Timbuktu : une imposture bien azizienne

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Ibrahima DIALLO, Guyancourt France

Film sur commande pour en effacer un autre : «le Cercle des Noyés » du Belge Pierre-Yves VANDERWEERDE tourné à Oualata. Fable propagandiste sur le mythe des hommes bleus du désert. Film, qui au delà de son aspect esthétique, reste un poncif, car peu sérieux et loin des préoccupations de celles et ceux qu’Abderahmane Sissako donne en spectacle à un public peu au fait de ce qu’a vécu la ville aux milles saints entre les mains des Touaregs et des Arabes d’Ansar Dine et du MNLA.

Timbuktu ultime insulte faite à la mémoire des disparus de Oualata

Oualata, ville élevée au rang de patrimoine mondial par l’UNESCO a été pendant tout le Moyen-âge un important point de jonction des caravanes venant de l’Afrique du nord et de l’Afrique noire. Cité de rencontres, de cohabitation et d’ouverture sur le monde, symbole de brassage des peuples et des cultures, va être désormais associé par nombre de Mauritaniens à son Fort-mouroir. C’est dans ce Fort que furent emprisonnés dès décembre 1987 soixante-huit (68) détenus négro-africains dans des conditions si atroces et si inhumaines que BA Alassane Oumar (adjudant-chef de la gendarmerie) , Tène Youssouf Guèye ( homme de lettres et ancien ambassadeur de la Mauritanie auprès de l’Unesco), BA Abdoul Ghoudouss (Officier de Génie civil de l’armée mauritanienne) et Djigo Tapsirou (ancien ministre) y mourront au bout seulement de neuf mois de détention. Il eut fallu les nombreuses campagnes initiées par les Organisations et Associations internationales comme Amnesty International pour arrêter l’hécatombe. Et depuis, Oualata est devenue un lieu de préservation de mémoire des crimes de race commis contre la communauté haalpulaaren de Mauritanie, d’autant plus que ces crimes n’ont jamais été assumés par les autorités mauritaniennes. Cette localité reste et restera dans la conscience collective de tous les Mauritaniens épris de justice et de tolérance comme une marque indélébile de leur martyr, « Waalata fut un mouroir et un centre d’expérimentation de tortures collectives contre la classe politique négro-africaine de Mauritanie », affirmera Ibrahima Abou SALL, membre fondateur des Forces de libération africaines de Mauritanie et Rescapé de la prison-mouroir devant la Conférence de la section nationale d’Amnesty International France en 1993 .Aussi, faut-il rappeler que cette ville a été consacrée par un livre témoignage sur les crimes racistes par BOYE Alassane Harouna ; « J’étais à Oualata : Racisme d’Etat en Mauritanie », éd. L’Harmattan, coll. Mémoires africaines, 2000 ; par Pierre Yves VANDERWERDE dans un film tourmente et mémoriel « Le Cercle des Noyés»de, 2007 ; par Chanel DIAGNE « Même si tu pries, tu n’iras pas au paradis », Paris 2011 où un des rescapés de la prison-mouroir revient sur le racisme et la perpétuation de l’esclavage en Mauritanie ; et par de nombreux témoignages de rescapés. Ces rappels font tâche et écornent de manière indélébile l’image que le putschiste Ould Abdel Aziz aurait aimée laisser de son passage comme Président. L’image d’une Mauritanie lavée de sa honte de s’en être pris à une partie de ses composantes nationales pour des raisons raciales. En témoignent le grand cirque de la prière de l’absent du 25 mars 2009 à Kaédi (Ville majoritairement négro-mauritanienne, ville rebelle, ville martyre), les festivals des villes anciennes qu’attend Oualata avant sa réhabilitation par Timbuktu. Une promesse de Sissako. Promesse à moitié réussie par cet obséquieux cinéaste dont la nationalité balance encore entre la franco-mauritanité et la Mauritano-malienne. A Bamako, Sissako le communiquant officiel de Mohamed Ould Abdel Aziz est mauritano-malien, à Cannes, il est franco-mauritanien et à Nouakchott, il est Mauritanien tout court.
Le projet du film aurait été envisagé pendant la débâcle des «oreilles rouges» qui avaient annexé le nord malien jusqu’à quelques encablures de Mopti. Ne surtout pas laisser amplifier que ce qui se passait au Mali était racial. Un conflit dont un des importants maillons était Nouakchott. Eloigner au plus vite les projecteurs sur cette bourgeoise compradore targui, arabe et narco-terroristes (Aqmi, HCUA et Ançar ed dine) soutenue par Mohamed Ould Abdel Aziz. Sissako demande des moyens et Ould Abdel Aziz les lui offre.

Timbuktu ou Ould Abdel Aziz et son homme lige au secours du MNLA et d’Ançar Dine

Il est un secret de Polichinelle que le putschiste Mohamed Ould Abdel est l’hôte le plus généreux du MNLA, et d’aucuns pensent qu’il serait même le parrain des narco-djihadistes du Sahel.

