Le 26 mars est une réaction légitime contre les incuries du régime d’alors. Des incuries qui ont aussi poussé à la victoire les bandes rebelles et jihadistes contre une Armée nationale abandonnée. La motion de censure contre le Gouvernement qui avait reçu le blanc – seing de l’Assemblée Nationale était certes, condamnable, mais non injustifiée. Le Peuple l’avait saluée, la classe politique et les syndicats l’avaient combattue.
A présent, nous sommes dans l’incapacité de changer le cours d’une gouvernance désastreuse de la Crise au Nord du pays mais aussi des affaires de la Nation toute entière : corruption, gabegie, surfacturation, etc.
Etait – ce une Révolution comme nous aimons le dire ? Une Révolution paysanne et anti – féodale ? Pas vraiment ! Car, l’après 26 mars a cette singularité que les travailleurs, les ouvriers, dans les villages, sur la terre léguée par les ancêtres, ont plutôt été expropriés. Etait- ce une Révolution ouvrière et prolétarienne ? Difficile d’y croire, car, au lieu de la récupération et de la transformation des unités industrielles en propriétés du peuple, responsabilisant les ouvriers pour la réalisation des performances afin d’enrager le marasme social avec le chômage et le sous – emploi, la détresse économique avec un trésor exsangue on a vu le renforcement de la liquidation des acquis du peuple, les compressions de personnel, la volatilisation de l’ingénierie nationale, programmées, appliquée et utilisée comme main d’œuvre salariée par des repreneurs ayant qualité de Chef d’Etat, Ministres, Directeurs Nationaux et Opérateurs économiques.
C’est là le début de l’asservissement national, plus ou moins légalisé par une collusion politico – financière à travers des élections aux allures de foires des voix, trufées de fraudes. Etait – ce donc une Révolution bourgeoise ? Tout porte à le croire.
Surtout quand l’exacerbation des inégalités, la recrudescence des possibilités de ” milliardisation ” d’hommes et de femmes, pouilleux à la veille du 26 mars, et ne pouvant justifier aucun héritage à l’origine de leurs prodigieuses conditions, ont crée une véritable classe sociale, minoritaire, face à une multitude de gens ayant accès difficilement à l’eau potable, aux trois repas quotidiens, à la santé, à l’éducation, au logis, à l’emploi,…
Ainsi, ce qui était un atout, la démocratie pluraliste pour impulser le développement, pour doter le pays de dirigeants sérieux, s’est révélé un fiasco qui a augmenté les obstacles au développement, à cause de ce que nous appelons la mauvaise préhension du pouvoir.
La manifestation la plus nocive est la démilitarisation de l’Armée qui a rompu avec le réarmement, avec les exercices et simulations d’épreuves guerrières, avec une pondération déconcertante des recrutements, du este non ouverts à tous les enfants de la patrie. C’est ainsi que quand la ville de Ménaka fut attaquée, occupée après la fuite des Gendarmes non armés, le Mali n’a jamais connu plus de 2 à 3 ans d’accalmie, de paix, de construction, face à l’ampleur des saccages des édifices, des pylônes de communication, des destructions de ponts,..
La démocratie ne se limitant pas à la tenue même régulière des élections, de nombreuses lacunes la traversent de toutes parts au Mali. En effet, les comportements qui font d’un homme un démocrate véritable, ne caractérisent pas les parcours des dirigeants d’une 3ème République qui a fini par être entre les mains des moins Maliens des fils et filles de la Nation.
Comment peut – on être responsable politique, gouvernemental, administratif d’un pays dont on ignore l’histoire, les Us et coutumes, la dynamique mystique qui hante l’esprit et l’âme de ses concitoyens dans la vision de leur pays ?
Si une multinationalité apparait comme un atout au plan individuel, personnel, il n’est pas évident qu’elle en soit ainsi au plan de la gestion du pouvoir, ou plus exactement des intérêts contradictoires d’une Nation à une autre.
Le Mali, notre pays, est aujourd’hui aux mains des binationaux dont les parents ou eux – mêmes ont abandonné le peuple à ses malheurs politiques, économiques pour aller faire fortune là où règnent l’abondance, la vie ostentatoire.
Ils pressent le pays, en extraient le suc à coups de milliards à travers des attributions de marchés, de nominations indulgentes à des postes juteux.
Le combat du peuple, triomphant sans qu’ils aient jamais contribué à quelque phase de la lutte pendant les années noires de la dictature et du marasme économique qui en était le corollaire, a été détourné, et la victoire récupérée par des ” tout – venants ” qui s’enrichissent outrancièrement, qui gaspillent, censurent de vrais patriotes.
Au bout de cette extraordinaire usurpation qui falsifie l’histoire, il y a hélas le recul inexorable du pays d’autant plus que l’Armée se trouve aujourd’hui dans un état proche de la paralysie, les forces vices (les syndicats dénonciateurs) atonnisées, le peuple coincé dans une apathie qui tranche avec la bravoure, l’opiniâtreté qui l’a caractérise pendant les durs évènements de mars 1991, obscurcissant l’horizon. Où est le peuple pour imprimer au pays des rectifications qui assureront la solidarité de son existence ?
Peut – on faire encore confiance aux partis politiques qui n’ont de différences que des personnalités à leurs fêtes ? Indubitablement, la vie âpre, au fil des ans, a dissipé les illusions de prospérité des populations déçues et lasses d’entendre des discours creux, des jurons, des serments, des incantations qui ne feront pas son avenir. Les conflits inter – personnels, inter – communautaires, inter – partis, la déconfiture sociale, économique, morale, le règne de a médiocrité, le tarissement humiliant du génie national même au niveau du football, se sont exacerbés pour tisser une couronne d’épures de banalités sur le fronton de la République du Mali. Quels changements, par qui, pour quoi faire, dans la défense de l’existence même de la Nation ?
Hadja Mama T. – Enseignante à la retraite