Lorsqu’il déclare sans ambages : « Il y a une pléthore de fêtes religieuses au Sénégal. » Et, quand il appelle aussi si justement à une réglementation de ces cérémonies qui selon lui, ruinent l’économie du pays, en ces termes : ” Il y a beaucoup d’événements religieux au Sénégal. Chacun se permet d’organiser des Gamou, des manifestations pour son défunt père ou pour autre chose. Il faut que cela cesse. Les chefs religieux doivent se retrouver autour d’une table pour voir comment réglementer cette situation”, car : “Beaucoup de Sénégalais versent dans la ruse pour avoir de l’argent au lieu de travailler”,
En toute objectivité, le marabout Al Amine a touché du doigt un problème récurent, mais presque tabou, que personne, jusque-là en tout cas, n’avait osé aborder aussi frontalement et crument, comme il l’a si bien fait. Et pourtant, il n’a fait que dire une vérité évidente et toute simple, qui crève les yeux de tous les musulmans de notre pays. Il a certes fait son devoir de guide religieux, qui est celui d’orienter et de réorienter les pratiques en cas de dérives constatées ou de déviation du chemin tout tracé de la pratique orthodoxe de l’islam. Mais, il doit en être vivement remercié d’avoir eu le courage d’agir à temps, pour réitérer les principes sacro-saints de l’islam qui sont contre le gaspillage. Mais, s’en arrêter juste à le remercier tout court serait insuffisant, et l’on manquerait de saisir la quintessence de cette question majeure et épineuse. Et, l’on pourrait de ne pas appréhender aussi correctement, que cette question exige justement et maintenant, au-delà de son constat si pertinent, de lui trouver une solution adéquate et durable qui sied.
Le nombre effarant de manifestations religieuses, essentiellement musulmanes, qui entraine des dépenses énormes à chaque fois, et de surcroit toutes prises en charge par le contribuable, parce qu’assurées par le budget de l’Etat, devrait être revu notoirement à la baisse, de façon raisonnable et acceptable. C’est d’autant plus justifiable que, pour bon nombre d’entre elles, leur finalité n’est plutôt que du folklore, de la réjouissance, des louanges dithyrambiques, en lieu et place de la spiritualité, de la gloire à Allah (SWT) et à son Prophète Mohamed (PSL).
Par ailleurs, au-delà de la justesse de son évocation à point nommé, de sa pertinence par rapport à la réalité, c’est également un courage exemplaire d’une voix autorisée dans ce domaine précis, d’un connaisseur qui maîtrise, donc sait parfaitement, de quoi il s’agit et il parle. Il est sûr et certain, que si cette évocation pro venait de profanes, certains, particulièrement ceux qui font de ces manifestations, leur source de revenu, lucrative, donc, un vivier ou une raison de vivre, auraient taxé l’auteur de non musulman, d’ennemi de l’islam ou que sais-je ? Alors qu’il n’en est rien de tout cela. Il est fort heureux, que personne, parmi ces pratiquants, n’osera taxer de l’un quelconque de ces qualificatifs, à Al Amine !
En vérité, le marabout Al Amine, sans passer par quatre chemins, invite les musulmans et plus exactement les familles religieuses à une introspection sérieuse. Il nous invite à regarder la réalité en face, à gérer plus rationnellement, par regroupement peut être, les manifestations religieuses musulmanes les plus notoires. Une gestion par eux-mêmes d’abord faite sur fonds propres, à l’exemple du marabout Béthio Thioune. Mais de grâce, il faut faire de sorte, que ces manifestations ne soient organisées strictement pour magnifier la gloire d’Allah (SWT) et son Prophète Mohamed (PSL). Et le tout, rien que pour rehausser et faire connaître davantage l’islam intrinsèque, ses principes fondateurs essentiels les plus nobles, sans amalgame ni extrapolation vers des horizons étrangers à la religion proprement dite et ce qu’il incarne fondamentalement.
