Pour le juriste de formation et président de l’Alliance citoyenne pour les reformes du secteur de sécurité (AC-RSS), le terrorisme est un fléau qui ne prospère que dans l’obscurantisme. Il donne dans ces lignes sa vision et invite à lutter contre l’obscurantisme afin de lutter efficacement contre le terrorisme.
Selon Ismaïla Lah, l’école telle qu’agencée dans notre société, permet à l’individu d’avoir une capacité de réflexion, d’avoir une capacité cognitive, d’avoir un bon sens poussé. Qui dit bon sens, dit réflexion, dit remise en cause et dit éventuellement contestation des idées qui ne paraissent pas logiques. En ce sens on va dire l’école constitue un obstacle pour les obscurantistes et cet obstacle est à neutraliser.
“C’est l’une des raisons, dans les zones occupées par les groupes terroristes, qui fait que l’école est interdite. Parce qu’ils se sentent en danger avec l’enseignement qui est donné dans les écoles. Ils trouvent que ces enseignements sont contraires à leur doctrine. Partant de ces menaces, ils n’ont d’autre intérêt que d’interdire l’enseignement ou l’ouverture des établissements dans les zones contrôlées”, estime M. Lah.
A l’en croire, la culture de l’obscurantisme constitue quelque part le fonds de commerce du terrorisme de façon générale. Pour contrôler quelqu’un, il faut le maintenir dans un état d’ignorance. Lorsque la vérité est sue, lorsqu’on connait les tenants et les aboutissants d’une chose, on est très mieux placé pour se faire une idée, peser le pour et le contre et prendre une position. Or quand on annihile toute possibilité de réflexion chez quelqu’un, il ne peut que suivre ce qu’on lui dit. L’obscurantisme, c’est le fonds de commerce du terrorisme, c’est de maintenir les populations des zones occupées dans une espèce d’obscurantisme, de négation et de tout ce qui est susceptible d’éveiller des consciences et d’amener la réflexion. De façon globale de tout ce qui est susceptible de poser des entraves à l’avancée de leur doctrine qui n’a rien à voir avec les préceptes religieux.
- Lah estime que l’obscurantisme véritablement, constitue un obstacle dans la lutte contre le terrorisme. En ce sens qu’une personne convaincue d’une doctrine obscurantiste à un niveau moindre ou à un niveau élevé, et difficile de fait de son ignorance de le faire sortir de son obscurantisme.
Il interpelle l’Etat. Pour lui, l’Etat doit faire un travail de contact de proximité avec la population, chose pas facile dans les zones de contrôle. Mais sans ce contact avec la population pour leur comprendre que la violence n’a jamais été une solution. Dans n’importe quelle religion monothéiste et qu’avec la violence, l’on ne peut rien résoudre. Pour faire ce travail, les religieux sont les mieux placés. Il faut un débat doctrinaire sur la question et c’est à l’Etat d’initier ces débats. C’est l’Etat de réunir les Ulémas et de prendre des préceptes religieux et d’en tirer la quintessence et arguments contre arguments que l’on démonte les positions défendues par les obscurantistes.
Pour lutter efficacement contre le terrorisme, le président de l’ACR-RSS invite sur une dimension holistique de la sécurité qui impose selon lui qu’on ne soit plus dans le tout militaire, dans le sécuritaire. “Que l’aspect militaire ne prenne pas le dessus sur les autres considérations. Cette dimension implique une dimension économique dans toutes les activités et d’installation de riposte. La création d’emploi, les services sociaux de base et le développement”, conseille-t-il.
A partir de là, on pourra lutter contre l’obscurantisme dit-il. “A la base, c’est l’extrême misère. Et il faut poser le débat sur la question doctrine. Qu’on déconstruise la doctrine obscurantiste argument contre argument. Avec les outils de communication dont nous disposons aujourd’hui, le combat contre l’obscurantisme peut être gagné”, confie le juriste, président de l’AC-RSS.
Soumaila Lah