« Rappelant la mission régalienne de l’Etat, d’assurer la sécurisation des personnes et des biens, le Chef de l’Etat demande au Ministre de l’Intérieur et de la Sécurité publique, au Ministre des Forces armées, de déployer, dans toutes les localités du Sénégal, les stratégies adéquates ainsi que les moyens de prévention et d’intervention nécessaires, afin de juguler la recrudescence de la délinquance. »
Avec ce communiqué du conseil des ministres d’hier 1/3/2017, on pourrait bien le penser, même si c’est tardif car la situation a dépassé depuis très longtemps les limites du tolérable. Mais il faut surtout souhaiter que ce ne soit pas comme d’habitude, un effet d’annonce d’un coup d’épée dans l’eau ou bien de simples annonces sans suite concrète.
Avec les attaques terroristes dans la dernière période en Afrique et partout dans le monde, il est temps que le président Macky Sall prenne conscience et se rende compte que les choses sont devenues très sérieuses. Certes, il a revu à la hausse le recrutement des véritables forces de sécurité nationales : Armée, Police, Gendarmerie, etc., mais malgré tout, c’est encore très insuffisant, car le mal est très profond et ces malfrats ne sont pas des enfants de cœur.
En effet, depuis les attentats de Paris, Bamako, Ouagadougou et Grand Bassam, certaines artères et autres places publiques de la capitale Dakar ont changé de décor, avec une présence inhabituelle, de forces de sécurité particulière et en sentinelle. Nous voyons actuellement, une présence significative, des forces de gendarmerie et de police pointées dans les endroits stratégiques de Dakar, armées jusqu’aux dents. Mais, parmi celles-ci, point d’ASP, pourquoi donc ? Est-ce enfin, la preuve irréfutable que ces agents n’ont de sécurité, que le nom. Par conséquent, leur place, c’est bien ailleurs que parmi les véritables forces de sécurité. Nous l’avons tous déjà maintes fois constaté. Oui, lorsqu’il s’agit réellement de menaces sérieuses, nécessairement ce sont les véritables forces de sécurité professionnelles qui interviennent, pour faire face.
Nous pensons que le temps est arrivé, Monsieur le Président de la République d’arrêter la comédie avec cette ASP en l’affectant à d’autres tâches plus conformes aux aptitudes de ses agents. La recrudescence, actuellement, des agressions et vols à main armée, est devenue une préoccupation majeure des populations sénégalaises. Voilà pourquoi elle nécessite l’intervention de vraies forces professionnelles en matière de sécurité. Le problème d’insécurité crève l’œil de tout résidant de la capitale Dakar, des régions frontalières et même de tout le pays. Et cependant, malgré le déploiement de cette fameuse ASP, la situation n’a guère changé, bien au contraire. Ses promoteurs nous avaient, pourtant, annoncé avec fracas qu’elle allait, dès sa mise en route, assurer aux populations une parfaite sécurité de proximité, même plus efficacement, que les forces de police et de gendarmerie nationales. En vérité, tout cela n’était que du bluff et de la publicité mensongère ! La voici, bien mise en orbite depuis plus de deux ans, mais il n’en a rien été. En tout cas, ce ne sont pas les nombreuses victimes de ces malfrats qui nous démentirons de l’inutilité des agents de l’ASP. Et le plus grave dans tout cela, c’est qu’il ne se passe plus actuellement, un seul jour, sans que l’on nous annonce à travers les médias, des cas d’agressions et de vols à main armée, d’assassinats, etc., perpétrés par des voyous encagoulés ou à visage découvert.
L’inquiétude maintenant des populations, c’est qu’elles se sentent abandonnées à elles-mêmes, face aux agressions des malfrats. De surcroît, ces agressions, qui se faisaient au cours de la nuit, se font à présent en plein jour. Ensuite, ces malfrats utilisent maintenant des moyens sophistiqués tels que les armes à feu, ainsi que des produits nocifs paralysants, pour neutraliser leurs innocentes victimes, dépourvues de défense. Oui, elles sont sans défense, parce qu’elles sont sevrées de protection adéquate des forces de sécurité publique de métier. Ce qui explique l’aggravation toute particulière de la situation, qui expose la vie des populations en danger.