Ce qui précède, n’est le procès de personne, mais abonde dans le même sens, que celui indiqué par Al Amine. A savoir recentrer la manière de prêcher et de vulgariser l’islam, comme le faisait le Prophète (PSL), ainsi que ses disciples les plus proches et fidèles et nos illustres et vénérés guides disparus, en revenant à l’essentiel. C’est-à-dire, considérer cela comme une mission gratuité et non une marchandise qui s’échange contre de l’argent. Toutes ces pratiques sont du paganisme. Elles sont étrangères à l’islam pur et à toutes les religions d’ailleurs.
Il a été dit et redit maintes fois, et ceci reste encore valable de nos jours, que l’argent est un appât puissant et très attractif mis à la disposition de Satan. Et justement, c’est sur lui qu’il s’appuie pour apprivoiser et tenir prisonnier tous ceux qui sont avides de lui, ou ont pour lui un appétit insatiable, ou alors lui vouent un amour obsessionnel. Très souvent, dans de pareils cas, les adeptes chroniques de telles pratiques, mus par la recherche effrénée d’argent, synonyme de puissance temporelle immodérée. Dès lors, de tels gens divorcent avec tout ce qui est humanisme, social, spirituel et de Dieu finalement, car, ils le remplacent par leur dieu argent. Ainsi, même s’ils évoquent pompeusement des propos à la face du monde au cours de leurs manifestations, c’est de pure forme pour la galerie et pour se dédouaner des musulmans.
Le simple fait que ces manifestations, qui ne furent hier, selon une voix très autorisée comme celle de monsieur Khadim Mbacké, que 18 seulement, soient aujourd’hui passées à 1800, suffit amplement pour justifier qu’il y a bien de l’abus et évidemment de l’exagération dans les manifestations. Et la raison, n’est motivée par rien d’autre que l’argent, qui en découle à flot. Si hier, elles étaient modestement organisées par leurs initiateurs et circonscrites strictement pour faire connaitre davantage Dieu, notre créateur, son Prophète Mohamed (PSL) et ses disciplines, l’islam intrinsèque, sans rajout ni soustraction et les précurseurs de l’islam à travers le monde et chez nous, un islam sans fard ni folklore. Malheureusement, tel n’est plus le cas aujourd’hui dans notre pays, si toute démagogie est mise à part. C’est Vraiment dommage !
Et, c’est ce que Serigne Abdoul Aziz Sy Al Amine, qui n’est plus du tout un junior, mais effectivement un sénior, soulève comme une question majeure pertinente arrivée à maturité maintenant et dont il faut examiner froidement, sérieusement sans tarder, en rapport avec les principes et préceptes fondamentaux de l’islam, en lui ôtant tout caractère folklorique et toutes louanges hors cadre et inappropriées.
Faut-il rappeler que, tous ceux qui ont prêché pour l’implantation de l’islam depuis le Prophète (PSL) jusqu’à une époque récente avec nos illustres guides religieux, aujourd’hui disparus, cette mission se faisait comme un sacerdoce. Leur seule et unique satisfaction fut de convaincre le plus grand nombre possible de fidèles à embrasser la religion musulmane. A l’époque, la question de l’argent ne rentrait en jeu. Il arrivait parfois d’ailleurs, que ce sont eux-mêmes, qui se partageaient avec les pauvres, le peu de biens qu’ils détenaient. Alors qu’aujourd’hui, les « prêcheurs », appelés conférenciers, monnaient très cher leur talent, en jouant cartes sur table, sinon pas de conférence religieuse. Et pourtant, dans le domaine social, des gens donnent des conférences dans divers domaines économique, social, culturel, etc.…, sans réclamer un seul sou. Quant aux autres formes de manifestions, comme les Gamou, Magal, anniversaires et autres, leurs organisateurs comptent sur l’Etat ou plutôt lui imposent, avec des menaces voilées, pour les financer intégralement, tous frais compris. S’il vous plait, avec l’argent des contribuables à leur insu ! Une telle pratique est à tous égards illicites. Et l’argent qui y est injecté, l’est tout autant, parce que volé, dans la mesure où, c’est sans l’accord des contribuables. En tout état de cause, l’Etat n’a nullement l’obligation de prendre en charge tout cela. Tout au moins, il a le devoir d’assister les principales cérémonies des foyers religieux.
