Tout pour la conquête du pouvoir : Quand les politiques maliens usent et abusent de notre patrimoine historique

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La première richesse du Mali est loin d’être l’or, le pétrole, l’uranium, le coton encore moins le bétail. Mais son histoire. Toute chose qui fait de lui une véritable Nation. Un concept aujourd’hui, malheureusement, en péril du fait de l’usage abusif que les plus hautes autorités du pays font du patrimoine commun.

La PATRIE – LE MALI- "Mon destin, c’est ma patrie, Je suis ici chez moi, et, c’est à moi, de faire la gloire de ce pays. Je le bâtirai à mon image, il sera le plus beau, le plus chaud, Une terre d’accueil, d’hospitalité, d’humanité, Une terre de réconciliation. Ma chère patrie, je ferai de toi la plus enviée du monde". Ces propos de feu Thierno Ahmed Thiam résument tout, ou du moins, le devraient.

 

Dans les faits, l’on constate, malheureusement, qu’il se passe toute autre chose dans la tête même des plus hautes autorités. Quelques faits l’attestent.

 

Au cours de la cérémonie de pose de la première pierre de la stèle du cinquantenaire sur le site  du Kurukanfouga, dans le Mandé profond, terre d’origine de Ibrahim Boubacar Keïta, le Président ATT recevait symboliquement  le sabre du guerrier des mains des chasseurs de la localité. A son tour, il confia l’objet sacré à son aîné IBK, présent sur les lieux. La scène se déroulait sous l’œil vigilant des caméras. Le geste du Président de la République sera diversement interprété par les téléspectateurs et observateurs. Une certaine opinion pensa alors qu’il venait de simuler le passage de témoin au chef de file du RPM en 2012.

 

Pour sa part, IBK qui, on le sait, réagit favorablement à l’appellation de "Mandé Mansa" ("Roi du Mandé"), caressa avec intérêt le sabre sacré, symbole de royauté, comme s’il se voyait déjà roi Souverain. Toujours à la faveur des festivités marquant le cinquantenaire, les Maliens, en tout cas, dans leur écrasante majorité, apprirent qu’ATT est un des descendants de NIA MODY SISSOKO, roi de  Logo Sabouciré où tonna le premier coup de canon du colonisateur français, le 22 septembre 1878 à 5h du matin. Au cours du terrible affrontement, nous apprend-on, l’aïeul d’Amadou Toumani Touré et non moins roi de Sabouciré, fut tué… Le descendant du héros, sans peur et sans reproches devint plus tard président du Mali indépendant, celui-là même qui remit le sabre du guerrier (symbole de royauté) à Ibrahim Boubacar Keïta, le Mandé Mansa, lui aussi, descendant de Soundiata Kéïta, fondateur de l’Empire du Mali.  A quoi joue-t-on finalement ? Serions-nous, à tout hasard dans un royaume et non dans une république ?

 

Il s’agit, à n’en pas douter, de faits et gestes qui favorisent l’ethnicisme, voire le tribalisme et mettent en péril l’unité nationale et le principe de la Nation à l’origine de paix sociale dans notre pays. 

 

Le Mali d’aujourd’hui, faut-il le rappeler, est la résultante de diverses  convergences et de fusion, un Etat Souverain dont la Constitution ne souffre d’aucune velléité de scission. "Un Peuple, Un But, Une Foi", telle est sa devise. Mais voilà que des Maliens ensemencent aujourd’hui  les graines du clivage, usant et abusant des faits historiques dans le seul but de s’octroyer une certaine reconnaissance historique et  légitimité populaire avec des relents électoralistes.  Ne réécrivons pas l’histoire du pays dans ce dessein ! 

Aujourd’hui, qu’il soit malinké, touareg, songhoï, senoufo, minianka, bamanan, peulh, khassoké, bobo, soninké, le dogono, bozo, somono, entre autres,  ou issu du Kénédougou, du Ségoudougou, du Wassoulou, du Beledougou, du Sahel, du Gourma, du Macina, du Khasso …, nul groupe social ne peut se targuer d’être seul à l’origine  de l’expansion et du rayonnement de cet espace, aujourd’hui devenu le Mali de tous.

D’accord pour la préservation de nos valeurs communes et identitaires, mais attention à ne pas mettre en péril ce qui nous unit le plus.

 

Issiaka COULIBALY

*Directeur Général "COMPLEXE COMMUNICATION"

Niaréla Rue Titi Niaré – Porte N°630

 

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