Le président du Rassemblement Pour le Mali, devenu le président du Mali a reçu l’onction populaire nationale et internationale, après celle de l’administration et des juges, aujourd’hui dans l’antre du stadium du 26 mars ; espace éponyme de l’avènement de la démocratie dans notre pays.
La présence à Bamako, de tout le gratin du gotha politique sous régional et international est là pour attester des attentes et de la confiance dont il jouit aujourd’hui. Que le Roi du Maroc se déplace enfin à Bamako est déjà un tournant capital dans la diplomatie maghrébine de notre pays jusqu’ici rivé aux basques de l’Algérie voisine.
Pour nous, entré activement en politique, au sein du RPM, ce parti fondé pour ” laver ” l’honneur et la réputation d’un camarade alors barbarement lynché dans les médias, il s’agit surtout de la consécration d’un homme au charisme certain et qui a lié son destin à celui de l’Etat, au service de la République. On ne lui fera pas l’injure de dire que l’Etat c’est lui. Il en est juste un serviteur.
Quand, presque à l’unanimité, en 2002, nous, et certains autres activistes, avions parié sur l’homme, c’était dans le souci voir les justes valeurs de ce que nous appelions “ l’humanisme soudanien ” triompher dans notre pays : la justice, la reconnaissance du service rendu, le respect de la personne dans son intégrité, sa dignité, sa sacralité. Les plus enthousiastes d’entre nous ne pensaient même pas qu’il faille mettre sur pied un parti politique, pour préparer son avènement, tant paraissait immense son capital au sein de l’opinion publique national. Et même au-delà. Heureusement, que plusieurs cadres d’une riche expérience politique établie étaient là pour brider l’ardeur des militants et canaliser leur potentiel.
Mahamadou Yacouba MAIGA dit Béro, Feu Kadari BAMBA, Mme KEITA Rokyatou N’DIAYE, Hamadi SOW dit Sénateur, Bocar SAll dit ” Ca Gaze “, DIAKITE Sanaba SISSOKO, Feue Néné Astou DOUMBIA, Feu Hamoro DIARRA, Feu Alphonse Oya, Bakary Koniba TRAORE dit “ Pionnier Bikotè“… furent de ses consciences tranquilles qui ont su faire le lien entre diverses aspirations en réussissant avec succès la translation de ” Alternative 2002 ” au Rassemblement Pour le Mali, dans une ferveur rarement égalée dans le parcours politique de notre pays.
Placé à la tête des troupes, dans le cadre d’une grande hostilité de l’appareil d’état, IBK a mis le cap sur la ” popularisation” des idéaux fondateurs sous l’angle strict de l’expression du droit.
C’est ainsi que le Rassemblement Pour le Mali a remporté ses premières victoires dont celle mémorable contre le tripatouillage honteux des textes de loi voté par l’Assemblée Nationale avant leur publication dans le journal officiel. Il fallait du bagout, de l’opiniâtreté pour que le Léviathan d’alors se ravisât et se résolut à débarrasser le plancher après son temps de location constitutionnelle à Koulouba.
Le droit ; rien que le droit
Et voilà comment nous allâmes à la pêche des suffrages de nos compatriotes en 2002. Et voilà que contre le bon sens, une certaine justice ayant aidé, des milliers de voix dûment engrangées par notre candidat ont été déclarées de nul effet. Et voilà comment, notre candidat au lieu de se retrouver victorieux a été déclassé, et relégué à la troisième place. Et alors même que plein de cassandres s’attendaient à voir les castagnettes grincer, IBK a eu le courage de reconnaître le ” droit ” tel que dit par l’auguste cour constitutionnelle de notre pays. Ils avaient espéré casser du IBK, l’humilier et qui sait ? Mais ils ont oublié que IBK connaît l’Etat, la force de l’Etat et l’autorité de l’Etat.
Et voilà comment, notre champion, en lieu et place, de la morgue qui lui était préparée se replaça dans le jeu et devînt l’un des députés du District de Bamako et Président de l’Assemblée Nationale. Il s’est mis en mission au service de la République dans le cadre des institutions, quand même le candidat qui a affronté Amadou Toumani Touré, au deuxième tour fuyait le banc de l’opposition comme la peste, dans la négation la plus abjecte des fondements de l’arithmétique électorale. Le sophisme ambiant a débouché sur la théorie du consensus.
