Le nouvel an 2023 à l’instar des ans passés commence à brûler inéluctablement ses longues journées devant se terminer en décembre si bien que l’on fait raisonnablement sienne cette citation célèbre du philosophe et musicologue français Vladimir Yankelevich « comment des années si courtes se fabriquent-elles avec des journées si longues ? ».
Et dans le courant du temps qui court, l’occasion est opportune de souhaiter à notre patrie paix et sécurité à cette ère de trouble majeur se manifestant par des attaques terroristes, barbarie inédite certes contrées par la réplique patriotique des forces de défense et de sécurité du Mali.
Alors, ce contexte sécuritaire agaçant et harassant couplé à la crise institutionnelle ayant écourté le 18 août 2020 le mandat normal d’un président élu, est le proto type de la remise en cause du système démocratique dans toutes ses dimensions. A qui la faute ? Difficile d’y répondre tant les faits, les actes et les causes s’entremêlent lourdement.
Conséquence : un pays meurtri au plan sécuritaire, dévasté au plan économique et ébranlé au plan démocratique qui cherche son salut à travers ses dignes fils aux stratégies différentes selon que l’on soit du côté du pouvoir de transition soit de l’opposition démocratique en quête de sursaut populaire car fortement malmenée par la tournure des évènements dramatiques (démocratiquement) depuis la crise sécuritaire ayant débouché sur la crise politico-institutionnelle ; toutes choses qui abiment les principes et valeurs démocratiques portées par les partis politiques qui, selon les dispositions constitutionnelles, précisément l’article 28, alinéa 1er de la constitution du 25 février 1992 « les partis concourent à l’expression du suffrage ».
Ainsi, après les concertations, les vœux et les tiraillements sur la durée de la transition autant à l’interne qu’avec la CEDEAO, organisation sous régionale veillant à l’équilibre voire à la survie du jeu démocratique, la production du chronogramme électoral en juin 2022 nous interpelle quant à son respect. C’est ce faisant que le renouveau démocratique tant clamé verra le jour pour la satisfaction des esprits épris de paix et de valeurs démocratiques, seule option de gouvernance propice à la sauvegarde de l’essentiel : dignité, droits humains…
Et dans la suite de mon article de mars 2022 intitulé « leçons du passé et défis futurs », il faut tirer leçons du passé pour construire le futur ensemble sans calcul ni élucubrations, au profit exclusif de la patrie Mali. Cela contribuera à fédérer les cœurs et les esprits divisés sur la stratégie à échafauder en vue de l’atteinte de l’objectif commun : sauvegarde des intérêts essentiels du Mali ; sauvegarde qui passe nécessairement par la mise en œuvre des activités chronologiquement programmées aux fins de retour à l’ordre constitutionnel normal et accessoirement éviter des crises aux allures nouvelles et aggravantes avec comme finalité la mise à mal de la notion de gouvernance civile issue d’élections régulières. Le plan B n’existe pas en matière de gouvernance démocratique de façon générale et en matière électorale en particulier. Ce serait faire entièrement fausse route que d’y penser.
Bref, en ces instants de décision phare de sortie de la transition, trois actions clés doivent prévaloir : respect du chronogramme électoral, recherche du minimum de consensus et réalisation du maximum d’inclusivité. C’est à ce prix que toutes les œuvres déjà réalisées auront de la pérennité, de la valeur à coup sûr aux yeux de la majorité des maliens, d’autant que de telle dynamique ne peut que crédibiliser les auteurs.
- Les actions électorales de 2023 : En prélude aux actions à comptabiliser conformément au chronogramme établi au titre de l’an 2023, les autorités de la transition ont réalisé ce qui suit :
- Création de la commission de rédaction de la nouvelle constitution
- Création de la commission de finalisation
- Mise à jour du fichier électoral via la révision annuelle des listes électorales (RALE)
- Inventaire du matériel électoral au niveau des collectivités et des missions diplomatiques
- Animation du cadre de concertation MATD à la fois avec les partis politiques et la société civile.
Dans la suite logique de ces actions de 2002, la mise en œuvre du chronogramme électoral pour le retour à l’ordre constitutionnel normal s’effectue à travers un certain nombre d’actions programmées, au nombre desquelles la tenue le jeudi 12 janvier du cadre de concertation susmentionné en vue de recueillir l’avis des acteurs civils et politiques sur la tenue du référendum en mars prochain ; tenue devant être précédée de la convocation du collège électoral en février.
Dans la dynamique ainsi enclenchée, devaient suivre d’autres actions selon le chronogramme à exécuter au titre de l’an 2023 comme suit :
- Tenue du référendum : convocation du collège électoral en février, déroulement du scrutin en mars, examen/adoption en mai ;
- Election des conseillers des collectivités territoriales : convocation collège électoral en mars, campagne électorale en juin, déroulement du scrutin en juin ;
- Election des députés : convocation du collège électoral en juillet, campagne électorale et déroulement du 1er tour en octobre, campagne électorale et déroulement du 2ème tour en novembre.
