La guerre qui sévit sur la durée de la transition détourne le public sur les enjeux réels à saisir et à traiter pour le bonheur des maliens et l’honneur des tenants du pouvoir, d’autant que l’élément le plus précieux nous échappe à chaque seconde, à savoir le temps qui court et court.
Car, il est connu et reconnu que la réussite d’une transition n’est point liée à sa durée mais bien à la qualité des hommes qui l’animent et aux leçons tirées du passé.
Autrement, une transition ne peut ébaucher de solutions à toutes les équations du futur qui demeure l’éternelle énigme en matière de gouvernance. L’on ne peut guère tout prédire et tout prévoir à moins de tomber dans le pur charlatanisme.
Partant de ce postulat, l’adoption de posture humble et soucieuse doit prévaloir en lieu et place de la prétention démesurée, stérile et divisionniste. Car, se prévaloir de l’apanage de la VERITE est le summum de la déraison faisant le lit des abus et exagérations de tous ordres ; bref l’intolérance à son comble.
Et sur le point certes pas moins crucial de la durée, l’accord devrait être scellé aussi aisément comme coule l’eau de la roche, d’autant que les principes CEDEAO ne sont pas de la vermine, loin s’en faut. Ils découlent d’analyses bien sensées, elles-mêmes découlant de leçons apprises lors des années de pratiques de gouvernance plus ou moins démocratique sur le continent, plus précisément dans la sous-région. Alors des dispositions que nul ne peut occulter à sa guise, bien au contraire ! Il faut impérativement les intégrer dans sa logique tant de conquête que de conservation de pouvoir de nos jours. Le monde étant devenu un gros village planétaire.
Ainsi, hormis la durée, il est bienséant de comprendre que ce ne sont ni les soldats CEDEAO, ni ceux G5 Sahel, encore moins MINUSMA qui auront raison des terroristes qui sévissent dans notre septentrion. Ce sont bel et bien nos vaillants soldats des FDS qui vont les faire rendre gorge définitivement pour permettre aux braves populations maliennes de vaquer à leurs multiples occupations de développement. Ce faisant, la durée de la transition devient naturellement un pont obligé de consensus entre fils et filles du pays et entre le pays et la sous-région car, il faut le dire ouvertement, les « fameuses Assises n’ont pas majoritairement donné carte blanche pour dérouler la transition sur 4 ou 5 ans ». La conclusion majoritaire a été de 12 mois à 3 ans, pas plus. Si tel étant, la base de discussion devait s’affiner autour d’accord partie sans couac, d’autant qu’à l’heure où s’écrivent ces lignes, le Mali va de mal en pis au triple plan social, financier et diplomatique, frôlant l’isolationnisme n’eût été la présence des russes et cela à quel prix ! Débattons-le de façon transparente et démocratique, n’en déplaisent à ceux et celles dont les pantalons sont troués qui, de ce fait, ne peuvent monter sur l’arbre à transparence comme le disait si bien l’autre Excellence, notre Excellence !
Leçons tirées du passé : en 1991 et en 2012, les durées de 14 et de 16 mois n’ont pas constitué de pierre d’achoppement pour priver les électeurs d’aller aux urnes en 1992 et en 2013
Comment faire preuve de lucidité et de vision pour le futur et en même temps avoir la sagesse de croire que d’autres compatriotes peuvent et doivent mieux faire que soi : telle doit être la devise du tenant d’une transition !
C’est au prix d’un tel exercice que le rassemblement, voire l’unité se renforce autour de la patrie Mali. Autrement, penser pouvoir être le seul ouvrier qualifié pour construire le bonheur des compatriotes, même à leurs corps défendant, débouche sur des frustrations et des doutes aux conséquences néfastes à long terme sur la survie de la nation ; ce qui fait dire objectivement que même dans la défense de l’intérêt collectif ou général, un minimum de doigté est requis. C’est là le sens de la cohésion sociale que nous employons de nos jours à l’endroit de nos frères de l’Est du pays (l’appellation de Nord étant une fabrication de l’Occident). Or, en réalité, en ces temps de crise généralisée ou multidimensionnelle au Mali, la cohésion sociale concerne tous et toutes du sud au nord, de l’est à l’ouest en passant par le centre. Le déficit de gouvernance n’est nullement à occulter si l’on veut résoudre l’équation définitivement ou irréversiblement.
Et c’est cette lucidité des tenants des transitions de 1991 et de 2012 qui doit animer ceux d’aujourd’hui pour nous sortir du gouffre récurrent de contestation et de désaccord tous azimuts. Ce faisant, le Mali dira adieu au putsch /coup d’Etat incessant qui perturbe la vie du pays de par la faute collective et des politiques abonnés aux chimères (tout sauf la real politik), des citoyens (éternels critiques des gouvernants) et des putschistes (portés sur le raccourci pour écourter leurs souffrances).