En effet, dès le lendemain de sa prise de pouvoir par la force, Mohamed Ould Abdel Aziz s’attellera à polir son image de putschiste aux yeux du monde démocratique. Il s’entoure de spécialistes de la communication dont le pluri-césarisé Abdarahmane Sissako pour convaincre les partenaires clés, que face au contexte sécuritaire éminemment dangereux de la Mauritanie, qu’il était l’homme qu’il fallait. Parallèlement, aides militaires, argents et diplomatie continueront de pleuvoir au profit des égorgeurs d’Aguelhok, des organisateurs de rezzou et de trafics en tout genre dans le Sahara Malien sont octroyés par le locataire du Palais ocre de Nouakchott. Tout ceci au nez et à la barbe de la communauté internationale.

L’auteur de Bamako, dont une partie de la parentèle est malienne et, qui a des amitiés fortes au sein du MNLA comme Mr Souleymane Ag Nadrouneoud de la cellule populaire du MNLA à Nouakchott et Mohamed Mahmoud Ould Mohamed Salem, Secrétaire général de la Coordination des Associations de Jeunes arabes du Mali, arme Ould Abdel Aziz de toute sa science de Communiquant.
D’ailleurs, lui-même, ne s’en cache pas ; « j’ai bien un bureau à la présidence de la République”, à Nouakchott dit-il. Il a la chance de travailler comme conseiller” officiel” du président Ould Abdel Aziz, ce qui n’est pas donné, tonne-t-il, à n’importe qui de la corporation. Tout comme il dispose d’un bureau au palais présidentiel à Nouakchott, on raconte que Sissako aurait des appartements particuliers dans l’immense demeure de Tata, richissime femme d’affaires touareg et propriétaire des Galeries du même nom. Entre Sissako, le MNLA, la CAJAM et Ould Abdel Aziz il existe de grandes collisions d’intérêts dont Timbuktu la martyrisée. Film primé, mais film-imposture et film limite raciste anti noir, Timbuktu s’en prend aux mélanodermes.

Un cumul de clichés sur le Noir être inférieur aux « oreilles rouges »

C’est donc avec l’arrêt de la progression des protégés de Mohamed Ould Aziz par l’opération Serval en janvier 2013 qu’aurait été entreprise la campagne contre la démythification des arabes et assimilés pour la sale guerre menée au Mali. Une guerre avec son cortège de crimes sanglants et racistes. Les amputés, les lapidés, les violées, les spoliés étaient tous des mélanodermes, sinon majoritairement Noirs. Les indépendantistes de l’Azawad malien est un conglomérat de chantres du panarabisme pan-saharien qui ont souvent pris les conseils avisés de Nouakchott. C’est naturellement donc que le projet de sauver ce qui était sauvable a été entrepris avec l’aide généreuse de Nouakchott. Faire absolument tout pour atténuer l’image des protégés du palais ocre. Et Sissako demande des moyens pour une super production sur le djihadisme versus l’Homme bleu, courageux et digne, un imam lisse version Hassen Chalghoumi, et des ADG de qatiba capables d’empathie. Ce qui frappe surtout, c’est que nous n’avons aucune référence au MNLA, au Mujao, et encore moins à Ançar ed edine. Une exigence de ceux qui ont dissuadé Sissako de faire son film sur l’esclavage en Mauritanie.
Pour ce faire, Ould Abdel Aziz mettra l’Etat mauritanien à la disposition de monstre sacré du cinéma africain. Logistique militaire, protection armée, utilisation des militaires hratines (esclaves et esclaves affranchis) comme figurants. Un scénario obturé par les contradictions ethniques mauritaniennes avec un fort condensé de non-dits, une complaisance vis-à-vis de la barbarie humanisée des Négrophobes narco-terroristes, islamistes.
En somme, Timbuktu est une reconstitution nauséabonde du manichéisme dont Mohamed Ould Abdel Aziz fait montre. Lui qui voit le monde entre Arabes et assimilés, et les autres, les Noirs en particulier. Sissako ne devait montrer aucune trace de la cruauté raciste de l’association MNLA, Ançar Ed dine, HCUA, CAJAM mais devait focaliser son objectif sur le mythe du bon Touareg (Kidane), qui ne va pas surtout pas s’en prendre à l’autre (Abdel Kérim) qui fait des yeux doux à Setima(l’épouse), mais va ôter la vie à Amadou un pêcheur Bozo, pour une histoire de vache (GPS). Timbuktu selon Sissako, c’est un Noir énervé, des Noirs pécheurs ( adultérins), violeurs, joueurs, et apprentis jihadistes,… , si on nous ne donne pas à penser qu’ils pourraient être des esclaves ( le porteur d’eau en moto). A travers Timbuktu, c’est Ould Abdel Aziz l’œil de la caméra.

Ibrahima DIALLO, Guyancourt France.

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4 COMMENTAIRES

  1. Quelle lecture bancale de ce film. Si vous avez des problèmes avec Sissako, ne vous en prenez pas à son film en lui faisant dire ce qu’il ne voulait pas dire, M. Diallo. Les noirs mauritaniens doivent être libérés de l’esclavage. Est-ce la mission de ce film et de son auteur. Ne mélangez pas serviettes et torchons, de grâce!

  2. Hum Hum, ayant vu le film à sa sortie ici en europe, je dois avouer franchement que je n’ai analysé la chose sous cet angle là. A la lumiére de votre analyse je suis desormais pas loin de penser comme vous. Tout se tient.

    Best regards

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