A la suite de la publication d’un manifeste dans lequel ils faisaient un plaidoyer à l’endroit de chaque citoyen pour son « obligation de s’engager pour le Mali », LES REFORMARTEURS à travers la présente tribune, se lancent cette fois-ci dans une analyse de la situation de notre pays sous un angle prospectif : « l’émergence d’un Mali nouveau ». Une analyse qui tombe à point nommé, d’autant plus que la transition vient de boucler à peine ses 100 premiers jours.
A quelques encablures d’une élection présidentielle qui risque de rester dans les annales comme l’une des plus indécises que le Mali ait connu, les manœuvres stratégiques de positionnement vont bon train.
Les personnalités souhaitant briguer la magistrature suprême en 2022 usent de stratagèmes politiques qui rivalisent de malice et d’ingéniosité. Le plus marquant dans cette course à l’électorat est le profil des prétendants présagés. Les élections présidentielles ont toujours été la chasse gardée des personnalités politiques de premier plan : des professionnels de la politique ! Quelques rares dérogations à cette règle furent constatées avec la victoire en 2002 de feu le Président Amadou Toumani Touré ou encore les parcours électoraux remarquables de quelques entrepreneurs.
Cependant, force est de constater que les candidatures qui sont crédités des plus grands nombres d’intentions de votes n’émanent plus des « barons de la politique », ce qui augure d’un changement de paradigme.
En effet, lors des deux dernières élections présidentielles, l’électorat a boycotté les urnes, affirmant ainsi sa volonté de voir évoluer les profils des candidats. Cette demande de sang neuf semble susciter des vocations au vu de l’agitation qui anime actuellement les hautes sphères bamakoises.
Face à tant d’entrain pour la gestion de la chose publique à travers la magistrature suprême de notre pays, une question primordiale se révèle d’elle-même : Quel profil le Mali nouveau devra-t-il hisser en 2022 sur la colline Koulouba ? Un jeune ou un moins jeune ? Un militaire audacieux ? Un entrepreneur méthodique et stratège ou un technocrate de grande probité ? Un éternel politicien ou un religieux abonné au gré des changements de régime ?
Quel qu’il soit, ce leader devra relever au moins trois défis majeurs :
Le premier d’entre eux est d’abord et sans doute sécuritaire. En effet, le Nord et le Centre du Mali sont quotidiennement sujets à des attaques terroristes. En l’espace de quelques années, cette zone auparavant prisée par les touristes, est devenue le théâtre récurrent d’affrontements tribaux sur fond de trafics transfrontaliers de tous genres.
Le second est ensuite et évidemment économique avec une activité largement dessous du véritable potentiel. Le malien peine à ressentir les effets des indices macroéconomiques constamment brandis par les pouvoirs publics pour légitimer leurs actions. La corruption et l’enrichissement illicite sont endémiques, au point d’empêcher l’Etat de prélever correctement ses recettes et de solder sa dette ; la hausse de cette dernière ayant battu ces dernières années tous les records.
Enfin, le troisième défi, non des moindres, sera d’ordre idéologique et conceptuel. Le futur locataire de Koulouba devra être en mesure de rassembler les maliens et de les fédérer autour d’une vision commune pour un Mali harmonieux et émergeant. Il devra également avoir une vision claire des enjeux socio-économiques et environnementaux.
Le Mali nouveau réclame un dirigeant Bâtisseur et Patriote :
▪ Il devra être bâtisseur dans sa capacité à mettre en œuvre une stratégie de défense et de sécurité crédible dans notre pays, à promouvoir une politique économique et sociale digne de ce nom en justifiant notamment une expérience réussie.
▪ Il devra être patriote dans sa volonté résolue de donner un sens plein et entier à la nation, à la démocratie et la bonne gouvernance dans notre pays.
D’une manière générale, ce dirigeant devra être en mesure de mobiliser la société, à la manière d’un manager aguerri, en se fixant des objectifs clairs et précis, afin d’amorcer la marche vers l’émergence à l’horizon 2032. Il y va indéniablement de la construction saine du Mali nouveau tant souhaité.
A l’heure actuelle plusieurs profils prometteurs, dont des entrepreneurs mondialement reconnus, tentent de tirer leur épingle du jeu. Au gré de tractations de plus en plus intenses, certains d’entre eux parviennent méthodiquement à s’élever au-dessus de la mêlé. Espérons que dans les efforts de légitimation déployés pour asseoir leurs candidatures, ils sauront mobiliser les meilleures ressources humaines désireuses de contribuer à l’édification du Mali nouveau.
LES REFORMATEURS
@LesReformateur2
Bamako, le 22 janvier 2021