Alors, la présente transition a beau clamer sa bonne foi et étendre son ambition à la fois dans le temps et dans l’espace, elle ne peut anticiper les défis à long terme. Vouloir le faire, relève de la pure prétention. A chaque temps précis, ses défis et des fils et filles de ce temps pour les relever courageusement et intelligemment. Autrement dit, en matière de gouvernance, le grand-père ne saurait prédire de justesse les défis du petit-fils, le monde changeant perpétuellement.
Durer au pouvoir n’est point faire tâche d’huile mais se rendre impopulaire
L’histoire ne nous donne malheureusement pas de leçon. Sinon, le monde serait particulièrement sage à ce jour.
En matière de gouvernance, la tentative de s’éterniser au pouvoir s’accompagne du déni de crédibilité à l’auteur. Une gouvernance efficace et efficiente est toujours limitée dans le temps pour le bonheur des gouvernés et l’honneur des gouvernants. Cela est une VERITE ancestrale découlant d’observations toutes aussi ancestrales. Nulle dérogation à ce sujet.
Ceci est une noble leçon séculaire à méditer par tout homme ou toute femme possédant un minimum de culture générale pour servir de conseil idéal aux tenants du pouvoir quel qu’il soit (sorti des urnes ou acquis par les armes).
Et rappeler que le pays n’est pas à sa première transition. L’on aune jurisprudence nationale de ce qui s’est passé pour mieux construire l’avenir collectif. Car comme je l’ai dit, dès lors que l’on occupe le fauteuil présidentiel, l’individu disparait au profit de la Clé de voute de toutes les institutions de la République ; la tâche est si immense qu’elle contient une dose de divinité certes mais l’Occupant dudit fauteuil doit pouvoir trancher objectivement et décider de l’intérêt général.
Mon cher Président d’association feu Dr Oumar Makalou ne me disait-il pas que le premier Président de la République du Mali, Modibo KEITA est tombé par démocratie. Explication : à force de rester à l’écoute du parti dominé par des faucons socialistes et incapable de trancher, il s’est enfoncé lentement à travers des mesures liberticides et affamant le peuple.
Leçon à tirer : un dirigeant, en l’occurrence le chef de l’Etat doit certes écouter mais doit s’asseoir dans son fauteuil et décider en âme et conscience, bref trancher pour avancer et non tergiverser sur des questions cruciales comme la durée de la transition actuelle.
- Fin de transition équivaut à la responsabilisation des fils et filles élus pour porter haut le flambeau
Comme écrit dans de précédents articles, quand on aime son pays, l’on ne peut guère souhaiter l’avènement de la période transitoire à fortiori demander que cela s’éternise dans le temps. Une telle posture est bien évidemment suicidaire pour les responsables de la transition et nocive pour le pays car ne peut avoir ni l’onction des partenaires dans un monde devenu un village planétaire encore moins l’adhésion des populations, exception faite de quelques chercheurs de postes au sommet de l’Etat ou des analphabètes ignorant tout d’une gouvernance démocratique. Car à ce sujet, encore une fois, « la gouvernance n’est pas un sujet de conversation pour dîner mondain. L’expertise en la matière s’impose » dixit Mamadou F. KEITA, juriste.
Les futurs vainqueurs de la prochaine course électorale ne sont pas des extraterrestres mais bien des fils et filles du pays qui auront à cœur de poursuivre l’œuvre salvatrice en termes de sécurisation, de diplomatie et de développement. Le plan B n’existe pas en matière de gouvernance démocratique. Le peuple reste la sentinelle inébranlable et indéfectible
A l’expiration de la Convention des 18 mois, l’objectivité doit prévaloir en vue d’un consensus sur une durée minimale. Le Mali ne saurait s’éterniser en période transitoire provocant des crises aux allures nouvelles et aggravantes avec comme finalité la mise à mal de la notion de gouvernance civile issue d’élections régulières.
Nul n’est besoin d’attiser le feu qui couve issu des frustrations, d’exclusion et de mal gouvernance éprouvant la patrie au plus haut point.
L’heure est à un simple geste se résumant à ces deux mots: consensus et inclusivité pour le Mali.
Enfin, en la matière, méditons cette citation de feu Nelson Madiba Mandela « ceux qui s’éternisent au pouvoir jouent avec le feu » comme pour dire que le pouvoir a toujours été l’endroit le plus convoité et demeure à cet effet la place où le pire et le meilleur se côtoient si aisément.
Par la grâce d’ALLAH Soub’hanawatallah, le Mali continue après la transition !
Bamako, le 25 mars 2022
Mamadou Fadiala KEITA, Juriste
Coordonnateur de l’ONG AJCAD
Président de COMED
Président de COPER
Organisateur en chef/Conseiller Permanent Cri-2002