mensonge ne pipe un mot Ă  cette comĂ©die Ă  gĂ©omĂ©trie variable, car elle est l’initiatrice du thĂ©Ăątre politique africain intitulĂ© «  le festival des brigands ».

De ce fait, justifiant le paradigme du fĂ©dĂ©ralisme qui repose sur le fait que les États sont autonomes et exĂ©cutifs. Les « casseurs endogĂšnes » s’arcboutent sur ce prĂ©cepte qui est bien entendu soutenu et appuyĂ© par les prĂ©dateurs des richesses naturelles et la perversion des cultures africaines.

L’Afrique n’est, jusqu’ici, pas prĂȘte Ă  enclencher sa rĂ©volution sociale. Elle se laisse toujours entrainer dans les guerres des autres, les conflits de dĂ©rĂ©gulation de ses espaces, coĂ»tant un tribut Ă©levĂ© en pertes humaines, Ă  la destruction de ses infrastructures dĂ©jĂ  insuffisantes, Ă  la destruction du capital productif, Ă  la rĂ©gression de l’espĂ©rance de vie, Ă  la dĂ©shumanisation de l’homme africain. Bref, si l’Afrique ne se lĂšve pas pour dĂ©fendre ses intĂ©rĂȘts, pour faire des prĂ©visions lointaines, son existence est fortement menacĂ©e.

N’arrivant pas Ă  rĂ©soudre leurs dĂ©veloppements Ă  travers une dichotomie imposĂ©e, les pays les africains ne devraient –ils pas aller vers le « verticalisme », concept qui consisterait Ă  rĂ©guler par le haut les peuples profondĂ©ment meurtris par la misĂšre et la corruption. C’est Ă  dire le leadership doit ĂȘtre exemplaire Ă  dĂ©faut il est chassĂ© du pouvoir par le peuple Ă  travers une conscription en referendum populaire et dĂ©mocratique.

Les pays africains doivent mettre en place des institutions fortes intĂšgres pouvant contrer toute tentative d’usurpation de pouvoir de  maniĂšre illĂ©gale ou illĂ©gitime.

L’Afrique doit chercher sa propre voie de dĂ©veloppement et ne plus porter le flanc aux manipulations condescendantes des occidentaux qui prĂŽnent une « recolonisation volontaire ». Quel anachronisme pathĂ©tique !

Afrique, mon Afrique réveille-toi pour bùtir une nouvelle civilisation originale, indépendante et florissante.

Oumar MC Koné

Président du BRDM

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