Le tourisme au Mali ne peut plus continuer à être gâché par la guerre

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Le Mali verra t’il enfin la reprise du tourisme dans le nord du pays ? J’ai fait un rêve : Kidal, Menaka, Mopti, Tombouctou, ces perles du Sahara, redevenaient les destinations recherchées des touristes américains et européens, attiraient les investisseurs, et procuraient au peuple malien tout entier la fierté de donner au monde entier l’image d’une culture d’harmonie, de caractère et de beauté.

 

Notre pays mérite le meilleur : paix, abondance, démocratie, pluralité, et ouverture d’esprit. Les richesses humaines, mais aussi naturelles qu’il recèle lui permettraient de renouer avec une industrie du tourisme qui donnerait un avenir à nos enfants et petits enfants. Depuis quelques années ce sont les querelles d’ego, les luttes de pouvoir, les rivalités intestines, l’attirance pour l’argent facile qui ont fait basculer notre économie dans le chaos. Ce n’est rien d’autre qu’un monumental gâchis, alors même que nos contrées se voyaient traverser naguère par le plus prestigieux des rallyes automobiles, que nos ergs, et nos massifs étaient convoités par les ressortissants du monde entier mais aussi par l’industrie du cinéma comme une destination fantasmée. Le pays Dogon, la main de Fatma du mont Hombori, les peintures rupestes de Sangha, les chutes de Paparah, ou les lacs du Gourma, sont réputés dans le monde entier… Notre nord, en étant intégré au reste du pays, peut très bien tirer de ses capacités d’échanges avec le sud les moyens de subsistance et d’enrichissement qui lui manquent.

 

Le Mali n’a qu’un ennemi : la guerre. Le Mali a un atout maître : le cœur de ses habitants. Notre peuple, notre culture, notre religion exigent de nous l’accueil de l’hôte sacré. Cette réalité, qui est inscrite dans nos gènes nous oblige, mais elle donne aussi à nos contrées leur spécificité et leur intérêt. Si nous croyons au Mali, si nous croyons en notre beau pays, alors nous saurons nous lever et mettre en mouvement les forces qui assureront son avenir et sa paix.

 

Ce modèle économique qui nous semble lointain est pourtant à portée de main. C’est celui de nombreux pays y compris en Afrique. La douleur, la violence, les troubles que nous avons connus ces dernières années se mettent cependant devant nous, comme un voile qui nous empêche de voir au-delà de nos souffrances. Pourtant, regardons au-delà de nos frontières et constatons : le Sénégal, le Maroc, ou plus loin de nous les Antilles, les îles du Pacifique vivent essentiellement de subsides apportées par des étrangers qui viennent profiter pour quelques jours de la richesse environnementale et culturelle . Le Malien a le cœur grand, il sait que son avenir est plus grand que le triste destin que semble vouloir lui imposer les diseurs de mauvaise aventure.

 

Le Mali peut voir naître en son sein, à moyen terme, un tourisme respectueux de l’environnement, respectueux de ses valeurs d’hospitalité, un tourisme d’aventure, de grands espaces, un tourisme qui attirerait une clientèle désireuse d’un dépaysement à la mesure de la diversité des paysages et des populations de notre pays. C’est la raison pour laquelle nous nous devons de croire envers et contre tout, que la renaissance du tourisme sur l’ensemble du territoire national est possible. Les tour-operators doivent revenir, les Maliens quels qu’ils soient, doivent croire à nouveau à ce secteur d’activité. Si nous prenons ces projets à bras le corps, alors naîtra une convergence entre l’intérêt économique des populations, celles des bailleurs de fonds et celle des acteurs internationaux chargés de la stabilisation politique.

 

Ce rêve, il ne tient qu’à nous de le porter. En le faisant vivre, il deviendra un espoir, et de cet espoir, le peuple malien tout entier tirera la force de rejeter la mesquinerie et de construire une société prospère.

 

Mohamed Ag Mohamed

 

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