Sortir de toutes les confusions pour libérer le Nord-Mali (2) Le rêve fédéral des nostalgiques

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Rappel : Sous nos yeux, le regard médusé, la malice s’installe encore sournoise pour s’ajouter à une confusion  installée autour de la situation du Nord Mali. Cette situation de crise « instrumentalisée » par les affidés du MNLA devient de plus en plus inquiétante …et, nous sommes toujours dans une impasse profonde qui nous enfonce dans le labyrinthe de la rébellion et du narcotrafic. Au fait, tout se passe comme si chacun a une vérité prééminente, et à chacun sa solution.
Il urge de sortir rapidement de toutes ces confusions : i) les négociations chantées par des gens lovelaces ; ii) l’utopie d’élections sans le Nord Mali (iii) et le rêve fédéral des nostalgiques (objet de cet article ; les deux premiers points ayant été traités la semaine dernière).

 3ème confusion à contourner : le rêve fédéral des nostalgiques
    Entre paradoxe et dilemme
Au paradoxe des négociations ou des élections sans le Nord Mali, s’est ajouté celui d’un rêve fédéral au moment même où l’Etat malien risque de s’effondrer. Et visiblement, les affidés du MNLA sont à l’œuvre en affirmant que le Mali serait sans leader, le dialogue primerait sur l’action militaire, et le fédéralisme serait imposé comme la seule solution !!! Alors, le fédéralisme est devenu un leitmotiv pour les affidés du MNLA, l’unique voie risquée d’une sortie du tourbillon de ses frasques et violences.
Quel sort sulfureux pour le MNLA qui pleure son propre deuil après avoir proclamé de façon spectaculaire un « Azawad indépendant » dans un élan destructeur ?
A l’entame de cette deuxième décennie du 21ème siècle,  le rêve africain aurait été plutôt de bâtir un vaste Soudan ouest africain regroupant le Bénin, le Burkina, la Gambie, la Guinée, le Mali, le Niger, le Sénégal dans une Afrique fédérale à défaut d’une Afrique unie.
Au lieu de cela, on en vient à déstructurer davantage un pays laminé par le partage colonial, déchiqueté en sa partie septentrionale malmenée sous la Transition CTSP en 1991-92, puis sous les 2ème et 3ème républiques. Quelles seront les responsabilités et la posture que l’Histoire retiendra de la nouvelle Transition malienne de 2012/2013 ?
Cette Transition semble prendre la posture qui ferait du MNLA, une force supplétive des troupes devant combattre les terroristes. Cette manœuvre dilatoire participe de la stratégie devant faire avaliser le rêve fédéral du MNLA. Ce serait une erreur regrettable. Et ceux qui prendront le risque d’entériner cette décision, en répondront en son temps.
Dans cette veine, il faudrait analyser cette posture du MNLA et de ses affidés à l’aune de la pédagogie du stoïcisme qui nous enseigne à travers le dialogue sénéquéen que « la plupart des hommes au moment de s’embarquer ne songent pas à la tempête. »
Alors, le MNLA et ses affidés autant que le gouvernement de transition devraient, chacun à son niveau, savoir à quoi s’en tenir. Et pour faire référence au fédéralisme, il est important de définir les modes actuels d’organisation et de gouvernance, à travers le processus de décentralisation. Depuis Juin 1999, la décentralisation est effective au Mali avec la mise en place des Conseils communaux. Par ce mode d’organisation, l’Etat malien décida d’accorder une autonomie aux Collectivités. Ainsi, la décentralisation organise le transfert des compétences propres aux Collectivités territoriales, le transfert des attributions de l’Etat à celles-ci pour disposer d’un pouvoir juridique et d’une autonomie financière. Aujourd’hui à travers ses 703 communes,  l’Etat du Mali n’a pas fini d’opérer les différents transferts de domaines ainsi que des ressources et moyens requis.
Néanmoins, cette réforme constitue une réponse majeure à une des dispositions du pacte national, signé le 11 avril 1992. Vingt-ans après, vient en sourdine une nouvelle revendication portant sur le fédéralisme : un mode d’organisation dans laquelle chacun des membres devrait disposer d’une large autonomie. Quel en est l’esprit du côté des rebelles ? Nous n’en savons pas grand-chose !