Mais les forces de sécurité publique, formées et spécialisées contre le grand banditisme de ce genre, s’occupent présentement, de quoi et de qui, en réalité ? La question est de savoir, si l’Etat est au courant et bien conscient de la grave situation d’insécurité qui prévaut dans le pays ? Si oui, quelles sont les mesures et dispositions idoines qu’il a prises pour y faire face ? Dans tous les cas, ce serait inadmissible que l’Etat informé d’une telle situation d’insécurité aussi grave, avec toutes les conséquences qu’elle engendre au sein des populations, ne réagisse toujours pas. Mais, quoi qu’il en soit, pour l’instant en tout cas, ce que l’on constate parfaitement sur le terrain, parce qu’incontestablement établi, au vu et au su de nous tous, c’est que nous ne voyons déployer nulle part dans le pays, assez de forces de sécurité régulières, légales et assermentées, en vue de contrer efficacement et énergiquement les malfrats qui sèment l’insécurité en toute liberté, parmi les populations civiles. Et pourtant, il n’y a rien de plus urgent et utile que cette tâche de sécurisation publique, hautement républicaine.
A l’évidence, le gouvernement n’a pas daigné écouter les avertissements, pourtant fort pertinents, qui lui étaient envoyés en temps opportun, pour le dissuader de commettre éventuellement cette grave et coûteuse erreur, consistant à la création de cette ASP, par des citoyens bien au fait des questions de sécurité publique. Comme beaucoup d’autres agences qui l’ont précédée, l’inopportunité de la création de celle-ci, aux visées inavouées, s’est révélée plus qu’évidente aujourd’hui. Ainsi, malgré donc, toutes les alertes récurrentes sur le caractère informel de cette Agence à la mission douteuse et le manque criard de professionnalisme de ses agents recrutés à la pelle, pour le maintien de l’ordre et la sécurité de proximité, le président de la République n’a pas voulu en tenir compte. Il a apporté par-dessus tout cela son appui total et même plus que de raison, en persistant malheureusement, à maintenir vaille que vaille, contre vents et marées, cette fameuse ASP qui, pourtant, congénitalement, est handicapée pour toutes les raisons évoquées plus haut. D’ailleurs, certains d’entre eux ont, même, été pris en flagrant délit de vol et d’autres délits. Et, comme nous le craignions fort bien, effectivement, le résultat sur le terrain n’a pas tardé à montrer les limites objectives de l’ASP. Pour l’instant en tout cas et jusqu’à plus amplement informé, l’action de l’ASP n’est nullement ressentie par les populations, elles qui sont victimes et durement confrontées aux agressions récurrentes des bandits.
C’est quand même dommage et regrettable, que l’Etat ne soit pas très attentif à tous ces signes précurseurs, et mieux, instruit par l’expérience des agences précédentes telles que l’ANEJ, l’ANPJ, l’ANAMA, etc., qui n’avaient strictement servi qu’à dilapider l’argent des contribuables. Mais, puisque le président de la République refuse de tirer les leçons des autres agences précédentes, qu’il ne soit pas surpris demain, d’un retour de bâton, de ces dix mille (10000) agents sous payés, de les voir formuler des revendications pour des salaires justes et réglementaires, et après de demander leur intégration dans la Fonction publique ? « teré mu të, bàyyil mu jis ». Le président Macky Sall risque fort d’être rattrapé par le syndrome du corps des volontaires, contractuels et vacataires de l’éducation, ainsi que de ces Agences nationales qui ont été supprimées. Alors, le président Macky Sall, faute de n’avoir pas tenu compte des leçons de l’expérience, risque fort bien, dans un proche avenir, de se rendre à l’évidence, de ses erreurs et engagements intenables.
Et voilà que de plus belle, la violence et l’insécurité se répandent au fur et à mesure dans tout le pays. A Dakar, aucun quartier n’est plus épargné des descentes et attaques inopinées de ces malfrats ; que ce soit sur la VDN, aux Almadies, partout dans Dakar et sa banlieue, les populations se plaignent des agressions, des kidnappings, des viols, des vols à main armée, etc. Il en est de même dans toutes les régions où les vols de bétails et les assassinats font légion maintenant. En effet, cette insécurité se ressent aussi dans la circulation routière et maritime à cause de l’anarchie et le désordre qui y règne. Voilà qui est assez suffisant, pour que le gouvernement prenne à bras-le-corps cet épineux problème, qui est l’une des préoccupations majeures, parmi tant d’autres, des populations sénégalaises toutes conditions sociales confondues.
