Trentième Journée du CILSS à Dakar : Le Président IBK s’est expliqué face à ses pairs

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Lisez l’intégralité du discours du Président en exercice du CILSS, Chef de l’Etat.
« Citoyennes, citoyens des Etats membres du CILSS,

Communiqué du Conseil Supérieur de la Défense Nationale du 22 décembre 2014
Son Excellence Monsieur Ibrahim Boubacar KEITA, Président de la République

Le 12 septembre 2015, est la date commémorative de la création de notre organisation communautaire, le Comité Permanent Inter-États de Lutte contre la Sécheresse au Sahel (CILSS).

Cette commémoration, consacrée par l’organisation d’une journée CILSS dans chaque pays-membre de notre institution, vise à sensibiliser les opinions nationales sur la nécessité d’une lutte permanente contre les effets de la sécheresse et de la désertification. Elle a été instituée lors de la 7ème Conférence des Chefs d’États et de Gouvernement du CILSS, tenue à Dakar, les 28 et 29 janvier 1986. La présente journée est ainsi la 30ème du genre. La 17ème Conférence des Chefs d’Etat et de Gouvernement du CILSS, tenue à Bamako le 15 avril 2015, en avait arrêté et approuvé le thème, « Le CILSS face aux enjeux du changement climatique et de la sécurité alimentaire ».

La célébration de la journée du CILSS vise de façon spécifique:
–      Premièrement, à mieux faire connaitre les implications, tant actuelles que probables à l’avenir, de la variabilité et du changement climatiques, en termes de vulnérabilité des secteurs stratégiques et de risques sur la sécurité alimentaire et nutritionnelle au Sahel et en Afrique de l’Ouest ;
–      Deuxièmement, à porter à la connaissance des Etats membres et de nos multiples partenaires, les réalisations significatives du CILSS dans plusieurs domaines des changements climatiques ;
–      Troisièmement, à susciter auprès des Etats membres et des partenaires techniques et financiers du CILSS, un vif intérêt pour l’intégration de solutions dites « émergentes ». Il s’agit de solutions centrées sur les objectifs –gagnant-gagnant,- d’adaptation, d’atténuation et de sécurité alimentaire des programmes nationaux d’investissements agricoles (PNIA). Elles portent sur le renforcement de la résilience climatique et l’assurance d’une sécurité alimentaire et nutritionnelle durable au Sahel et en Afrique de l’Ouest ;
–      Quatrièmement, enfin, à créer les conditions nécessaires pour un meilleur accès de nos Etats à la finance mondiale du climat, dans le cadre du Fond Vert Climat.
Citoyennes, citoyens des Etats membres du CILSS,
Créé le 12 septembre 1973 par les six Etats fondateurs que sont la Haute Volta — actuel Burkina Faso, le Mali, la Mauritanie, le Niger, le Sénégal et le Tchad, le CILSS a connu une expansion remarquable. En effet, elle compte aujourd’hui treize pays, suite à l’adhésion en 1976 du Cap Vert et de la Gambie, en 1986 de la Guinée Bissau, en 2011 de la Guinée Conakry, puis en 2012 de la Côte d’Ivoire, du Bénin et du Togo.
Au fil des 42 ans d’existence, le CILSS s’est positionné dans l’espace sahélien ouest-africain comme une institution de référence. Il rend d’utiles services à ses Etats membres dans la recherche de solutions efficaces et durables en matière de lutte contre l’insécurité alimentaire et nutritionnelle, ainsi qu’en matière de prévention contre les effets néfastes de la sécheresse et des changements climatiques.
De fait, notre institution s’est illustrée par l’exemplarité de la définition et la conduite de politiques et stratégies régionales pertinentes de sécurité alimentaire et nutritionnelle, par l’évaluation permanente des campagnes agricoles, par la prévention et la gestion prudente des crises alimentaires, par la pratique des prévisions et du suivi agro-hydro-météorologique, par la facilitation de l’accès au marché des produits agricoles et agro-alimentaires et par la gestion durable des ressources naturelles, des terres et de l’eau d’irrigation.
Citoyennes, citoyens des Etats membres du CILSS,
Les études et réflexions menées ces dernières années par le CILSS ont montré, concernant les pays d’Afrique sub-saharienne, une intensification du réchauffement climatique. Elles indiquent que la zone couverte par les Pays-membres du CILSS sera parmi celles les plus affectées par les changements climatiques futurs.
Les observations météorologiques révèlent que l’Afrique occidentale a subi une hausse des températures de l’ordre de 0,6 à 0,7° C, c’est-à-dire une hausse beaucoup plus rapide que la moyenne globale. Par ailleurs, des changements majeurs sont survenus dans les régimes des précipitations, tels que :
–      L’apparition d’une brusque alternance d’années humides et d’années sèches au cours de ces deux dernières décennies ;
–      La variabilité accrue des pluies et de leurs caractéristiques telles que les dates de début et de fin de saison, la fréquence et la durée des périodes sèches ; et,
–      La recrudescence des phénomènes climatiques extrêmes comme les sécheresses, les inondations et les vagues de chaleur.