Cette attitude nous inspire une réflexion qui se situe dans l’esprit de cette pensée de Sénèque (je cite, extrait « De la tranquillité de l’âme ») :
« Mais rien ne sert de s’être débarrassé des causes de tristesse personnelle : quelquefois en effet, c’est le dégoût du genre humain qui nous envahit à l’idée de tous ces crimes qui réussissent à leurs auteurs. Quand on songe à quel point la droiture est rare et l’intégrité bien cachée ; quand on se dit que la loyauté ne se rencontre guère que lorsqu’elle est intéressée, que la débauche recueille des profits aussi détestables que ses pertes, que l’ambition politique, incapable de rester dans ses limites, va jusqu’à trouver son éclat dans la honte, alors l’âme s’enfonce dans la nuit ; et devant les ruines des vertus qu’il est aussi impossible d’espérer qu’inutile de posséder, on se sent envahir par les ténèbres. »
L’environnement contextuel du rêve MNLA (séparatiste)
Ce qui s’est passé au Nord a plongé le Mali dans les ténèbres. Les populations du Nord- Mali n’attendaient pas de certains élus et particulièrement du niveau local, qu’ils puissent s’associer à des bandits armés pour envahir leurs localités, et trahir l’armée et la nation entière avec la complicité troublante des milices de « Gamou et d’Ould Meïdou ».
Par cette agression terroriste, le MNLA et ses associés viennent de pratiquer une ignoble discrimination par rapport au Nord-Mali, alors même que : i) Le Pacte national accordait aux Collectivités territoriales, une autonomie susceptible d’être améliorée ; ii) L’accord d’Alger a démilitarisé le Nord Mali à la seule demande de l’Alliance du 23 mai 2006 – ce qui permit d’infester le Nord Mali de narcotrafiquants sur une vaste étendue  – zone transit de la drogue, transformée en une prison à ciel ouvert recevant les otages occidentaux.
Ceci prouve que l’Etat malien avait cessé de constituer la norme et la référence parce que ceux investis de son autorité ont démontré qu’ils sont loin d’être des responsables à la fois avisés, bien formés tant au plan psychique, moral qu’intellectuel. Et le fonctionnement de la république s’est détraqué depuis belle lurette, de même que la capacité de planification de notre pays s’est incroyablement érodée. Par ce biais du laisser-aller, bien de cellules « sans qualification avérée, sans moralité » ont fait prospérer leurs affaires dans l’espace public.
Par ces comportements absurdes, les maliens ont fabriqué des tyrans et des égocentriques pour lesquels tout se ramène à leur seule personne, à leur seule famille, à leurs seuls intérêts. C’est ainsi qu’en collision d’intérêt, le narcotrafic s’est étendu aux royaumes de la resquille, de la cupidité et de la honte dans « un semblant d’Etat » dramatique.
Ce fut « ce semblant d’Etat » qui avait ouvert ses centres de décision à des « gens sans mœurs et sans foi, ni loi ». Ainsi, ces gens ont pu imposer au citoyen lambda, la plupart de leurs volontés funestes. Cependant, il leur reste celle du « fédéralisme » pour lequel un schéma était en construction. Aujourd’hui, ces gens-là, voudraient qu’il y ait toujours « moins d’Etat » pour assouvir leur dernière fureur à l’effet de disposer d’un territoire dont l’importance géostratégique serait indiscutable.
Voilà pourquoi le MNLA a perdu la raison en ce sens qu’on ne décrète pas un Etat par les seules armes, même avec le soutien des forces obscures de l’Occident et avec la duplicité des traîtres à la cause malienne. Pris dans ses propres contradictions, le MNLA a vu s’interrompre son « rêve fédéral ». Depuis, il se bat pour que son projet soit encore d’actualité  dans l’ombre d’un un Etat déstructuré. Et, il n’en a cure.
