«93 ans. La fin n’est plus bien loin. Quelle chance de pouvoir en profiter pour rappeler ce qui a servi de socle à mon engagement politique : le programme élaboré il y a soixante-dix ans par le Conseil National de la Résistance ».
« Il faut se fonder sur les droits, dont la violation, quel qu’en soit l’auteur, doit provoquer notre indignation. Il n’a y a pas à transiger sur ces droits ».Stéphane HESSEL, décédé ce 27 Février 2013 à l’âge de 95 ans s’en est fait une loi .Ce bref essai au réalisme vivant et sans nuance, écrit avec une verve mordante et un sens aigu de l’observation, a eu un retentissement mondial qui a rassemblé et fait bondir ici et là des foules hurlantes et révoltées contre les feux dissimulés et cruels du monde actuel.
Stéphane HESSEL fait évoluer les idées fortes et les personnages au milieu de circonstances ingénieusement combinées. Histoires courtes, dont les titres proposent d’emblée un voyage vertigineux dans une biographie qui est aussi l’univers : Mon indignation à propos de la Palestine ;L’indifférence, la pire des attitudes ;Deux visions de l’histoire ; Le motif de la résistance, c’est l’indignation ; La non-violence, le chemin que nous devons apprendre à suivre ; Pour une insurrection pacifique ».
Vision à la fois révolutionnaire et satirique et pleine de résonances, son ultime enseignement, et pour lequel il a voué sa vie, est l’unicité de la figure humaine. Je suis les autres, n’importe quel homme est tous les hommes. (Jorge luis Borgès).
En effet, ce fils de Juifs, né à Berlin en 1917, d’un père écrivain et d’une mère peintre qui s’établissent à Paris en 1924 professe comme l’écrivain Norvégien Nils Johan Rud : « Il n’y aura jamais de paix en nul endroit tant qu’il y aura la guerre quelque part ». Ainsi donc, il condamne énergiquement « l’opération plomb durci » menée par l’armée Israélienne en Palestine en 2009, qui a causé mille quatre cents morts en trois semaines. « Que des juifs puissent perpétuer eux-mêmes des crimes de guerre, c’est insupportable. Hélas, l’histoire donne peu d’exemples de peuples qui tirent les leçons de leur propre histoire » .Mais ajoute t-il aussi, dans la même veine : « Est-ce que ça sert le Hamas d’envoyer des rockets sur la ville de Sdérot ? La réponse est non ». Son style, vif, plaisant et brillant, traite un des plus grands thèmes de la Résistance (il a rejoint De Gaulle à Londres en Mars 1941) qui avait elle –même mis au point un programme, les droits universels, et non les « droits internationaux ». Il a été l’un des rédacteurs, avec Réné CASSIN, de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme adoptée par L’ONU le 10Décembre 1948, à Paris, au Palais de Chaillot. C’est un fils de la paix, « Ce vieux », qui fut déporté par les nazis mais réussit à s’évader. Cette vie restituée, il fallait l’engager. Il écrira après avoir échappé à la mort la veille de sa pendaison dans un camp : « On ne poursuit pas quelqu’un qui a parlé sous la torture ».
Nous voici au carrefour de plusieurs centres d’intérêt : « Cette société des sans –papiers, des expulsions, des soupçons à l’égard des immigrés, où l’on remet aussi en cause les retraites, les acquis de la sécurité sociale, où les médias sont entre les mains des nantis, toutes choses que nous aurions refusé de cautionner si nous avions été les véritables héritiers du Conseil National de la Résistance ». Voici, dira t-il aux jeunes des thèmes qui justifient votre indignation.
Ce livre, c’est le développement d’une idée du monde qui lui paraît «appauvrissant ». Alors il renvoie au message d’un Mandela, d’un Martin Luther King, qui trouve toute sa pertinence dans un monde qui aura dépassé la confrontation des idéologies et le totalitarisme conquérant. C’est un message d’espoir dans la capacité des sociétés modernes à dépasser les conflits par une compréhension mutuelle et une patience vigilante.
Stéphane HESSEL, aussi humaniste que clairvoyant, sympathisant communiste, Sartrien, a su imposer en peu de mots à ses rêves militants une puissance créatrice et mobilisatrice qui n’est que le rêve d’un monde meilleur, en élaborant les constructions les plus logiques et les plus irréfutables. L’action est toujours située, le cadre est volontiers indiqué : réalité quasi-planétaire d’un écrivain voyageur, d’un diplomate très engagé pour la cause des pays pauvres. Le dosage toujours différent du réel et de l’espoir contribuent à créer une insécurité délicieuse : il appelle à une véritable insurrection pacifique contre les moyens de communication de masse qui ne proposent comme horizon pour notre jeunesse que la consommation de masse, le mépris des plus faibles et de la culture, l’amnésie généralisée et la compétition à outrance de tous contre tous.
« Je vous souhaite à vous tous, à chacun d’entre vous, d’avoir son motif d’indignation. C’est précieux ». Et ajoutons avec l’éditeur, citant Albert Camus : « Les gouvernements, par définition, n’ont pas de conscience ». A lire ou à relire ce bonheur simple comme son cœur, qui s’en est allé s’indigner dans le silence, nous laissant son talent et le sens de son talent, plein de générosité.
(Indigènes Editions, Montpellier, Janvier 2011, 30 pages)
MAITRE Mamadou GAKOU
Voila une belle plume!Mais hélas quand j’ai vu ce monsieur à la télé avec un projet fantome de “constitution “j’ai pas dormi la nuit! une vraie deception! 😳 😳 😳 😳
Vous avez raison Ousmane Ag, ce monsieur est complètement disqualifié pour évoquer, parler de personnalité comme Stephane Hessel dont il ternit la mémoire. En tant que démocrate, homme politique connu et respecté, il aurait dû ‘s’indigner’, se révolter pour le Coup d’Etat du 22 mars, qui a plongé notre pays dans les ténèbres. Au lieu de cela, il a fait allégeance aux princes du jour,, croyant ainsi son heure arrivée. Monsieur GAKOU, vous êtes complètement discrédité pour nombre de maliennes et de maliens. Arrêter de vous moquer de nous, laissez Hessel dormir en paix, ne le faites pas se retourner dans sa tombe…
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