Les dérèglements climatiques annoncés pourraient avoir un impact sévère sur la sécurité alimentaire, dû aux baisses de productivité des cultures. Ainsi, les zones tropicales, qui sont d’une part plus exposées que les autres au changement climatique, et d’autre part, déjà affectées par l’insécurité alimentaire, se trouveraient-elles plus sévèrement frappées.
Dans cette perspective :
–      Environ 75 à 250 millions de personnes pourraient être affectées par un stress hydrique plus élevé en 2020, avec une incidence négative sur la disponibilité, l’accessibilité et la demande en eau ;
–      Les rendements agricoles des principales cultures alimentaires sous pluie, pourraient baisser éventuellement jusqu’à 50% d’ici à 2020 ; ce qui exposerait environ 40 à 170 millions de personnes supplémentaires à la faim et à la malnutrition ; et,
–      Les risques climatiques pour l’agriculture, l’élevage et la pêche pourraient s’accroître au cours des prochaines décennies, en particulier dans nos pays à faibles revenus dont la capacité d’adaptation est des plus fragiles.
Citoyennes, Citoyens des Etats membres du CILSS;
La question de la sécurité alimentaire est indissociable de la problématique du dérèglement climatique. Elle relève également du développement durable et de l’efficacité de la lutte contre la pauvreté.
En effet, l’Agriculture, du fait de pratiques agricoles non durables, est responsable pour environ 14% des émissions de gaz à effet de serre et même pour 17%, si l’on y inclut déforestation et dégradation des sols.
Toutefois, l’Agriculture pourrait contribuer à diminuer les effets négatifs du changement climatique. En effet, les petits agriculteurs ont de multiples possibilités pour atténuer les émissions de gaz à effet de serre dans l’Agriculture. Ils peuvent être assistés et facilement adopter des pratiques agricoles durables, telles que : la réduction du travail du sol, l’accroissement de la matière organique du sol, l’augmentation du couvert végétal, la meilleure gestion des pâturages, la restauration des terres dégradées et les plantations d’arbres.
A l’avenir, pour bien assurer la sécurité alimentaire, l’agriculture devra devenir résiliente face au changement climatique. A cet égard, des actions vigoureuses doivent être entreprises au triple niveau local, national et régional.
Au niveau régional, le CILSS, avec l’appui de ses Partenaires Techniques et Financiers, a engrangé au cours des cinq dernières années, d’importants acquis ; ce qui lui permet, face au changement climatique, de contribuer efficacement au renforcement des capacités opérationnelles des Etats membres. En effet, différentes initiatives entreprises depuis 2011, permettent à présent au CILSS de s’investir sur plusieurs thématiques en lien avec le changement climatique, à savoir :
–      L’amélioration des systèmes d’informations hydro-climatologiques, ainsi que les capacités d’analyse de l’évolution du climat et de ses impacts dans les secteurs prioritaires (agriculture, eau, environnement, etc.) ;
–      Le renforcement des capacités des Etats membres par les formations diplômantes et les formations continues ;
–      Le renforcement des capacités de négociation et la facilitation de l’accès au marché mondial carbone ;
–      Le renforcement des pays membres en équipements d’observation des changements environnementaux et le renforcement des capacités des cadres nationaux dans la prise en charge du suivi environnemental ;
–      L’intégration du changement climatique dans les politiques, les stratégies et les plans de développement nationaux et locaux ;
