C’est désormais un fait accompli que dans le concours d’entrée à l’ENSUP en philosophie, les sociologues, en mal de débouché, essayent de virer de bord pour devenir des enseignants en philosophie. Une pratique qui n’a pas démarré aujourd’hui, mais s’étale de façon insolente. C’est cet état de fait qu’a dénoncé l’Union des Etudiants en philosophie dans cette tribune.
Le système éducatif malien est aujourd’hui le siège de toutes les confusions possibles. Tantôt on sent la volonté de résoudre les problèmes, mais souvent c’est le contraire car la politique prend généralement le dessus sur l’académie et le pédagogique. Face à cette réalité béante, on est animé par un sentiment à la fois optimiste et pessimiste. La meilleure illustration de cette réalité est ce qui se passe aujourd’hui à l’Ecole Normale Supérieure, notamment au département philosophie et psychopédagogie (P.P.P).
Il s’agit de cette aberration vulgaire, décidée et encouragée, par certaines autorités de l’ENSUP qui ont donné mandat aux étudiants en sociologie de faire le concours d’entrée à l’ENSUP en philosophie au détriment des étudiants en la matière. Ces autorités, pédagogues de surcroit, sont entrain de créer une véritable confusion dans la tête des gens. Ainsi, cela nous amène à se demander si l’Etat veut réellement un enseignement tout court ou un enseignement de qualité. Or, toute personne informée et formée, sait pertinemment qu’un sociologue n’est pas en état de faire la philosophie à l’ENSUP. La formation en sociologie, à la faculté, se limite à une année de philosophie générale (deux heures par semaine). Dès lors, on comprend que pédagogiquement et académiquement, un étudiant en sociologie ne doit et ne peut pas faire le concours d’entrée à l’ENSUP en philosophie au détriment des étudiants même de la discipline. Pour la petite histoire, l’ENSUP avait tenté la conversion des sociologues en philosophes et en littéraires, dans les années 2000, mais cela s’est terminée par un fiasco, mettant ainsi fin à cette pratique.
Aujourd’hui, on trouve illogique voire désastreux de revenir sur cette pratique qui a brillé par ses limites et ses résultats dégradants. A dire vrai, cette conversion des sociologues en philosophes affiche la volonté manifeste d’être contre un enseignement de qualité, qui dépend impérativement des spécialistes. En outre, elle confirme cette conception banale et vulgaire qui voit la philosophie comme une discipline qui peut être enseignée par tout le monde, ou comme si tout individu était congénitalement philosophe. La philosophie est un choix tout comme la sociologie; de ce fait, on ne doit pas priver les étudiants en philosophie de leur droit ! Si l’ENSUP veut des étudiants en sociologie, elle peut créer une filière qui leur est destinée, surtout que la sociologie est désormais enseignée dans le lycée et dans certains centres de formations professionnelles. Sinon, la philosophie ne doit pas être la vache laitière des sociologues en manque de débouché ou de perspective. Si on le fait pour l’emploi, cela paraît irréfléchi car on diminue le chômage chez les sociologues pour en créer chez les philosophes.
C’est pourquoi, les étudiants en philosophie demandent à toute personne animée de bonne foi pour l’avenir de l’école malienne, de l’aider à mettre fin à cette pratique d’un autre âge faite par l’ENSUP. Au final, nous ne prétendons pas nous limiter là et sommes déterminés à utiliser tous les moyens légaux et légitimes pour mettre fin à cette injustice qui mine encore l’école malienne.
Union des Etudiants en Philosophie (U.E.P)
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