En faisant allusion aux événements du 26 mars 1991 et grâce aux efforts remarquables consentis par l’ensemble des policiers maliens à son égard, le Contrôleur général de police, Niamé Kéïta, devrait être un Directeur exemplaire. Mais hélas, le cours des événements nous a montré un autre homme. Nommé par décret 08-329/ PRM du 10 /06/2008, par accident, à la tête de la Direction générale de la police nationale, il s’adonne à toutes sortes de manœuvres (abus de pouvoirs, clanisme, division et clientélisme) pour mieux régner et tout centraliser à son profit.
Le pire est qu’il n’a ni respect, ni considération envers ses proches collaborateurs, mais aussi envers son staff. Ils sont des laissés pour compte.
Aujourd’hui, les recrutements et mutations à la police sont devenus de la vente aux enchères. Tu payes, tu as un poste. Tu payes, tu es recruté. Même si tu es un handicapé physique, allez-y le savoir à l’école nationale de police. On aura tout vu pendant les deux dernières années, un Directeur général démarcheur de passeports. Nous assistons, tous les jours, à la production de 80 à 100 passeports au nom du Directeur général pour des agences de voyages à 5 000 FCFA par passeport produit le même jour et par le biais de coups de téléphone.
De quoi s’agit-il ?
Tout est parti d’une rencontre extraordinaire que le ministre de la Sécurité intérieure et de la protection civile a organisée à l’intention des différentes forces de la sécurité dans la salle polyvalente de l’Ecole nationale de police, le 22 mars 2010 à 9 heures.
L’ordre du jour était consacré au banditisme grandissant à Bamako. Causes et solutions à proposer. L’intervention des policiers a porté sur le harcèlement et l’abus d’autorité du Directeur qui les empêche de travailler en toute sérénité. Mécontent, de la vérité que les syndicalistes lui ont dit en présence des autres corps (gendarmerie, garde nationale, protection civile) il a juré de mettre le syndicat de la police à genoux aussi longtemps qu’il serait à la tête de la police. Chose dite, chose faite. Le 17/07/2010, un soit-disant congrès fut organisé et financé par lui. On notait pendant ce congrès l’absence très remarquée du Syntade et de l’UNTM et surtout la non participation des commissariats du 1er, 2ème, 3ème, 5ème, 6ème, 7ème, 12ème et 13ème arrondissement de Bamako sur les 15 commissariats du district de Bamako. Ce n’est pas tout. On a aussi noté l’absence de l’ensemble des brigades spécialisées (BSI, BAC, BM, B. Stup etc.). Le procès verbal en fait foi.
Au mépris de toutes les interdictions faites par le Syntade et l’UNTM à l’endroit des dissidents, ils ont tout de même entamé la tournée à l’intérieur du pays avec le véhicule de service pick-up de la brigade de recherches du 3ème arrondissement. Tournée qui s’est, d’ailleurs, heurtée à une hostilité des policiers. Ainsi, la DGPN a fait des messages n° 0098/ DGPN du 12/04/2010 et le N°152/DGPN-SG du 1er juin 2010 adressé aux directeurs régionaux de Kayes, Koulikoro, Sikasso, Ségou et Mopti afin de prendre et faire prendre toutes les dispositions pour le bon déroulement de cette tournée qui se termina en queue de poisson. Cependant, nous sommes en droit de nous poser un certain nombre de questions. Le Directeur général a-t-il le droit d’obliger les chefs d’unité à recevoir une dissidence ? A -il le droit de mettre les moyens de l’Etat (véhicule, carburant) à la disposition d’un groupe se réclamant du SPN ?
Le Directeur général de la police nationale, non content de l’accueil que ses émissaires ont reçu, est entré dans une vive colère en décidant de sévir contre les membres et militants légitimes en procédant à leur mutation. Il s’agit de policiers des localités comme Kayes, Koulikoro, Sikasso, Ségou, Mopti et les commissariats considérés par lui comme pénitences ( Diré, Bandiagara et Kidal) et pour qu’ils servent de leçons aux autres.
Informé de cette situation, le Bureau exécutif du Syntade, au cours de sa réunion extraordinaire du 13/09/2010 tenue à la Bourse du travail sous la présidence du camarade Siaka Diakité, Secrétaire général de l’UNTM de 14 heures à 16 heures 30mn et après une analyse approfondie de la situation syndicale de la police nationale, a constaté la violation des dispositions des conventions relatives à l’exercice du droit syndical d’une part et, d’autre part, le manque de considération et de respect du Directeur général Niamé Kéïta vis-à-vis des statuts et règlements du syndicat de la police nationale. Le Bureau exécutif du Syntade a écrit au ministre du Travail, de la fonction publique et de la réforme de l’Etat, le 14/09/2010, avec ampliations au Premier ministre et aux ministres de la Santé, de la justice, de la Sécurité intérieure, des Affaires étrangères, de l’Administration territoriale et de la Défense demandant l’abrogation immédiate et sans condition des décisions de mutation des camarades de la SPN.
Le 16/09/2010, il a reçu la lettre n°2016/MSIPC-SG le mettant en demeure dans les 72 heures, d’annuler sans condition les mutations des agents syndicalistes et de rendre compte.
Quelle humiliation ! Du jamais vu dans l’histoire de la police. Un responsable se fait rattraper par la légalité haut la main. Blessé dans son orgueil, le Directeur général reprend textuellement les mêmes mutations en pleine année scolaire. Histoire de se venger de quelques syndicalistes. La dernière manœuvre en date remonte au 15 octobre 2010, faisant muter le Secrétaire général de l’Immigration-émigration et son Secrétaire administratif adjoint au vu et au su de tout le monde. En agissant de la sorte, il a foulé au pied les instructions du gouvernement et les recommandations de l’UNTM.
La question qu’on est en droit de se poser est de savoir si le Directeur général de la police, Niamé Kéita, est au dessus de la loi et du gouvernement ?
Sauvons ce beau corps d’élite qui est en train de mourir pour raison de querelles d’intérêt des chefs qui n’honorent aucunement l’image de la police. Le comportement peu honorable du Directeur général, ses agissements dans son bureau, aux champs et dans les quartiers populaires de Bamako feront l’objet d’une prochaine publication.
Par Tiékouta Kanté, adjudant de police.
Secrétaire général de l’Immigration-émigration à la Direction de la police des frontières