Sortie de crise au Mali : Le prix des élections

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Je me suis levé ce matin indigné à la lecture du contenu de “l’accord préliminaire aux élections et aux pourparlers inclusifs de paix au Mali”. J’ai honte de voir mon pays ainsi diminué, car il s’agit ni plus ni moins d’une déchirure programmée du Mali.

Madani Tall
Madani Tall

Chaque fois que le Mali se rend à Ouagadougou, c’est comme prendre le chemin de Canossa. Il lui est aujourd’hui imposé un accord dans lequel les groupes rebelles sont mis à pied d’égalité avec l’armée malienne (Art. 7) ; dans lequel la haute trahison est légitimé (art. 17) ; dans lequel un statut particulier est tacitement donné à Kidal et les droits des “populations du Nord du Mali” sont représentés par le MNLA au détriment des Songhaï, Peuls, Arabes et Bellas qui y sont majoritaires (Art. 20) ; dans lequel la majorité Kel Tamasheq restée républicaine est démoralisée au vue de cette prime à la rébellion.

Dans cet accord où il est déjà question du partage des richesses du Mali, le droit et la justice ont fait place aux arrangements. Tout est accordé au MNLA et tout est exigé de l’Etat malien. Les seules doléances faites au MNLA sont d’accepter des élections sous tutelle de la Minusma et de s’abstenir d’actes terroristes comme s’il s’agissait de faveurs et non d’évidences républicaines.

12 000 soldats étrangers créeront une Ligne Maginot  à Gao consacrant une frontière virtuelle au cœur du Mali, nous accordant une souveraineté virtuelle, sur une intégrité territoriale virtuelle, car celles-ci ne sauraient avoir de valeur que lorsque la force publique s’exerce sur l’ensemble de la nation.

Tout est accepté pourvu qu’il y ait un semblant d’élections transparentes alors que la majorité des Maliens n’aura pas reçu de carte d’électeur. Alors que l’on hypothèque notre avenir immédiat. La République est soumise au groupuscule qui l’a meurtri. Et il est interdit à l’armée malienne aux portes de Kidal d’y pénétrer. Quelqu’un aurait dit le Mali outragé !

Ce Mali fait aujourd’hui l’impression d’Esau qui vendit son droit d’aînesse pour assouvir sa faim. Le réveil sera brutal, car sans Kidal, nous ne sommes plus le Mali. La diversité qui fait la richesse de notre nation en est également le ciment. Nous allons vers la destruction de ce fragile équilibre pour payer le prix d’une paix illusoire et d’une mascarade électorale.

Sans doute avons-nous mérité cette déchéance par notre faiblesse collective à préserver les fondamentaux garantissant notre démocratie et la justice sociale.

Sans doute ai-je tort, mais je vois en cet accord une injustice à l’égard du peuple malien. Mais ceux qui signent aujourd’hui doivent savoir au regard de l’histoire des nations que les peuples ne se soumettent pas longtemps aux diktats. Et quel que soit le temps que cela prendra, nous réparerons les injustices qui nous sont faites.
Madani Amadou Tall
Chevalier de l’Ordre national
Président de l’ADM

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