En vérité, le Mali a cessé d’avoir les caractéristiques d’un Etat au socle de défense suffisamment solide depuis janvier 1980, lorsque grossirent les mouvements de contestation et d’opposition au régime de l’époque. Aujourd’hui moins qu’hier, le pouvoir central lui-même ne dispose plus d’une large autonomie à fortiori de pouvoir en déléguer à un autre niveau, à une partie rebelle. C’est dans un tel contexte qu’ont pu être signés des accords dont les visées dramatiques se situent visiblement à l’antipode de la paix et de la sécurité.
 Une des étapes de la construction du « rêve séparatiste » du MNLA
En invitant des jihadistes dans nos cités, le MNLA a contribué à la déstructuration du Nord Mali dans le but de « proclamer unilatéralement son soi-disant Azawad, indépendant» et créer la surenchère pour négocier le fédéralisme. Mais, comment cette large autonomie servirait-il lorsqu’on ne dispose pas d’un territoire tout seul ?
A cette phase, tout le monde aura découvert le vrai visage de ces rebelles à travers la quête effrénée de l’autonomie en 1991, la volonté d’un contrôle pacifique et progressif  d’une partie du territoire de 2003 à 2005, la recrudescence de l’insécurité de 2006 à 2010, et la surenchère graduelle de 2011 à  2012.
Ce tableau dessine clairement les traits d’une tendance destructrice. A cette étape, il s’agit pour le MNLA de disposer d’une large autonomie – pour faire prospérer le narcotrafic, renforcer les réseaux de la grande criminalité. Puis, entre 2012 – 2020, ce serait le temps de s’essayer aux rouages de l’Etat dans un gouvernement fédéral renforcé. Entre-temps, il ferait venir dans ce nouvel espace tous les déshérités et terroristes pour construire une nouvelle majorité démographique… La construction d’un Etat fédéral constitue clairement une des marches de la phase de maturation du projet séparatiste.
Alors, il est temps de révéler à la face du monde, le plan macabre du MNLA. Ces insurgés du MNLA sont seuls responsables du vent de désolation qui souffle actuellement sur ces régions occupées, soumises à une  tragédie indescriptible. Le MNLA et ses associés ont cassé les infrastructures d’éducation, de santé, de justice, de sécurité…en plus des biens privés cruellement volés. Ce qui indique clairement que leur visée est autre que le développement. Il semblerait qu’ils auront rêvé d’un fédéralisme immonde et un plan serait mis en oeuvre.
Or, le fédéralisme se fonde sur le principe du partage des pouvoirs. Comment vouliez-vous qu’un plan aux desseins tyranniques puisse promettre une saison radieuse ?
Le fédéralisme est défini comme étant un mode d’organisation. A ce titre, c’est un choix à opérer et non à imposer. Nul ne pourra nous en imposer !!!Ça ne se passera plus comme par le passé, car nous avions perdu, pas seulement l’orgueil du diadème, mais tout droit de tolérer les louvoiements, les fourberies et la trahison de ces êtres cupides qui sont à la base d’un ressentiment naissant (depuis le 1er avril 2012) en raison d’un désavantage terrible du côté de l’Etat malien. C’est pour cette raison qu’il est impossible d’ouvrir des négociations en se fiant à ces bandits armés du MNLA qui ont malmené, dans tous les sens, la dignité d’autrui parce qu’ils manquent simplement d’éducation…
La suite dans notre prochaine parution
Bamako, le 26 septembre 2012

 M. Abdoulaye Idrissa MAÏGA
 Ingénieur, Analyste de Projets
 Citoyen de la Cité des Askia
 Daoudabougou – Bamako

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