Alors que les Nations Unies viennent d’adopter la résolution 2423 qui étend la mission des casques bleus au Centre du Mali et prolonge d’un an le mandat de la MINUSMA, le Conseil de Sécurité s’apprête à produire un nouveau rapport. Pendant ce temps, dans la région de Faguibine, de discrets visiteurs sont à pied d’œuvre pour effectuer des investigations autour de Talha Al Libi.
Le précédent rapport des NU, paru en août 2018, citait en particulier trois groupes appartenant à AQMI, celui d’Al Mansour Ag Alkassoum dans le Gourma, celui de Yahia Abou El Hammam dans la région de Tombouctou et enfin celui de Talha Al Libi en zone Ouasra. Quelques semaines après, des visiteurs très discrets étaient présents dans les zones respectives d’Al Mansour et de Yahia. Par la suite, Al Mansour Ag Akassoum puis Yahia Abou El Hammam étaient tués à quelques semaines d’intervalle.
Concernant la zone Nord de Faguibine (Tombouctou), les précédents rapports des NU citaient la fraction Arabe Ouasra comme étant « liée aux djihadistes », notamment à Talha Al Libi. Mais il semble que depuis qu’il a tué deux jeunes Ouasra qu’il avait auparavant capturés, le djihadiste ne puisse plus du tout compter sur le soutien des populations locales, et encore moins sur celui des quelques personnalités Ouasra qui l’entouraient.
C’est pourquoi, il y a quelques semaines, des silhouettes inhabituelles en zone Ouasra étaient aperçues, même si le plus grand secret entourait cette présence. L’hôpital de Tombouctou aurait reçu plusieurs visites attestant que des enquêtes sont en cours concernant Talha Al Libi. Du vendeur de pièces automobiles à Arabajou Central jusqu’au trafiquant d’armes du marché de Toual, de la foire de Zouera jusqu’à Tichift, d’autres rencontres très discrètes se seraient organisées avec ces visiteurs qui, sitôt les informations sur Talha Al Libi recueillies, se volatilisaient.
Parmi les djihadistes cités par les NU dans la zone du Gourma et la région de Tombouctou, Talha Al Libi est le dernier encore vivant. Mais les populations qu’il a traumatisées depuis des années ont irrémédiablement basculé contre lui. Si les djihadistes instaurent toujours un régime de terreur pour tenter de contrôler les populations dans leur zone, lorsque ces dernières ne supportent plus cette pression, nul ne peut empêcher quiconque de s’exprimer.
Si le lien entre les rapports des NU et la mort des djihadistes n’est en rien établi, il semble que ces parutions déclenchent, au sein de la population, un élan qui incite les langues à se délier très discrètement. Les mystérieux visiteurs de la zone de Faguibine sont repartis avec des secrets sur Talha Al Libi qu’ils ne tarderont pas à exploiter
Idrissa Khalou