Il est devenu par conséquent, utile d’examiner ces manifestations sous l’angle religieux. En effet, nos illustres disparus, pour qui et au nom de qui, ces manifestations sont organisées sous un prétexte fallacieux, seraient-ils consentants d’utiliser de l’argent illicite pour célébrer leur naissance ou disparition ? C’est une question très sérieuse que les initiateurs actuels devraient réellement se poser. Car, ces derniers, de toute leur existence, ils avaient exclu, tout ce qui était illicite.
Par ailleurs, dans le cas précis des manifestations prises en charge par l’Etat, est-ce que leurs promoteurs se sont posé la question de savoir, si en lieu et place de ces manifestations, il n’était pas plus utile et indiqué pour les populations, de construire en leur faveur un poste de santé pour soigner des malades ; une école publique pour l’éducation des enfants du terroir ; une maternité pour sauver des mamans qui donnent la vie ; une piste de production bitumée, qui rapprocherait davantage les producteurs agricoles du centre, ce qui leur permettrait d’écouler rapidement sans risque, leurs produits périssables? Et tant d’autres choses à bien des égards plus utiles et facteurs de développement économique, social et culturel, pour soulager certaines populations de leurs difficultés de vie, auxquelles elles sont confrontées quotidiennement.
C’est une attitude patriotique conséquente, que de se poser des questionnements relatifs à la situation sociale et aux préoccupations des déshérités, qui peinent à se nourrir. Au lieu de ne satisfaire que ses intérêts égoïstes, par le biais de religion. Il est indécent et cupide de profiter ainsi de la religion par sa position privilégiée, pour exploiter la méconnaissance, l’ignorance, la naïveté et le fanatisme des fidèles, à des fins pécuniaires, ceux-là, qui ne posent jamais de question, lorsqu’il s’agit de religion. Par contre pour l’Etat, c’est la crainte d’être taxé pouvoir anti-islam ou d’être contre tel ou tel foyer religieux ou marabout. Le pouvoir ayant peur de voir la non-satisfaction des demandes se transformer demain en un sentiment défavorable contre lui, et impacter négativement, sur les prochaines consultations, devient fragile. C’est ainsi qu’il devient complètement à la merci d’un chantage, et n’ose plus refuser aucune demande, même fantaisiste et déraisonnable.
Parmi tous ceux qui amassent de l’argent par cette voie, nul d’entre eux, ne fait en retour, un seul geste en faveur des populations déshéritées en difficulté dans leur terroir. Au total donc, tous ceux qui s’adonnent à ces pratiques, ne prêchent que pour leur chapelle.
Il me semble dés lors évident, que pour de tels actes, c’est sûr, Dieu ne les rétribuera pas demain, car les intéressés ce sont déjà fait payer, en amassant illicitement de l’argent, à travers l’évocation du nom de Dieu, du Prophète (PSL)et de ses disciples, et comme du reste, nos illustres guides religieux disparus. Il est temps maintenant, comme l’a si bien dit Al Amine, que cela cesse et que ces gens-là se mettent au travail, pour gagner leur pain à la sueur de leur front.
Mandiaye Gaye
Mandiaye15@gmail.com
J’avais lu la déclaration de Abdoul Aziz Sy, j’ai vraiment apprécié. Maintenant avec votre réaction sur ce sujet bien détaillé, je suis encore plus convaincue de la vérité de ce digne descendant de Malick Sy. Que Dieu l’entende et lui donne santé et longue vie pour faire arrêter la “folkorisation” de la religion au Sénégal et dans le reste du monde musulman. Amin
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