Et ce sont les élections des députés qui vont clore le cycle électoral 2023 avec une partie de la phase de 2024 qui commence par la convocation du collège électoral en octobre 2023 pour l’élection du Président de la République en février 2024.
- Les actions électorales de 2024 : Election du Président de la République : campagne électorale 1er tour en janvier, déroulement du 1er tour en février, campagne électorale /déroulement 2ème tour en février.
Au terme de ce périple électoral, le nouveau Président élu prendra fonction en mars suite à une investiture qui galvanisera l’estime de tout un peuple.
- Les enjeux et défis post élections: Au terme de cette belle joute électorale de 2023 et 2024, le renouveau de la gouvernance est attendu. Autrement dit, les attentes qui pèseront sur la gouvernance à partir de mars 2024 sont gigantesques et comparables à celles d’après indépendance en 1960 et à celles d’après dictature de 1991. Il sera donc de bon ton pour les nouveaux dirigeants de s’inspirer fortement des hommes qui ont eu la lourde tâche de les précéder dans ces sacrifices au sommet de l’Etat tant en 1960 pour relever d’infinis défis tels asseoir l’autorité de l’Etat après le départ du colon, assurer l’essor économique et consolider le tissu social qu’en 1991 suite à l’avènement du régime démocratique. C’était en matière de gouvernance des défis identiques à quelque nuance près avec des hommes si différents pour les affronter.
De quel renouveau de gouvernance s’agit-il plus précisément ?
A la lumière des multiples défis qui assaillent le Mali, il est attendu comme mode de gouvernance une plus grande redevabilité envers le peuple qui épie et analyse désormais les faits et gestes des gouvernants.
Cette redevabilité ne saurait être effective si les gouvernants ne se mettent pas à l’écoute entière du peuple pour comprendre les grondements qui pourraient enfler, les soucis qui pourraient s’attarder et les préoccupations qui resteraient insatisfaites.
Est également attendu comme renouveau démocratique ou de gouvernance, la qualité des hommes qui animent la vie politique. N’en déplaisent à certains, les élémentaires comme le fait de privilégier la nationalité malienne en ne détenant qu’elle et elle seule pour accéder à la magistrature suprême ne saurait être négociable car en détenir deux ou plus a des conséquences désastreuses dans la conduite du pays. Tout comme avoir une culture générale comme socle des valeurs sociétales du Mali, le futur dirigeant ne peut être attitré comme ayant un comportement à l’occidental ignorant superbement nos us et coutumes dans leur profondeur. Une telle assertion pourrait bien faire rire mais dans les faits, il sied de les scruter pour éviter tout quiproquo dans le Mali post élections.
Mieux, la direction des partenariats doit être guidée dans l’intérêt exclusif du Mali et non par des intérêts géo stratégiques nuisibles et sombres. Cela doit être la règle mais ne peut l’être dans les faits qu’avec une forte dose de patriotisme de l’ELU 1er. Et voilà le mot farouche et mortel lâché : patriotisme. N’est-ce pas ce qui manque le plus aux dirigeants de l’Afrique contemporaine ? Car ce mot à lui seul résout la très complexe et inextricable équation de gouvernance. Sans minimiser les diplômes, le patriotisme est au-dessus de tous les certificats, licences, doctorats/Ph D du monde sur le terrain de la gouvernance. Il est l’analgésique à la douleur du peuple. Et les politiciens, les vrais en savent quelque chose. Ne le perdons pas de vue dans la guérison du Mali post élections afin que ce qui est arrivé comme crise ne soit qu’un mauvais souvenir au bonheur des générations futures. C’est ce faisant que l’on aura réussi le big challenge de réussir le cycle électoral, de bâtir le renouveau démocratique avec le but ultime d’assurer le bien- être de la brave et dénuée population malienne. A ce prix, l’adhésion populaire aux actions des politiques est garantie et s’inscrit dans la durée pour ne pas dire devient irréversible, rendant le cours des tentatives de putsch et insurrections nul et de nul effet.
Vive le Mali démocratique, un et indivisible !
Bamako, le 16 janvier 2023
Mamadou Fadiala KEITA, Juriste
Coordonnateur de l’ONG AJCAD
Président de COMED
Président de COPER-Mali
Organisateur en chef et Conseiller Permanent Cri-2002 depuis la création en 2000
Attention à ne pas succomber à l’𝔄ℳ€ℜI∁𝔄ℜℕ𝔄V𝔄ℒ~O∁∁𝕀𝓓€ℕŦ𝔄ℒ
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