A l’hémicycle, IBK fut attentif à la portée des rares joutes. Il fit l’apprentissage de la pondération et de ce que peuvent être la trahison, la malice et la perfidie de plusieurs députés portés à califourchon sur les listes du RPM, dans le cadre de ce que fut l’alliance électorale Espoir 2002.
La législature suivante, le RPM perdit la majorité et IBK redevint simple député. Et là aussi, il fit son travail de parlementaire avec justesse et aplomb. Dans son parcours, il ne s’agit par-là d’un accident, mais d’une culture acquise au nom de l’Etat. Il est de gauche, par conviction, mais il a la culture du Général De Gaule, tant qu’il s’agit de l’expression du droit et de la défense des intérêts du Mali.
Le droit ? Il le fit respecter, quand, coup sur coup, la vendetta scolaire a eu raison des Premiers ministres Younoussi Touré et Abdoulaye Sékou Sow, entre 1992 et 1994. Quand vint alors IBK, ” Zanzourou “, comme le titra alors un de nos confrères, il siffla la fin de la recréation. Il se présenta comme étant d’acier, d’acier trempé.
Le droit ? Il le fit respecter, quand contre la conspiration ourdie par la sédition touareg, il arma et équipa nos forces armées, à hauteur de souhait pour qu’elles fussent à hauteur de mission, après le carnage perpétré à Bamba et Fafa.
Et ceci déboucha tout net par l’affirmation des intérêts du Mali quand trépassa, Jean Claude Berbera, le curieux consul de la confédération suisse, dans la région de Tombouctou. Et quand, à la faveur de la table ronde des partenaires techniques et financiers tenue à Tombouctou, en 1994, l’Ambassadeur de la minuscule Suisse a bousculé le protocole pour prendre la parole et exiger une enquête sur les conditions de la mord de son diplomate, IBK a mis le baume au cœur de tous les maliens en déclarant que le Mali ne cèdera jamais au chantage. Et la communauté internationale sût alors l’indigne collusion entre ce diplomate défroqué et la sédition séparatiste. Berbera est mort parce que l’armée nationale du Mali n’a pas fait de quartier entre les apatrides et les amis des apatrides. Et ce fut pour dit. Est-ce pour autant que la Suisse a cessé son appui à la rébellion ?
L’intérêt du Mali, IBK le défendit, haut et fort, contre l’accord de la capitulation signé à Alger, le 04 juillet 2006 entre le pouvoir du général ATT et les apatrides. Le drame actuel que nous vivons émane de cet accord fantoche qui a consacré le retrait de l’Etat, la renonciation de l’Etat à sa souveraineté sur une partie du territoire, vite devenue le domaine des criminels de tout genre. Et avec quelle complicité ? Le présent, seul, peut nous dire comment un cargo bourré de drogue, parti de l’Amérique latine peut atterrir entre Tarkint et Almoustrat, impunément. Le présent, seul, peut nous dire comment des otages enlevés en Tunisie sont libérés sur le parvis de Koulouba.
On en dira, du style d’IBK. Ce style prend racine dans la prestance qui sied à l’Etat. C’est au nom de cette prestance qu’il ait renouveler le parc des voitures ministérielles, une fois venu aux affaires parce nul ne peut s’accommoder de l’image de ministre en panne, en pleine circulation. Et il commanda des voiture de marque Safrane. On le dit bourgeois, dépensier, fantasque. Oui, mais toujours dans les limites de la légalité quand même, jamais dans la malversation, jamais dans le détournement. Sur ce plan, il est un peu à l’école de Jacques Chirac qui ne fait pas dans la dentelle tant qu’il s’agit des droits acquis dans le cadre des textes.
C’est cet homme-là qui a eu la confiance des maliens. Il faut espérer simplement qu’il puisse continuer à conjuguer les impératifs de la République avec les arcanes de la démocratie ; deux notions différentes mais complémentaires : la défense de la chose publique et la gestion transparente des affaires de la cité.
Ibrahima MAIGA