–      La capitalisation et la diffusion des bonnes pratiques d’adaptation au changement climatique et d’atténuation du risque climatique dans le secteur agricole et enfin;
–      L’appui aux activités d’investissement portées par les collectivités décentralisées et par les associations, pour l’adaptation au changement climatique.
Au double plan national et local, des actions pertinentes sont déjà entreprises par les populations pour s’adapter au changement climatique.
Ces innovations, qui permettent d’améliorer la production agricole, tout en amortissant les chocs climatiques, mériteraient d’être renforcées et portées à une échelle supérieure.
Il s’agira de consolider les acquis par l’intensification des interventions de terrain, axées sur des pratiques d’Agriculture intelligente face au climat (AIC). Celles-ci combinent à la fois d’un côté, le recours aux systèmes d’informations climatiques et d’alerte précoce et aux technologies d’adaptation améliorant le stockage du carbone dans le sol, et de l’autre, l’amélioration de la résilience des agriculteurs aux chocs climatiques.
Notre sous-région s’organise actuellement pour mieux encadrer l’adoption et le relèvement d’échelle des techniques d’agriculture intelligente face au climat. La CEDEAO, le CILSS et l’UEMOA, avec l’accompagnement de plusieurs partenaires, ont adopté en juin 2015 à Bamako, au Mali, le cadre d’intervention, de financement et de suivi-évaluation de la CEDEAO sur l’AIC, ainsi que la mise en place d’une Alliance pour la convergence et la coordination des initiatives sur l’AIC en Afrique de l’Ouest.
Citoyennes, Citoyens des Etats membres du CILSS;
La 30ème journée du CILSS se tient également à la veille de la Conférence des Parties ou COP 21, qui se tiendra en décembre prochain à Paris, en France. Cette conférence marquera, sans nul doute, un tournant dans l’histoire des négociations sur le climat, en posant les bases du prochain régime climatique. Ce cadre devra engager les pays sur des voies de développement durable, des voies à même de concilier les besoins des populations –notamment celles résidant dans les pays les plus vulnérables,- et la nécessaire réduction des émissions de gaz à effet de serre.
Si le changement climatique constitue un réel défi, il n’en demeure pas moins qu’il offre des mécanismes internationaux de financement pouvant aider à y faire face. La sous-région devrait les saisir afin de réduire efficacement la pauvreté rurale, en initiant par exemple des programmes cohérents de développement au profit des populations nécessiteuses.
Citoyennes, Citoyens des Etats membres du CILSS;
Je voudrais, au nom de toutes les populations et des Etats membres du CILSS, adresser mes sincères remerciements à nos Partenaires Techniques et Financiers. En effet, face au changement climatique et aux besoins de renforcement de la sécurité alimentaire et nutritionnelle, ils apportent un soutien multiforme et constant au CILSS et à ses Etats membres.

Pour terminer, je souhaite plein succès au CILSS. J’encourage tous les organes du CILSS à œuvrer inlassablement au maintien du niveau de ces belles performances. Le CILSS se doit de confirmer de manière irréversible son leadership régional dans ses domaines de compétences, afin d’aider efficacement ses Etats membres à relever les défis innombrables liés au changement climatique et à la promotion de la sécurité alimentaire et nutritionnelle.
Vive le CILSS,
Vive la solidarité sahélienne et ouest africaine,
Vive la solidarité internationale ».

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