La sagesse et le bon sens recommanderaient dans la présente situation au président de la République, de mettre fin dans les plus brefs délais à cette agence inopportune. Et en lieu et place de renforcer davantage les forces de police et de gendarmerie en ressources financières, humaines et matérielles, suffisantes et sophistiquées. Ces forces de sécurité professionnelles et spécialisées, mises dans les meilleures conditions possibles, bien formées et équipées, dotées de tout le nécessaire avec une présence permanente sur le terrain, nuit et jour, dissuaderaient à coup sûr les bandits les plus coriaces. Et même mieux, elles les obligeraient à ne plus se balader là où ils risqueraient de rencontrer les forces publiques de sécurité bien armées. Ainsi, il est devenu nécessaire et urgent de renverser la tendance qui prévaut actuellement, c’est-à-dire faire de sorte que les forces publiques installent l’insécurité et la peur de façon permanente dans le camp des malfrats, en les traquant sans répit pour assurer la quiétude des populations, partout où elles se trouvent.
Nous soulignons avec persistance une fois de plus encore, la nécessité urgente pour l’Afrique comme le Sénégal de former qualitativement des forces de défense, de sécurité, de l’ordre public, précisément de la Police nationale, la Gendarmerie nationale, de l’Armée nationale et des Forces spécialisées qui les complèteront afin de pouvoir faire face valablement en cas de nécessité sécuritaire. Voilà pourquoi, cette fameuse ASP est une erreur monumentale, une perte d’argent et un gâchis d’une jeunesse qui aurait pu mieux servir efficacement son pays ailleurs, que dans le maintien de la sécurité. Mais, il n’est pas cependant trop tard, pour dissoudre courageusement cette agence inefficace, comme les autres, et de procéder à la formation professionnelle de ces jeunes, afin de pouvoir les reverser dans d’autres corps de métier, pour éviter ainsi de les jeter dans la rue et d’augmenter davantage le chômage.
Il faut préciser avec force, que la sécurité, étant une question très sérieuse, n’a pas de prix, par conséquent, cela vaut parfaitement la peine que les effectifs respectifs de l’Armée, de la gendarmerie, de la police et les brigades de recherche et de renseignement, soient augmenté, avec un cahier des charges qui leur assignerait des tâches pratiques précises, autres que celles bureaucratiques, comme c’est le cas présentement. Mais ceci, après les avoir dotés de tous les moyens adéquats suffisants et nécessaires.
Auparavant, il faudra nécessairement assainir ces forces de sécurité, en bannissant de leur sein, les brebis galeuses adeptes de la corruption active et passive. Ce qui entache négativement leur mission de tous ordres. Elles serviront ainsi d’ailleurs, comme forces d’appui pour aider l’OFNAC dans sa mission de lutter contre tous les méfaits qu’il a en charge. Il est vraiment grand temps pour le Sénégal, d’aller urgemment dans ce sens-là. Et, à cet effet, la réforme des institutions dont l’urgence ne fait plus l’ombre d’un doute pour personne, devra intégrer tous ces aspects soulignés plus haut, pour assainir absolument et une bonne fois pour toutes, les mœurs négatives et autres tares de notre société. Comme dit l’adage « Il n’est jamais trop tard pour bien faire ».
Enfin, Il faut rappeler aussi avec force à l’Etat et à son premier magistrat, que la sécurité publique des populations et leurs biens, c’est une obligation qui lui incombe et non, un simple privilège que ce dernier leur accorde. C’est que certains semblent penser, c’est absolument non ! La protection ou la sécurisation, des populations civiles et leurs biens, est un droit inaliénable des populations et un devoir régalien, qui relève absolument de l’Etat et de nulle autre autorité. Et, ne pas l’assurer et l’assumer convenablement, est à tout point de vue, un manquement grave de l’Etat de n’avoir pas accompli, l’une de ses charges et obligations les plus importantes de son ressort. Un tel manquement est une erreur grave, qui coûte généralement cher, au pouvoir en place, défaillant.
Monsieur le Président de la République, retournez les prérogatives légitimes relatives à la sécurité publique, à qui de droit, avant qu’il ne soit trop tard, à savoir aux forces de police, de gendarmerie, des armées, des forces spéciales, etc. Il s’agit naturellement, pour que celles-ci, en retrouvant légitiment leur place dans la République puissent jouer pleinement leur rôle, assumer leurs prérogatives et assurer enfin durablement, la quiétude publique des populations sénégalaises, qui, en ce moment est sérieusement menacée et mise à mal.
Mandiaye Gaye
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